Basket – URB : Saïd Ben Driss : « J’ai trouvé ici des amis pour la vie »

Le couperet est tombé, brutalement, laissant d’abord le joueur très touché puis, avec les jours passant, plus déçu de la manière que du choix subi. Saïd Ben Driss, après douze saisons passées à l’Union Rennes Basket, n’est pas conservé dans l’effectif. Joueur emblématique du projet URB, il a accepté de se confier avec le recul nécessaire, confirmant par la même occasion son désir de prolonger encore le plaisir…

Pour la première fois depuis douze ans, tu ne seras pas présent à la rentrée à Colette Besson. Comment vis-tu cette situation devenue inédite ?
Je prépare mes vacances, avec ma femme et les enfants, j’ai eu le temps d’avancer un peu et de digérer. Nous allons partir trois semaines. Néanmoins, je vais travailler physiquement, continuer de m’entretenir pour être prêt si un nouveau défi se présente. Nous travaillons ensemble sur le sujet avec un conseiller mais le contexte n’est pas simple et la plupart des clubs ont déjà bouclé leurs effectifs. Il n’y a pas foule d’opportunités et je ne veux pas partir n’importe où, pour partir. Hors de France, c’est non. Maintenant, je vois bien qu’il faudra peut-être aller au-delà du grand ouest mais ce sera tout seul. Je ne veux pas déménager mes proches, qui ont leurs habitudes, leur vie ici. Si cela se présente, nous trouverons les solutions pour se voir le plus souvent mais c’est ainsi. Le cadre est fixé, maintenant, reste à trouver l’opportunité…

Et si celle-ci ne venait pas…Est-ce un scénario que tu as imaginé ?
Cela fait partie des possibilités oui, et ce sera ainsi. Forcément, ce serait quelque chose de difficile car tout sportif redoute le moment où tout s’arrête, c’est un plongeon dans l’inconnue. Quand on fait que du basket pendant près de 20 ans, que c’est son métier, on sait qu’il faudra repartir à zéro sur autre chose. J’ai bien des idées, un projet de reconversion sur les rails mais pour le moment, j’aspire encore à jouer. Je n’ai plus 20 ans, certes, mais je pense pouvoir encore apporter dans le cadre d’un projet ambitieux, bien construit, que ce soit en N1 ou en N2. Je suis à l’écoute.

Comment as-tu appris la décision du club de ne pas te conserver ?
Cela fait maintenant un petit mois que l’on me l’a annoncé, la saison était terminée. C’est Pascal Thibaud, notre coach et directeur technique, qui a fait ce choix et me l’a expliqué. L’argument avancé est celui d’un nouveau projet mis en place pour la saison prochaine dans lequel je n’entre plus. Il recherchait un joueur au profil plus dynamique, plus athlétique. Je comprends ce choix et je le respecte totalement. C’est la manière qui m’a le plus dérangé, notamment sur le timing et l’honnêteté. J’aurais aimé qu’il m’en avise plus tôt dans la saison, quand son projet de jeu avait déjà changé et que je jouais beaucoup moins. J’aurais peut-être eu un peu plus de temps pour me retourner, préparer la suite et j’aurais sans doute vécu différemment mes derniers matchs. Avec le temps que j’ai passé ici et tout ce que j’ai donné au club, j’espérais une autre manière mais j’ai peut-être aussi été un peu naïf.

T’y attendais-tu et en veux-tu au coach ou au club ?
J’avais envisagé cette issue, oui car ces dernières saisons, le cas de figure s’était déjà présenté mais je pensais pouvoir terminer ma carrière à Rennes, jouer encore une année ou deux ici pour essayer d’apporter au maximum aux jeunes joueurs et partager mon vécu, l’histoire du club tout en donnant le maximum sur le terrain à chaque fois que l’on ferait appel à moi. Je sais que je revenais des croisés, il y a deux ans, mais nous avons bossé dur avec le staff médical et j’ai prouvé que j’avais encore ma place sur le terrain depuis. Mais pas dans ce projet, et je le répète, je comprends et respecte ce choix-là. Une nouvelle fois, je pense que les choses auraient dû être anticipées. S’il y avait des doutes sur mon niveau ou mon profil, j’aurais aimé qu’ils soient partagés…Mon regret est là, même si j’imaginebien que la décision n’a pas dû être simple à prendre. Après, c’est au directeur technique de décider avec qui il veut travailler.

Désormais que tu n’es plus rennais, portes-tu malgré la fin un regard positif et affectif sur le club ?
Bien sûr. Il y a avant tout la grande fierté d’avoir réussi, cette saison, à maintenir le club pour la première fois de son histoire en N1. Nous étions déjà montés deux fois à ce niveau mais redescendus aussitôt. Ce n’est pas rien et tout le monde a œuvré pour au final, réussir un superbe championnat. Ensuite, au-delà de cette saison, Rennes, c’est désormais ma maison. J’étais venu pour me remettre sur pied après une grosse blessure, le club était alors en N3 et je suis finalement resté douze ans. C’est une belle et longue histoire. Les dirigeants, les supporters, les joueurs, tout le monde a toujours été au top avec moi, j’ai vécu tellement de bons moments. J’ai trouvé ici des amis pour la vie, bien au-delà des parquets et je n’oublie pas non plus que mes enfants sont nés ici. Il est dommage que nous n’ayons pas pu nous dire au-revoir avec cette décision tardive. J’ai grandi avec ce club et j’espère l’avoir également aidé à grandir. Ce bémol sur la conclusion de l’histoire n’enlève en rien tout le positif que m’a donné l’URB.

Peut-on t’imaginer revenir à Colette Besson dans les prochains mois, saluer les copains, le public, peut-être donner le coup d’envoi ?
Non, je ne demande pas du tout cela et pour être franc, je ne serai pas à l’aise avec ça au vu du contexte de mon départ… Pour ce qui est de revenir à Colette Besson voir jouer l’équipe en revanche… Il y a trois semaines, si tu m’avais posé la question, je t’aurais répondu non, clairement… Ma famille a été touchée de cette décision, qu’elle n’imaginait pas et n’avait pas anticipée.Mais le temps passe, le recul fait son travail et aujourd’hui, je pense que je reviendrai voir les copains, l’équipe, serrer des mains en tribunes, tranquillement et discrètement. Je ne veux désormais retenir que le positif, la vie continue et je souhaite vraiment le meilleur au club et aux copains. Place, désormais, à une autre histoire.