Jocelyn Gourvennec, sur son banc, comme Benjamin André, le brassard au bras, ont le Stade Rennais chevillé au corps depuis toujours. Olivier Létang et Sylvain Armand, sans doute moins. Toujours est-il que ces quatre « ex » ont hier joué un bien mauvais tour aux « Rouge et Noir », en venant rompre l’invincibilité locale avec froideur et sans grâce. Pas un braquage, non mais un casse sans perte, ni fracas oui.
On l’oublie, en raison d’un classement très décevant mais le LOSC est champion en titre avec 80 % de son équipe qui brilla tant l’an passé. Le départ de Galtier a certes cassé la dynamique mais le talent reste et peut s’exprimer, sur un éclair. Jamais dominateurs dans le jeu mais jamais non plus totalement muselés, les Dogues ont mordu à deux reprises pour faire vaciller le nouveau dauphin du PSG qui n’aura pas gardé longtemps sa très belle seconde place. Privé de Flavien Tait, blessé et choisissant de laisser Lovro Majer et Birger Meling sur le banc, Bruno Genesio démarre la partie privé de trois pièces maîtresses. Si l’intensité et l’envie d’aller de l’avant sont là sur le premier quart d’heure, Rennes ne concrétise pas, à l ‘image du centre de Terrier passant devant le but sans trouver preneur. Rapidement, Kamaldeen Sulemana est muselé sur son côté tandis que le duo Laborde-Terrier se fait dévorer par la paire Fonte-Botman, déjà exceptionnelle la saison passée au même endroit. En contre-attaque, Lille réussit à frapper deux fois, par Xeka (31′) et Renato Sanches (40’), suffisant pour mettre les locaux un genou à terre au repos.
En seconde période, Bruno Genesio va tenter plusieurs coups de poker pour inverser la tendance. D’abord en entrant Lovro Majer à la pause à la place de Martin Terrier, puis en intégrant plus tard Jérémy Doku, Serhou Guirassy et Birger Meling, puis Lorenz Assignon. C’est mieux en seconde période, les transitions étant un peu plus soutenues par la qualité du pied de Lovro Majer mais Rennes ne parvient pas à solliciter Grbic. Très solide sur ses appuis, Lille se contente de gérer mais après une première alerte et un loupé de Serhou Guirassy, concède la réduction du score. Débordement en puissance de Jérémy Doku, centre en retrait contré pour Benjamin Bourigeaud qui redonne l’espoir aux Bretons. La fin de partie sera un siège, stérile, du but lillois, achevé dans la confusion avec un coup de sifflet final donné sur un corner en faveur de Rennes, non tiré, quand bien même les Lillois jouèrent la montre depuis la 50ème minute ! Un temps additionnel bien court en conséquence, un pénalty oublié sur Lovro Majer ou encore les cartons distribués à Jonas Martin (jaune) et Bruno Genesio (Rouge), la prestation de Stéphanie Frappart donnera à débattre… Les Lillois pourront aussi contester un tirage de maillot limite de Birger Meling sur Weah, en contre-attaque, dans la surface…
Pour autant, la belle série rennaise prend fin non à cause de l’arbitrage, mais par la faute à un match que les « Rouge et Noir » ne furent jamais en mesure de dominer pleinement. Aucune panique pour autant ! L’équipe s’est battue, n’a rien lâché et reste lancée à l’abordage du podium avec appétit, nous offrant une période juste superbe. A Saint-Etienne, gravement malade, les Rennais auront l’occasion de relancer un nouveau cycle vertueux de victoires, avant de recevoir Nice pour un autre choc, dans dix jours. Preuve du superbe automne breton, le match à Tottenham, jeudi prochain, sur la scène européenne, ne revêt d’aucun enjeu et passera au second plan. Rien qu’en cela, malgré la défaite d’hier, chapeau messieurs !