Entretien : Igor Anic (CRMHB) : « Ce n’est pas le moment d’être rebelle ! »

Le capitaine du CRMHB en a vu de toutes les couleurs, tout au long de sa carrière mais n’avait, comme nous tous, jamais connu une situation comme celle traversée aujourd’hui. Aux côtés de sa femme et de ses deux enfants, il choisit de réfléchir à la situation actuelle, prend soin des siens et attend, comme tout le monde, les décisions pour la suite des événements.

On le sait bricoleur, passionné de photo, de graphisme, dessinateur hors-pair et même écrivain à ses heures. Igor Anic, capitaine des Irréductibles Cessonnais, c’est plus qu’un handballeur ex-international français, ayant sillonné l’Europe du handball. Pourtant, aujourd’hui, comme l’ensemble de la population française et ses collègues sportifs, le voici confiné à la maison : « Il y a pire comme obligation que celle d’être à la maison » précise-t-il d’entrée de jeu. Aujourd’hui, j’ai la chance, avec ma femme et mes enfants, d’être en bonne santé, à la maison, en sécurité. Il y a une crise sanitaire, réelle, concrète et beaucoup de gens fragiles partout autour de nous. LA priorité, au-delà de toutes autres, sportives ou non, c’est de protéger les gens vulnérables et pour cela, d’obéir aux recommandations qui nous sont faites. Restons chez nous ! Il s’agit d’être intelligents aujourd’hui et de s’élever, bien au-delà de chacun de nous. La crise sanitaire exige tous les sacrifices et je suis très surpris que certains ne le comprennent pas. »

« Je n’ai pas envie de reprendre »

Au capitanat d’une équipe au redressement ultra-spectaculaire depuis mi-décembre, le pivot, âgé de 32 ans, observe la situation au jour le jour. Concernant une éventuelle reprise du championnat, évoquée dans un premier temps à la mi-avril, le joueur a son avis, posé et lucide, sans être pour autant moralisateur : « Aujourd’hui, beaucoup font des steps dans le salon, des abdos sur la terrasse mais la réalité de la compétition, ce n’est pas ça, avertit-il. Rien ne remplace le contact avec les partenaires, les entraînements très physique, les circuits où l’on fait circuler le ballon. Dans un sport collectif, impossible de s’entraîner individuellement et d’être performant tous ensemble… Si on nous demande de reprendre, il nous faudra quoi qu’il arrive au moins trois semaines, voire plus, de préparation physique. Nous ne sommes pas des machines et il est hors de questions que l’on soit mis en danger sur notre santé. Si l’on se blesse gravement, quid de l’avenir sportif, ensuite, alors que certains seront en fin de contrat le 30 juin ? Moi, j’ai un contrat, j’ai un certain confort mais il faut penser collectif, à tout le monde. ». Entre les lignes, un avis se dégage. Dans les mots, il se confirme : « Si j’ai envie de reprendre ? Non. Le plus raisonnable serait clairement d’arrêter la saison dès maintenant, afin de limiter les risques en cas de reprises, préparer l’avenir, tant sur le plan individuel que collectif. Pas de descentes en Lidl StarLigue et Proligue, passage à seize équipes dès maintenant sachant qu’il était prévu pour la saison suivante et surtout, réussir à organiser le présent et le futur proche. ». Un discours opportuniste ? « Non, pour plusieurs raisons. Tout d’abord nous ne volons notre première place à personne, nous l’avons eu au courage, en nous accrochant. Les deux tiers de la saison ont été disputés, on ne peut pas considérer la saison comme nulle. La Ligue planchait déjà sur ce projet de D1 à seize, autant gagner du temps. Cela permettra au club de jouer deux matchs de plus, d’attirer du monde, de rendre le produit hand encore plus sexy aux yeux du grands publics et des diffuseurs. Alors oui, Cesson et Limoges en bénéficieraient, cela ne plaira pas à tout le monde, forcément. Mais il y a-t-il une solution meilleure ou tout aussi équitable ? Jouer à huis-clos ? Sincèrement, je n’y vois aucun intérêt. Pas de public, pas de plaisir, aucune recette, rien. Il faut avancer, réfléchir et éviter les très mauvaises surprises à venir dans les prochaines semaines. C’est simplement mon avis sur la question. »   

« Ici il n’y pas de sirène pour nous dire de rentrer chez nous… »

La suite et fin de cet article en téléchargeant notre journal en page d’accueil