Ce lundi matin, en visio-conférence, Nicolas Holveck, président du Stade Rennais, répondait aux médias depuis Monaco, où il continue de lutter contre sa maladie diagnostiquée en mars dernier. Coupe d’Europe, mercato, coachs et avenir, le président n’a éludé aucun thème.
Président, le Stade Rennais achève la saison à la sixième place. Etes vous satisfait de ce classement final ?
J’estime que l’objectif initial annoncé en début de saison, est atteint. On souhaitait être européen et on l’a réussi lors de cette ultime journée alors que nous n’avions plus été à cette place depuis un long moment. Quand nous perdons ce match à Marseille, que le tir de Martin Terrier s’écrase sur la barre et que l’on perd un quart d’heure plus tard, peu de personne je pense que peu de monde nous imaginait alors européen. C’est peut-être le tournant de la saison et si ce ballon était rentré, nous serions peut-être encore un tout petit peu plus haut… Je tiens à féliciter Bruno, qui a su donner un souffle nouveau à cette équipe et l’emmener au bout. J’ai aussi une pensée pour Julien (Stéphan) qui a évidemment participé à ce résultat final, avec les points qui étaient acquis au moment de son départ.
Cette sixième place sauve-t-elle votre saison ?
Le terme « sauver » est un peu dur car nous avons toujours été dans la première partie de tableau. C’est une saison faite de hauts extrêmement haut et de bas extrêmement bas. Nous avons découvert la ligue des Champions et j’avoue que la jouer dans ce contexte avec un calendrier hyper serré a fait très mal mais pour autant, nous sommes de nouveau qualifiés pour une coupe d’Europe après cette saison si particulière. J’entends d’ailleurs ici et là que ce serait une compétition au rabais mais ce n’est pas du tout le cas. De grandes équipes la disputeront et pour y accéder, il nous faudra gagner en août un premier barrage. Dans l’attractivité du club pour la saison à venir, être européen change tout de même les choses.
Cette dernière journée contre Nîmes, avec plusieurs adieux, semblait marquer la fin d’un cycle…
Non, nous allons disputer notre quatrième saison européenne d’affilée, ça veut dire beaucoup et surtout, que ce cycle-là se poursuit. Et puis, il n’y a que quatre départs actés à ce jour, ceux de Damien Da Silva et Clément Grenier, en fin de contrat, à qui je souhaite le meilleur pour la suite et que je remercie pour ce qu’ils ont chacun apporté, et ceux de Jordan Siébatcheu (Young Boys Berne) et Lilian Brassier (Brest), prêtés jusque-là et définitivement achetés par leurs nouveaux clubs. Nous allons nous asseoir dès aujourd’hui avec Florian Maurice et Bruno Genesio pour faire un point complet sur l’effectif.
Quel bilan faites-vous du mercato de l’été dernier ?
Sur les cinq joueurs que nous avons recruté, j’estime que nous avons fait les bons choix. Ces garçons seront le socle de l’équipe de la saison prochaine. Serhou Guirassy, avec deux mois éloigné des terrains pour blessure, a marqué plus de dix buts, Martin Terrier termine avec 9 buts et 7 passes décisives, Jérémy Doku est aujourd’hui suivi par les plus grands clubs et sera à l’Euro avec la Belgique. Pour le secteur offensif, c’est plutôt très positif. En défense, nous terminons avec la troisième défense du championnat et Nayef Aguerd n’y est pas pour rien, tout comme Alfred Gomis, qui est arrivé dans des conditions difficiles et qui a su gagner plusieurs points décisifs, à l’image de son arrêt décisif ce dimanche soir en début de match. Concernant nos deux prêtés, Rugani et Dalbert, il y a quelques regrets mais l’état d’esprit a été irréprochable.
Souhaitez-vous conserver Steven N’Zonzi et pouvez-vous encore retenir Eduardo Camavinga ou Jérémy Doku ?
