Patrick Tuugahala, la passion de l’Ovalie de père en fils !

Après dix ans au Racing 92, Patrick Tuugahala a posé ses valises cet au REC Rugby. Venu chercher à Rennes du temps de jeu pour poser les fondations d’une carrière prometteuse, il fait sa place dans le XV rennais dans une phase aller compliquée sur le plan des résultats. Le tout sous les yeux de Mikaele, son papa, ancien joueur pro de Mont de Marsan et du Racing et présent dans le staff réciste depuis un an.

Tu baignes dans le rugby depuis petit. Comment se sont déroulés tes débuts ?

 J’ai commencé à Mont de Marsan, à 5 ans. A cette époque, je suivais tout le temps mon père aux entrainements ainsi qu’en matchs, partout ! Lorsque ma famille et moi avons déménagé sur Paris, j’ai joué à Anthony puis j’ai intégré le centre de formation du Racing 92, pour une expérience qui aura duré 13 ans.

Comment s’est passée ton apprentissage ?

C’était une expérience très riche. Je suis passé par plusieurs entraîneurs qui ont amélioré mon jeu. Par exemple, en arrivant à Paris,  je jouais trois quart centre puis les coachs m’ont orienté vers le pack des avants en raison de mon physique. Désormais, je suis talonneur. Le fait d’avoir évolué sous le maillot « Ciel et Bleu » dans une institution comme le Racing fait que vous êtes constamment regardé donc jugé. C’est une école stricte, avec peu de liberté, un encadrement quasi-militaire mais c’est un enseignement très formateur. Je n’en serais pas là aujourd’hui si je n’étais pas passé par le Racing.

« Quinze minutes dans un match de Top 14 »

Les grands clubs sont parfois des usines à joueurs. T’es-tu senti parfois délaissé à Paris ?

Ce n’est pas facile d’arriver si jeune dans un club comme le Racing, car tout le monde est exigent, c’est ce qui fait la renommée du club. Pendant toutes ces années passées là bas, j’ai pu faire pas mal de rencontres. J’ai aussi eu le bonheur de recevoir des conseils de joueurs chevronnés, comme Dimitri Szarzewski, qui prenait sur son temps libre pour nous donner des conseils. A force de persévérance, j’ai retenu des coachs. L’année dernière, je suis même rentré quinze minutes dans un match de Top 14 face à Agen. Je n’oublierai jamais ce moment !

Ton père a joué à haut niveau, en Pro D2 mais aussi en Top 14. Est-ce un modèle pour toi ?

Il m’a transmis cet amour du rugby. Il a guidé mon enfance et m’a aidé à faire les bons choix. Malheureusement, il a du arrêter sa carrière suite à une blessure il y a six ans. Ce moment à été très difficile à vivre pour moi. J’ai eu l’impression de perdre mes repères et suite à cet évènement, j’ai coupé avec le rugby, je n’arrivais plus à regarder un match. J’ai pris un coup au moral.

Pourtant te voici en Bretagne. Pourquoi avoir posé tes valises ici, à Rennes ?

Mon père travaillait déjà dans le staff du REC l’année dernière. Il faisait souvent les allers-retours entre Paris et Rennes et me parlait du club. A la fin de la saison dernière, j’ai eu plusieurs propositions : Suresnes, Aurillac ou Vannes, en Pro D2 mais ces clubs voulaient me faire jouer en espoirs avec de maigres rotations dans l’équipe première. C’était non. Mon souhait, en quittant Paris et le Racing, était d’intégrer un effectif sénior et de jouer. Rennes s’est manifesté en me promettant du temps du jeu, le feeling est passé avec les coaches et les dirigeants et pour moi, il n’y avait plus le moindre doute, le choix était fait !

« Il faut que l’équipe trouve un équilibre pour gagner de nouveau »

Le REC traverse une mauvaise période avec sept matches sans victoire. Comment analyses-tu cette série ?

Certaines défaites sont amères car elles se jouent à un ou deux points comme le week-end dernier face à Anglet (17-15). Je pense qu’il nous manque un vrai buteur, capable de débloquer une rencontre. Il faut que l’équipe trouve un équilibre pour gagner de nouveau mais l’état d’esprit est là, tout le monde bosse. J’ai confiance en notre groupe et en notre staff. Personnellement, je reviens de blessure, c’est compliqué pour moi de vivre ça du banc. J’ai hâte d’apporter ma touche à l’équipe et de l’aider à retrouver la victoire et ce sera bien mieux en étant sur le terrain.

Le REC possède la quatrième attaque mais aussi la dixième défense du championnat. Comment expliques-tu cet écart ?

En attaque, nous sortons vite les ballons, les transitions sont rapides et vers l’avant, c’est un secteur qui fonctionne bien. En revanche, on peut mieux faire en défense. Trop de points sont donnés facilement aux adversaires. Lors du match à Bergerac (17-17), malgré le nul, nous avons réussi à tenir 15 minutes dans nos 40 mètres sans encaisser de point. Cet équilibre, nous n’en sommes plus très loin, j’en suis sûr !

 Comment se passe ton intégration à Rennes, en dehors des terrains ?

J’adore ! C’est une petite ville, ça change de Paris. Je ne m’ennuie pas ici, hors des entraînements, on se voit beaucoup avec les collègues. Nous allons au cinéma, dans les bars, voir les autres clubs rennais ou nous balader en mode touristes. Je me plais vraiment bien ici.

Tu as participé à la tournée du Seven cet été avec Wallis et Futuna. Une première ?

Oui, c’était très instructif. J’ai rencontré des joueurs des Iles Samoas, des Fidjiens, et j’ai découvert une autre culture du rugby, portée par ces joueurs. Une autre tournée est prévue l’année prochaine, j’espère y goûter de nouveau car j’ai encore plein de choses à apprendre. C’est une parenthèse dans le quotidien de la Fédérale Une mais une énorme source d’enrichissement personnel et sportif.

Quelles ambitions nourris-tu pour les années à venir ?

Mon but est d’acquérir du temps de jeu et de l’expérience avec le REC. Par la suite j’aimerais suivre les traces de mon père et jouer en Pro D2 voir en Top 14. Je suis jeune et j’ai encore le temps de progresser. Il faut se donner des objectifs élevés pour progresser, d’avancer chaque jour. Pour le moment, l’ambition est surtout de retrouver la victoire et d’aider au maximum mon équipe.

Recueilli par Matthieu Giboire