Au-delà d’un match loupé, sans idées ni rythme, logiquement sanctionné d’un revers qui pourrait être plus salvateur qu’il n’y parait pour la suite, le plus dommageable, hier soir, lors de la huitième journée, venait d’une petite minorité en tribunes.
Certains privilégiés, une minorité ayant pourtant eu la chance de prendre place dans un Roazhon Park accueillant près de 5000 personnes, ont quelque peu oublié d’où vient le Stade Rennais, ce qu’il réalise et pourquoi l’on aime tant ce stade et ces chants, symboles d’humilité, de solidarité et de tolérance depuis de longues années. « J’ai crevé l’oreiller, j’ai dû rêver trop fort… »
Ces sifflets, isolés mais bien audibles, accompagnant les joueurs à leur sortie du terrain pour cette première défaite depuis le 4 mars à Saint-Etienne, rappelons-le, soulignent surtout la culture pénible et néfaste, mais hélas en constante progression, de l’instantané, de ce manque évident d’analyse et de recul que l’on retrouve aussi dans de nombreuses émissions promptes à mettre dans les gravats n’importe quel véhicule commençant à déraper…Cette culture « Bashing », moins veloutée et subtile que celle du Bashung, c’est un monde où seule la victoire compte, où l’on arbore ses couleurs fièrement uniquement quand celles-ci sont au firmament, où l’on brûle celui que l’on a idolâtré sans vergogne ni autre argument que la rancœur et le « tout m’est dû »….
Gageons que nous nous trompons et que la déception trop forte, quant au contenu et au résultat final, justifiée en revanche, fut l’unique moteur de ces injustes sifflets. Les premiers déçus de ne plus réussir à gagner depuis trois matchs en Ligue 1 restent les joueurs en premier lieu mais ceux-ci ne galvaudent pas leurs partitions et essaient de faire de leur mieux, d’aller arracher ce but. Non, ces gars-là ne trichent pas mais parfois, sont juste moins bons, comme nous tous ! Dans le dur, le public tient un rôle précieux, comme face à Nantes en janvier dernier, lors de la brillante campagne européenne de 2019 ou encore contre Monaco cette saison. ça ne passera pas à chaque fois (exemple, hier…) mais le douzième homme, si précieux, doit accepter de partager les défaites et d’encourager pour revenir à de meilleurs lendemains plutôt que de se désolidariser dès que l’orage gronde.
Ces quelques supporters ne représentent qu’une infime partie du Roazhon Park et de la formidable communauté « Rouge et Noir », certes, mais sont en constante progression dans beaucoup de stade de Ligue 1 et d’ailleurs. Gageons que Rennes conserve cette exception culturelle encore longtemps, les moments de communion et de bonheur au stade, même à nombre réduits, sont aujourd’hui trop rares pour les ternir. Vertiges, de l’amour…