A ce jour, il faut savoir que nous n’avons reçu aucune offre, d’aucun club. Il faut bien se le dire, le prochain mercato sera très, très difficile pour tout le football européen et au-delà. Il y a eu 6 à 7 milliards de perte et aucune économie ne peut passer cela sans ombrage… Concernant Steven, nous allons discuter avec lui. Il est notre régulateur, a disputé la majorité des matchs et nous aimerions le garder mais il faudra aussi savoir ce que lui souhaite faire. Jérémy Doku sera lui, bien là l’an prochain. S’il y a une offre à 100 M€ ? On réfléchira peut-être mais aujourd’hui, il est là et bien là. Pour Eduardo, enfin, nous connaissons la situation et là aussi, nous allons discuter avec le joueur et son agent. Si nous pouvons conserver Eduardo une saison de plus, nous ne nous en priverons pas. L’objectif sera également de réduire l’effectif. Un point va être fait pour clarifier la situation de chacun.
Vous aviez annoncé il y a quelques mois des pertes à hauteur de 40 M€. Quel budget présenterez-vous la saison prochaine ?
Il y avait des bonus aussi intéressants sur certains autres joueurs donc on va finir avec des pertes un peu moindres mais celles-ci restent colossales. Néanmoins, nous avons un actionnaire fort qui peut passer ce cap et qui est ambitieux pour la saison prochaine. Comme l’a dit Florian, on va conserver ce socle de l’équipe, et le renforcer avec prioritairement ce défenseur central pour remplacer Damien (Da Silva). On y travaille activement et ce sera la priorité de ce début de mercato. On cherche un joueur de très bon niveau pour ce poste.
Quels auront été les moments forts de cette saison à titre personnel ?
Si je dois en ressortir trois, je dirais d’abord notre premier match de poule en Ligue des Champions contre Krasnodar. Il y avait du public, de l’ambiance, un gros match, qui nous a peut-être un peu grisé… Il y eut ensuite le stage à Marbella. Nous étions au fond du trou et là-bas, nous avons réussi à nous remettre à l’endroit et à mettre en place le socle nous ayant mené à cette sixième place. Enfin, en troisième, je dirais l’après-match de Nice, avec dans le week-end, la démission de Julien (Stéphan, ndlr). Je me souviens du moment où il me fait part de sa décision. Ce fut difficile mais on ne peut pas retenir quelqu’un contre sa volonté. Il a connu deux premières années exceptionnelles où tout lui réussissait, s’identifiait à son club et s’adressait chaque problème rencontré, à tort. Il pensait que sa décision de démissionner serait la meilleure pour le club et a été d’une honnêteté incroyable. Je retiens aussi que dès le dimanche, j’ai pu enclencher les discussions puis le recrutement de Bruno Genesio, avec qui nous avons discuté en compagnie de Florian et de l’actionnaire. Tout s’est fait très vite et j’ai pu finaliser tout cela avant le mardi, où j’ai été admis à l’hôpital avec la suite que l’on sait mais que je ne connaissais pas à l’époque…
Y’aura-t-il des modifications au sein du staff cet été ?
Le staff alors en place donne pleine satisfaction, aux dirigeants comme au coach. Ils seront tous là la saison prochaine et bossent déjà pour poursuivre ce qui a été démarré. Bruno est vraiment un super coach, proche de ses joueurs, du staff mais aussi de l’ensemble des employés du club, avec une grande disponibilité. Il s’est superbement intégré et c’est une très belle personne humainement. C’est un recrutement exceptionnel pour notre club et je le félicite encore de nous avoir mené à cette qualification européenne. Nous avons déjà hâte de retrouver tout ce petit monde pour la saison prochaine, il faudra travailler vite et bien, avec un barrage qui sera vite là. Le retour du public, si les conditions le permettent, sera aussi un grand moment. Notre public sera LA recrue de la saison prochaine, qui nous a tant manqué cette saison. Je reste convaincu qu’avec nos fans, nous aurions sans doute pris des points supplémentaires à la maison. Avec la ferveur qui l’entourait, le Stade Rennais a été l’un des clubs les plus impactés par cette saison de huis-clos. Cela ne fait aucun doute et nous avons hâte de retrouver un Roazhon Park bouillant la saison prochaine.
Cette sixième