JRS64 – REC – Rugby : “Je dirais que nous n’étions pas prêts, et non pas ‘pas au niveau’ ”

Ne comptez pas sur eux pour gamberger, déprimer ou regarder leurs chaussures au moment d’assumer. Non, Kévin Courties et Vincent Bréhonnet, coachs du REC, sont déjà tournés vers demain avec une descente et une saison à décortiquer afin d’en tirer les bons enseignements en vue de la saison prochaine en National 2, où le rebond sera attendu. Un défi aussi relevé qu’excitant !

A l’heure de tirer le rideau sur cette saison en National, êtes toujours en « digestion » de la descente ou déjà projeté sur l’an prochain ?

Kévin Courties : Notre saison 2023-2024 a démarré lorsque nous avons été officiellement relégués, après la défaite à Hyères. Depuis, on peut dire que nous sommes déjà en préparation, cette préparation qui nous a tant fait défaut l’an passé et qui nous coûte beaucoup de points au final. Cependant, la saison prochaine se prépare aussi en coulisses depuis janvier.

Le niveau était-il trop élevé pour le REC, monté, rappelons-le, de deux divisions l’été dernier ?

K.C : Non. Je dirais que nous n’étions pas prêts, et non pas « pas au niveau ». Par rapport à nos adversaires, nous n’étions pas assez préparés. Ce titre, c’est unique, c’est grand mais ses conséquences ont été importantes. Les nouveaux joueurs sont arrivés dans un groupe où tout le monde a digéré différemment le titre, certains étaient même déprimés, d’autres ont eu du mal à se remettre dans la peau d’un promu qui va souffrir. Ajoutez-y qu’on ne remplace pas comme ça Gaël Dréan et Jacob Botica et que certains joueurs qui arrivaient de groupes supérieurs se sont retrouvés à s’entraîner sur un terrain de foot… Nous avons démonté et remonté trois fois nos installations de musculation. Il a fallu beaucoup d’adaptation, en permanence mais cela n’a pas vraiment permis de se préparer à ce qui nous attendait.
Vincent Bréhonnet : Il ne faut pas non plus négliger le fait que les joueurs n’ont pas eu le temps de couper. Certains sont revenus blessés, d’autres émoussés. Ils n’étaient pas forcément prêts à  démarrer la saison et le retour sur terre a été compliqué.

Les joueurs ont-ils pu penser que la Nationale se passerait aussi bien que les phases finales, comme grisés par l’euphorie du printemps dernier ?

V.B : Non. Pas un instant, les joueurs n’ont sous-estimé la division, l’adversaire ou les matchs. Ils ont toujours bossé dur, n’ont pas triché et savaient tous que nous jouerions le maintien, qu’une autre histoire démarrait. 
K.C : C’est un tout. Nous tuons notre maintien lors du match retour à Périgueux – où nous validons notre billet pour la N1 – avec un manque de préparation. Nous avons vite été mis face à la réalité de la Nationale Une, avec l’impératif de restructurer l’équipe, le fonctionnement du staff, l’environnement du club. Nous avons aussi payé un manque d’anticipation sur des contraintes parfois extérieures. Côté staff, nous avons été amenés à faire de la logistique, a à régler des problèmes non liés au terrain et au final, l’addition de tout cela se paie. Nous n’avions pas le vécu de la gestion d’un titre comme celui de champion de France et le retour sur terre a effectivement été compliqué. 

Côté staff, gestion du groupe et management, avez-vous des regrets ?

K.C : Oui, il y a des choses que je regrette mais ça nous appartient, que ce soit sur le côté tactique ou humain. Il faut désormais en faire une force et ne pas reproduire les mêmes choses l’an prochain. 

Avez-vous parfois eu l’impression d’être lâché par des joueurs, ou du moins toujours écouté et compris ? 

K.C : Ils n’ont rien lâché, ni les matchs, ni nous. Ils ont subi à leur manière. Certains ont soutenu, d’autres moins mais c’est logique dans un groupe de cette taille-là. C’est comme dans une famille, il y a des jours meilleurs que d’autres. Tu peux te prendre la tête avec un membre, sévèrement mais personne ne se lâche pour autant dans la durée. Ils se sont investis, avaient l’envie de se battre et ont toujours été déterminés à réussir dans ce qui était aussi leur aventure humaine.
V.B : Que les joueurs nous aient lâchés, non, mais peut-être qu’en revanche, nous n’avons pas eu l’adhésion de tous, ça c’est certain. Au vu de pas mal de matchs qui basculent de peu, nous n’étions pas non plus hors sujet, même si le bilan comptable final est celui qu’il est. Nous perdons trois matchs à la 83e. Ce n’est pas anodin mais ce groupe a travaillé et souffert ensemble. 

C’est une force d’avoir également un président et des dirigeants ne vous ayant pas lâché…

K.C : Nos dirigeants, Jean-Marc Trihan en tête, nous ont accompagnés, avec le même objectif que le staff, les joueurs. Tout le monde était dans le même bateau. Nous avons la chance de pouvoir travailler avec beaucoup d’intelligence autour de nous. Le projet reste le même, malgré la descente.

Quel est-il ?

K.C : Nous avons goûté à cette Nationale et je pense que tout le monde veut y revenir. Ce niveau est la destination avec un chemin semé d’embûches, à l’image de cette descente. Le plus difficile aujourd’hui, va être de maintenir notre niveau de performance l’an prochain en N2. Le défi fondamental s’offrant à nous va être de maintenir les performances actuelles, sur tous les plans et de garder tout ce qui a été bien fait cette année. Et il y a de la matière. Nous voudrons faire mieux et on sait que nous n’allons pas nous balader, très loin de là, en N2. 

La philosophie de jeu de cette équipe, parfois trop joueuse, sera-t-elle prioritairement conservée l’an prochain ?

V.B : Je pense que cette saison, à un moment donné, nous avons été trop frileux et c’est un regret. On a vu sur la fin de saison que nous pouvions réaliser de très belles choses quand nous nous lâchions. Notre volonté sera d’augmenter le volume, la tenue du ballon. Nous n’imposerons pas toujours notre jeu car le jeu est aussi fait de ce que vous propose l’adversaire. On dominera peu d’équipes mais il faudra être capable de s’imposer, d’être précis et efficace. 

Sur sa structuration et l’attractivité en termes de public, le bilan est-il positif ? 

K.C : Le club grandi, les travaux ont démarré sur le Pole Ovalie, cela fait du bien, on voit que les choses avancent. Nous avons encore été bien accompagnés par notre partenaires qui s’investissent, apportent beaucoup. Le réel soutien a été nombreux et top, le public, tous ceux conscients de l’environnement du club et de ce qu’il pouvait faire au mieux à ce niveau. A nous d’offrir sur le terrain de quoi nous permettre de continuer de grandir et fidéliser un environnement qui ne demande qu’à retrouver les émotions, à vibrer et apprécier du jeu et des valeurs ancrées au maillot réciste.