Ne comptez pas sur eux pour se jalouser ou se nuire l’un à l’autre, vous perdez votre temps. Travailleurs acharnés sur le terrain, modèles de professionnalisme et bons camarades, Rok Zaponsek et Joze Baznik, arrivés cet été au CRMHB, font l’unanimité sur et hors parquet, avec des performances au rendez-vous. Un pari pour le moment pleinement réussi par le club breton sur un poste clé !
Collée à l’Italie, tout au nord de l’ex-Yougoslavie, la Slovénie a offert de nombreux demi-centres talentueux et tient avec Celje l’un des clubs référents d’Europe de l’Est. Ce pays verdoyant, de plus en plus visité par de nombreux touristes venus de toute l’Europe, détient aussi une école de gardiens de buts de tout premier plan, très prisée : « Historiquement, les portiers slovènes ont toujours été très talentueux et doués. Ce poste est très développé et la formation très performante. Ils ont un style bien à eux, forts sur les tirs d’ailiers, avec une grosse technicité générale du poste » précise David Christmann, directeur général du CRMHB.
Tour à tour en lumière
Rok Zaponsek, 28 ans et Jozé Baznik, 27 ans, arrivés cet été en Bretagne forment ainsi une paire complémentaire et très efficace, en vue en Lidl Starligue à tour de rôle depuis le début de la saison. Déjà installé en France depuis trois ans, passés à Aix puis six mois à Nîmes, Jozé Baznik, qui parle français, est arrivée après son aîné et a cartonné dès ses premières entrées : « Je connaissais Jozé, nous discutions depuis un an et je n’ai pas été surpris de ses très bonnes performances. Malgré sa taille, relativement modeste pour un gardien de but (1,86 m), il est très explosif, possède un gros mental et jouit d’une bonne relation avec sa défense mais aussi d’une réelle capacité d’improvisation. Il a fortement contribué aux quatre points pris. Dans son gabarit et son style, il me fait penser à Yann Genty ». D’entrée, le numéro 1 cessonnais est au taquet, avec deux premières sorties à la Glaz Arena très convaincantes (12 et 11 arrêts contre Saint-Raphaël et Tremblay). Spectaculaire, toujours prompt à haranguer la foule, quand celle-ci était encore autorisée, Jozé est enfin à la lumière et le mérite. Sur le banc, Rok Zaponsek ronge alors quelque peu son frein, traîne un certain spleen… Arrivé avec un statut d’international glané en 2018 lors d’un championnat d’Europe, celui-ci est, de par ses caractéristiques physiques et techniques, dans les critères du très haut niveau mais peine à faire sa place. Ses prestations, lorsqu’il entre, ne sont pas convaincantes et rapidement, le voici mis dans l’ombre des excellentes prestations de son compatriote, avec qui il évolua il y a quelques années à Velenje : « J’ai eu une discussion avec son agent afin d’expliquer que nous n’étions pas satisfait des performances de Rok. Lui aussi, n’était pas bien car il jouait peu et savait que cela était dû à ses performances. Il est exigent, accepte mal de ne pas réussir à performer. Ne pas avoir été appelé en sélection en octobre l’a également touché ». Cela a-t-il provoqué la réaction sur le terrain constatée à Montpellier ? Possible…
Contre les Héraultais, celui qui s’échauffe avec une souplesse épatante, multipliant les grands écarts, rentre en seconde période. C’est ce moment-là qu’il choisit pour lancer sa saison en multipliant les arrêts de grande classe jusqu’à écœurer les joueurs de Patrice Canayer. Jusque-là, sur ses 4 entrées en jeu sur six matchs, il n’avait offert que 10 arrêts… Face au MHB, il en empile 12 en 30 minutes à 54 % de réussite et permet à son équipe de ramener le nul. La semaine suivante, contre Aix, il est de nouveau au rendez-vous avec cette fois-ci, 16 arrêts ! La machine est lancée et à son tour, Jozé Baznik reste sur le côté. Face à Nantes, le Rok ne se fissure pas, avec dix arrêts en une mi-temps. Entré en jeu après la pause, son compatriote passe au travers dans une seconde période cauchemar (1 seul arrêt). Face à Créteil enfin, les quinze arrêts du numéro 32 permettent, en partie, à Cesson de remporter son premier succès de l’histoire à la Glaz Arena en Lidl Starligue. « Avoir ces deux-là derrière nous, c’est tout bonus pour bien défendre », confie Romaric Guillo « Dans ma carrière, j’ai croisé pas mal de gardiens étiquetés « Est ». Je peux vous dire avec Rok et Jozé, nous avons eu la main heureuse, avec deux supers gardiens ! Avec eux, nous pouvons nous concentrer sur notre boulot, avec en plus, une excellente relation dans les consignes et les tactiques. Du bonheur ! » Avant le match disputé à Istres, les deux Slovènes affichaient tous les deux un taux d’arrêt respectivement à 30 % pour Rok Zaponsek et 32 % pour Jozé Baznik. Des performances très encourageantes mais surtout, une complémentarité faite pour satisfaire le staff cessonnais, ainsi que David Christmann : « Ces dernières saisons, c’est vrai, ce ne fut pas toujours simple sur le poste de gardien. Là, nous sentons que nous tenons deux éléments qui s’entendent bien, aiment travailler ensemble. Quand l’un tend une bouteille d’eau à l’autre, ça ne parait rien mais ça veut dire quelque chose. Ce sont de très gros bosseurs, très méticuleux, qui ne laissent rien au hasard. C’est une superbe paire, qui trouve ses marques avec notre défense. Qu’ils soient bons ? Je ne suis pas surpris, pour moi, c’est juste normal, c’est ce pour quoi ils sont professionnels. J’attends de la constance, que cela dure sur la saison. Je sais qu’ils bossent dur et sérieusement chaque jour pour cela, je n’ai pas trop d’inquiétudes sur leur investissement. ».
Souvent les premiers arrivés à l’entraînement en semaine et régulièrement les derniers partis, les deux compères n’hésitent pas à faire du « rab », comme nous le confiait Michel Lebreton, directeur administratif du club : « Je me souviens, avant la reprise du championnat, ils m’ont demandé s’ils pouvaient venir un samedi matin, et s’ils pouvaient utiliser des balles de tennis pour s’entraîner. J’ai dit ok mais à condition de bien tout ranger après… Evidemment, tout était nickel après leur passage ! ». Vantés pour leurs performances mais aussi, un professionnalisme haut de gamme et un très bon état d’esprit, les deux garçons se retrouvent néanmoins face à un défi XXL pour 2021 : confirmer et aider Cesson à valider son retour dans l’élite par un maintien serein, sans sueurs froides. Quand on bloque une balle de tennis lancée à bout portant, le défi est parfaitement accessible !