Hand – CRMHB : Rudolf Faluvégi : « Je savais que l’histoire avec Cesson n’était pas terminée »

Contre Limoges, à la 22’, tu inscris le but du 14-9 pour le CRMHB, quelques secondes après ton entrée. Qu’as-tu ressenti à cet instant précis ?
Sur le moment, je n’ai pensé à rien, je n’ai pas eu le temps ! J’ai juste senti toute l’affection de mes coéquipiers, qui ont foncé vers moi pour me féliciter et partager avec moi. Ce match, jusqu’au bout, je ne savais même pas si je pourrais le jouer…

A cause de ta blessure ?
Non, le timing ! La veille, j’étais en Allemagne pour les derniers examens de validation de ma reprise et je suis rentré à une heure du matin ! Toute la journée, ça a été une course contre la montre, je suis presque arrivé en courant à la Glaz Arena pour être bien présent ! Je n’ai pas eu le temps de faire le match dans la tête avant de le jouer. C’était peut-être le mieux pour jouer sans me poser de questions !

Alors que le staff ou les dirigeants parlaient de ton retour en janvier 2022, te voici déjà opérationnel…
Sincèrement, ce n’est pas une surprise. On a travaillé avec beaucoup de sérieux, sans brûler les étapes mais en donnant un maximum à chaque entraînement. J’ai vécu une réhabilitation de rêve ! On allait de plus en plus loin relativement tôt, sans surcharger les doses de travail. Bien sûr, je ne suis pas encore tout à fait prêt mais ma saison est démarrée, je suis dans le groupe, sur le terrain et je vais monter crescendo. On avance par étapes et Thibault Minel m’accompagne parfaitement. Il sait quand je dois me reposer et quand il faut forcer et j’ai pleine confiance lui tout comme envers les kinés ou le médecin. Je leur suis très reconnaissant. Le goût du travail semble être inné pour les joueurs issus des pays de l’Est, quel que soit le sport concerné.

Y’a-t-il une approche culturellement différentes avec les pays plus latins ?
L’approche n’est pas la même et oui, cela est souvent propre à la culture d’un pays. Pour moi, le travail est un chemin. J’ai toujours été, partout où je suis passé, celui ou l’un de ceux qui bossaient le plus. J’ai toujours vu l’investissement personnel comme une porte de sortie, la solution pour toujours progresser et avancer. Mais le revers de la médaille, c’est qu’à 23 ans, je devais déjà me faire opérer de l’épaule car mon corps souffrait. En Hongrie, nous allons peut-être trop fort, trop vite et trop loin. Ce que j’admire ici, c’est qu’ils savent doser et choisir les bons moments pour bosser. Au début, avec Thibault, je n’avais pas de courbatures après les courses, les entraînements puis petit à petit, oui (rires). Dans l’esprit de la préparation française, il maîtrise l’équilibre et sait ne pas abuser du corps, ne pas aller trop loin. C’est impressionnant. Aujourd’hui, j’essaie de l’écouter, de me reposer quand il le faut et d’avoir confiance en mon corps. Avec l’âge, j’ai gagné en sérénité.

Le Rudolf d’aujourd’hui à Cesson est-il différent de celui venu en joker médical fin 2018 ?
Plus apaisé et plus mature, c’est sûr. Aujourd’hui, tout est en place pour mon équilibre, que ce soit en famille ou sur le terrain. On a une superbe équipe, avec des mecs vraiment bien, j’ai retrouvé les terrains, je me sens en forme et je suis heureux d’être revenu ici. Le club m’a tendu la main en période de Covid et je n’ai pas hésité une seconde. Avec la descente et surtout le sentiment de ne pas avoir pu donner il y a trois ans ce que les gens attendaient de moi, j’avais un goût d’inachevé, de très grosse frustration et tristesse. Quelque part, je savais que l’histoire avec Cesson n’était pas terminée et c’est une joie de la reprendre ainsi. Le club a encore grandi, est remarquablement organisé pour nous les joueurs mais je suis aussi très heureux de retrouver tout le monde, des joueurs aux bénévoles. Je n’ai oublié personne. A l’époque, il y avait trois salariés dans les bureaux. Qui serais-je si je me permettais d’oublier ceux qui m’ont aidé ou tendu la main, même s’ils ne sont plus au club ? Cesson, c’est vraiment à part dans mon cœur.

D’autant plus que l’équipe réalise l’un de ses meilleurs débuts de saison !
Cela ne m’étonne pas ! Le groupe est pétri de qualités, il y a beaucoup de talent et humainement, c’est une équipe formidable. Sur le terrain, cela prend vraiment bien et les résultats récompensent tout le boulot effectué dans la semaine avec le staff, le préparateur, les médecins et kiné. C’est tout un club, dont évidemment nos supporters, qui est aujourd’hui récompensé avec ces bons moments partagés. Ce n’est que le début mais on ne se fixe pas de limites. Rester dans la première partie de tableau serait génial mais on va déjà s’attacher à assurer le maintien le plus vite possible. Sur le plan personnel, je veux apporter l’équipe, gagner en temps de jeu, peu importe où je joue, je donnerai tout !

Tu as ainsi le cadre idéal pour aller vers le chemin de la grande forme !
J’avais besoin de retrouver cela. Pendant ma convalescence, je ne me suis jamais senti seul ou isolé, au contraire. C’est dur d’être en tribune, de ne pas être sur le terrain mais les gars m’ont toujours inclus dans tout. Il y avait à chaque entraînement une tape dans le dos, un câlin ou un mot d’un collègue pour me demander comment j’allais, où j’en étais, ça dès qu’on se croisait quand j’étais sur mes séances spécifiques. Certains sont démonstratifs, d’autres moins mais rien qu’un « ça va ? » faisait du bien, car je le savais sincère et non juste histoire de demander, sans s’intéresser à la réponse. Je fonctionne à l’affect et ici, je suis servi. Sylvain Hochet me parle beaucoup, m’encourage, comme tous les copains. J’ai aussi une grosse pensée pour Coco (Corentin Lorvellec, ndlr), qui vient de vivre ce que j’ai connu cette année et dont je me suis beaucoup rapproché. J’essaie de le rassurer, lui parler, l’accompagner dans ces moments compliqués et je sens de la reconnaissance de sa part. Ce groupe est plein de sincérité et de partage et ces qualités-là seront une arme de plus dans les mois à venir !