Dans une soirée où l’apéritif avait un goût sinistre et funeste pour le sport de haut niveau et amateur en France, avec un nouveau confinement annoncé, le Stade Rennais ne nous a pas vraiment remonté le moral même si personne ne pouvait exiger du Stade Rennais qu’il aille s’imposer tranquillement à Sanchez Pizjuan. Balayons d’entrée de jeu un élément capital : Rennes n’avait ni Steven N’Zonzi, ni Eduardo Camavinga pour ratisser le milieu de terrain et stabiliser l’équilibre de l’équipe et n’arrivait évidemment (trop de « spécialistes » ont omis ce GROS détail) pas à forces égales avec son adversaire du soir. Cela compte évidemment, surtout si l’on ajoute la sortie prématurée de Daniele Rugani en début de partie puis celle de Benjamin Bourigeaud après le repos, sans oublier l’absence de longue durée de Faitout Maouassa. Vous avez dit cadences infernales ?
Diminués quantitativement et qualitativement, les Rennais n’ont pu alors opposer que le cœur, insuffisant, au talent d’un FC Séville qui aujourd’hui, de par sa qualité de mouvement, de jeu et d’automatismes, sait être propre techniquement, juste et confiant, le tout à haute intensité. Sans avoir de stars mondiales, hormis Rakitic, Séville a mis en place un puzzle qui aurait sans doute autant mis à mal beaucoup d’autres équipes. En cela, rendons grâce à Julen Lopetegui, auteur d’un travail exceptionnel et à Monchi, recruteur miracle du club.
Une fois le constat de la supériorité sévillane fait, ainsi que celui d’un effectif trop juste, Jonas Martin et Clément Grenier n’ayant que quelques minutes de jeu chacun cette saison, on peut néanmoins reprocher au Stade Rennais d’avoir trop facilement accepté la supériorité de son adversaire. Dès le début du match, les Bretons furent acculés dans leurs 20 mètres et auraient pu couler sans un Alfred Gomis au niveau de la compétition. Les longs ballons systématiquement balancés vers un Guirassy seul au monde, un Doku talentueux mais trop brouillon pour le moment sur le plan collectif, l’absence de liaison milieu-attaque et d’idées pour déstabiliser les locaux sont à la charge des Rennais. Oui, ceux-ci apprennent, dans la plus belle des compétitions face à un adversaire qui aurait sa place en quarts de finale tous les jours mais cela ne l’empêche pas de le regarder droit des yeux, d’aller le bousculer et lui indiquer que rien ne sera facile pour lui.
Si les joueurs ont mis beaucoup d’investissement et de coeur, dixit le coach, il fallait aussi mettre les jambes avec une intensité supérieure en possession du ballon et une qualité dans les transmissions supérieure. Le ballons semblait bruler les pieds de joueurs pourtant tous plutôt bons techniquement chaque samedi en Ligue 1. Est-ce là que le bât blesse ? L’intensité, moindre dans notre bon vieux championnat, s’avère-t-elle si différente une fois sur la scène européenne? Le delta entre les deux compétitions est-il si incommensurable ?
Si l’on peut s’estimer heureux de ne pas avoir vu Rennes rentrer à la maison avec un 3 ou 4-0, ce revers doit offrir quelques enseignements mais surtout, des axes de travail à un groupe dont le talent existe mais qui ne doit pas se satisfaire de découvrir la compétition reine. Les complexes n’ont pas leur place sur le terrain et nos « Rouge et Noir » n’ont rien volé et méritent d’être là. A eux, à Chelsea, d’apporter une réponse dans l’engagement, l’audace et la prise de risque, quitte à perdre de nouveau mais non sans avoir tenté, inquiété l’adversaire et gagné en confiance, au-delà du simple résultat. Ce serait bien sûr plus simple avec les absents évoqués sur le terrain mais les aléas physiques sont le lot de tous. Le plus haut niveau, c’est aussi cela et là-aussi, le Stade Rennais continue son apprentissage. Il faudra désormais regoûter à la victoire et ce dès samedi, face à Brest.