Il faut toujours savoir prendre un peu de recul et de hauteur au moment de l’analyse. Habituellement, ce n’est pas le rôle premier des supporters, qui sont souvent dans l’instantané et la dramaturgie du résultat. Mais ce vendredi soir, pour la première à la maison de ce Stade Rennais newlook, les supporters et le Roazhon Kop, auteurs par ailleurs d’un merveilleux tifo avant le coup d’envoi, ont compris que leurs protégés avaient tout donné, tombant les armes à la main face à une formation lyonnaise qui risque d’en faire souffrir plus d’un. Sans l’erreur d’arbitrage de M. Millot, sur un tacle en fin de partie de Marçal sur Sarr, les « rouge et noir » auraient même pu bénéficier d’un pénalty. Mais le réveil fut trop tardif car avant une fin de partie tout feu, tout flamme, le SRFC a manqué de folie. Son public ne lui en tient pour autant pas rigueur. Une bonne nouvelle, si on se souvient de la grève des encouragements en fin de saison passée…
Pour défier Lyon, Christian Gourcuff choisi de relancer le même onze ou presque qu’à Troyes, exceptée la rentrée de Mexer en défense centrale et le basculement à gauche de Bensebaïni, faisant monter d’un cran Ludovic Baal au détriment d’Adrien Hunou au milieu. Ainsi, Faitou Mouassa retrouve un côté droit qu’il affectionne particulièrement quand il s’agit de déborder et rentrer pied gauche, comme sur la plus belle occasion rennaise de la première période, claquée par Anthony Lopes alors que le ballon filait en lucarne (35’). Avant cela, Abdoulaye Diallo dans ses buts, avait fait barrage à Mariano, impressionnant de la tête, bien suppléé par Mexer qui sauve sur sa ligne (39’). En tout début de match déjà, Joris Gnagnon avait aussi « joué les gardiens » en dégageant sur sa ligne la tentative de l’ancien madrilène arrivé cet été à Lyon. Plaisante mais plutôt maitrisée par l’OL, la première période laissait le Stade Rennais bien en vie, malgré une réelle difficulté dans l’utilisation offensive du ballon.
Après le repos, les Lyonnais, emmené par un Nabil Fekir affuté et tranchant, appuient sur l’accélérateur. Logiquement, ils sont récompensés mais pas dans le jeu… Un coup-franc idéalement placé pour un gaucher et finalement frappé du droit par Memphis Depay (57’), fait mouche. Surpris, Diallo est un peu juste et encaisse son premier but de la saison à domicile. Rennes essaie de réagir mais Marcelo fait belle impression dans l’arrière-garde visiteuse. Pire, en contre, sur un excellent centre de Fekir, Mariano est récompensé de sa grosse prestation d’un coup de tête imparable, dans le petit filet de Diallo. Mangé dans les airs, Traoré est battu. La faute à une grosse débauche d’énergie pour récupérer les ballons, les coéquipiers de Benjamin André semblent quelque peu désemparés mais pourtant, vont réussir dix belles dernières minutes. Le coup-franc millimétré de Benjamin Bourigeaud fait lever le Roazhon Park qui peut s’enflammer lors des dernières minutes, avec les raids de Faitou Maoussa et Isamïla Sarr et une ultime grosse occasion pour Firmin Mubelé, contré in-extremis par Marçal. Trop tard cependant pour arracher un point, Mariano se créant une dernière belle occasion pour Lyon dans les arrêts de jeu, frappant juste à côté.
Si la défaite est au rendez-vous, le contenu fut plutôt intéressant statistiquement parlant mais aussi dans le refus d’admettre et la supériorité technique lyonnaise, et la défaite. Ce Stade Rennais là semble avoir l’envie d’attaquer, de refuser la défaite mais aussi de poser une identité et une envie de jeu. La confirmation avec une première victoire contre Dijon samedi soir à 20 heures au Roazhon Park est attendue.
Rennes – Lyon 1-2 (0-0)
Buts : Bourigeaud (85’) pour Rennes. Memphis (57’) et Mariano (74’) pour Lyon.Compo Rennes : Diallo – Traoré, Gnagnon, Mexer, Bensebaini – Maouassa, André, Bourigeaud, Baal (Tell, 66’), – Mubélé, Sarr.
Réaction de Christian Gourcuff, via AFP : « (C’est une) déception déjà parce qu’on commence par une défaite à domicile. On voulait faire un coup ce soir, on avait beaucoup d’ambition sur ce match-là. Après, sur le match on a vu un petit peu tous les espoirs qu’on peut avoir, avec beaucoup de dynamisme, de vitesse de percussion devant. Après, ça a été au détriment de la maitrise parce que c’est un match qu’on n’a pas suffisamment contrôlé collectivement pour prétendre l’emporter et comme les Lyonnais ont des individualités capables de faire la différence, c’est un match qui bascule sur pas grand-chose. Le match était un peu trop fou. Il faut arriver à davantage de maturité dans la gestion du match, dans la tenue du ballon surtout, avec des pertes de balles très faciles… On dira que ce sont des erreurs de jeunesse mais il faudra qu’on apprenne vite et j’espère qu’avec le retour de joueurs plus matures, ce seront des situations qu’on saura mieux gérer, tout en conservant le dynamisme qu’on a vu. »
La rédaction