En quête d’une accession historique dans l’élite du tennis de table français, les Thoréfoléens ne cachent plus leurs ambitions. Gervais Rolland, responsable sportif du TFTT, nous donne son regard éclairé sur le début de saison, l’adaptation des recrues, mais aussi la difficile gestion de la crise sanitaire.
Le TFTT est actuellement dans le bon wagon pour la montée, avec la quatrième place en Pro B. Comment jugez-vous la première partie de saison ?
Sur la première phase, les trois quarts ont été satisfaisants, puisqu’on a réussi à se classer premiers ex-æquo. Puis il y a eu, fin décembre, ces deux matches perdus contre Miramas et Amiens. Ils ont été décevants aussi bien sur le résultat que dans la manière, car notre leader Noshad Alamiyan était aux abonnés absents. Avec 3 points de retard sur le premier et 2 points sur le deuxième, nous n’avons aujourd’hui plus le droit à l’erreur.
L’exigence envers Noshad, votre leader, est grandissante au fil des semaines ?
Oui, c’est le pilier de l’équipe, il a autour de lui deux jeunes joueurs (Léo de Nodrest et Jules Rolland, ndlr), avec Damien Provost censé être remplaçant sur le papier. Les rôles étaient bien définis de cette façon en début de saison. Nous avons toutefois eu la malchance d’avoir en permanence un joueur blessé, sans jamais pouvoir jouer avec tout le monde. Ce n’est pas une excuse, car Damien a su suppléer les autres joueurs de belle manière. Mais avec un effectif au complet et un Noshad au niveau qu’il avait l’an dernier, nous aurions certainement plus de points à l’heure qu’il est.
« Il n’y a rien de pire que de s’entraîner et de ne pas pouvoir jouer les matchs»
Sur les dix rencontres disputées, quelle est celle dont vous êtes le plus satisfait ?
Le match contre Chartres, où le résultat est flatteur. Nous gagnons 3-0, alors qu’ils sont pour moi les favoris pour la montée. C’est notre prestation la plus aboutie. Il y a aussi eu quelques matches intéressants, où on a su l’emporter dans la difficulté, comme contre Metz. Une victoire 3-2, en étant malmenés, Jules ne jouait pas bien ce jour-là, mais ils se sont quand même arrachés au double. L’équipe a quand même su se mobiliser pour gagner dans la douleur. Ces deux victoires sont diamétralement opposées, mais elles sont très importantes.
Comme tous les sports, le tennis de table subit les effets de la crise sanitaire. Comment vivez-vous cette situation depuis le début de saison ?
C’est une remise en cause permanente. Avec les cas de Covid-19, les cas contacts, nous avons été obligés d’aménager le calendrier. Le huis-clos nous pénalise particulièrement, parce que nous avions l’affluence la plus importante en Pro B. Un socle fidèle nous assurait à chaque match, il y avait ce plaisir d’avoir un minimum de public. On est aussi pénalisés financièrement, car on ne peut pas organiser de buvettes par exemple. C’est vraiment très difficile à gérer.
Et les joueurs, quel est leur ressenti ?
Ils ont au moins la chance de pouvoir jouer. Il n’y a rien de pire que de s’entraîner et de ne pas avoir la récompense avec les matches à disputer. Néanmoins, il reste une certaine frustration. La plupart devraient jouer des compétitions internationales, et tout est stoppé. Ils s’entraînent depuis un an sans avoir aucune visibilité, sans savoir quand ça va reprendre. Ils peuvent toujours jouer en championnat, mais leur enlever ces compétitions internationales, c’est les empêcher d’avancer à titre individuel.
« Les partenariats privés, une réelle inquiétude »
Quel regard portez-vous sur les nouveaux, Léo de Nodrest et Damien Provost ?
A la mi-saison, je suis conforté dans l’idée qu’on ne s’est pas trompés. Léo a un jeu particulier, très puissant, qui fait peur à ses adversaires. Il est capable de battre n’importe qui, comme il a pu le montrer sur les deux matches qu’il a joués. On l’avait recruté dans cette optique et il a confirmé. Hélas, il souffre toujours de problèmes physiques (adducteurs, pubalgie). On espère qu’il sera rétabli d’ici la reprise à la fin mars. Concernant Damien, il est venu à l’origine pour suppléer un des trois joueurs titulaires, en cas de blessure ou de méforme. Il avait accepté d’être remplaçant, un rôle assez ingrat. Il s’avère qu’il a finalement joué tous les matches, en répondant plus que présent, avec un bon ratio victoires/défaites. Si on prend la victoire contre Chartres, il a réussi à battre Ishiy qui était un des meilleurs performeurs l’an dernier. A ce stade de la compétition, nous sommes très satisfaits de Léo et Damien.
Votre objectif est aussi de miser sur la jeunesse…
C’est dans l’ADN du club. On est actuellement en Pro B car on a eu cette chance d’avoir une belle génération 1999-2000, avec Jules (Rolland), Rémi (Menand) et d’autres garçons. Petit à petit, le club a progressé avec eux. En temps normal, on a du monde à venir voir les matches, parce que les gens connaissent les joueurs et s’identifient au projet. Il y a cet aspect bien sûr, mais aussi le motif financier, qui ne nous laisse pas vraiment le choix. Notre budget est principalement financé par des partenariats privés. La partie publique est nettement inférieure, surtout par rapport à d’autres clubs comme Chartres ou Amiens. Pour ces raisons, on ne peut pas avoir des joueurs plus expérimentés, qui coûteraient plus cher.
À ce propos, qu’en est-il des relations avec vos partenaires en cette période compliquée ?
Un certain nombre de sponsors n’ont pas pu donner suite pour des raisons économiques. On a perdu à peu près 25 % de nos partenariats. On devait aussi organiser deux grosses compétitions nationales et le marché de Noël. Le club-house est lui terminé depuis presque un an. Il est agencé, prêt à accueillir les gens, mais pour l’instant, on ne peut rien faire. S’ajoute à cela le nombre de licenciés qui a baissé cette année. Même si on a reçu des aides du conseil départemental, il va falloir qu’on trouve des solutions pour finir la saison. Et j’ai bien peur que le partenariat privé soit encore plus touché l’année prochaine. C’est une réelle inquiétude pour le club.
Le haut de tableau en Pro B est très serré. Qu’est-ce qui fera la différence pour aller accrocher la première place en fin de saison ?
Si on est épargnés par les blessures, je pense que notre effectif pourra jouer les trouble-fêtes. Aujourd’hui, on n’a plus rien à perdre, la pression est sur les autres. Nous sommes dans la position du chasseur, et dans certains moments il vaut mieux être le chasseur que le chassé. Je reste donc optimiste, même s’il est clair qu’on a déjà grillé des jokers.