Retrouvez l’interview de Faitout Maouassa parue dans le Rennes Sport de cet été, en intégralité. Bonne nouvelle, la prolongation souhaitée de tous est toujours plus que d’actualité ! (pour télécharger le journal, cliquez ici).
Tout d’abord, une question nous brûle à tous les lèvres : depuis que tu es monté avec Birmingham en Premier League, dans le jeu Football Manager, comment cela se passe-t-il ?
Je vais dire la vérité, j’ai arrêté un peu, j’ai eu besoin d’un break, c’était tellement d’émotions (rires) ! Ça me laisse le temps de préparer de nouvelles tactiques, de peaufiner mon 3-4-3, mon système favori. Avec le confinement, j’ai beaucoup joué, je l’avoue…
D’où te vient cette passion pour ce jeu de management, qui diffère pas mal de l’habituel FIFA ?
Mon grand frère joue depuis longtemps et plus jeune, j’allais regarder ce qu’il faisait et j’avoue que ces ronds qui bougeaient de partout, je ne comprenais pas grand-chose. Ce que je sais, c’est que j’essayais de jouer quand il n’était pas là et…que je n’étais pas très bon. Au centre de formation, j’ai progressé, avec Diego Alves, à Nancy, qui m’a même appris comment tricher à ce jeu… Aujourd’hui, je ne le fais plus. Nous, les joueurs de Football Manager, sommes stigmatisés, regardés de travers. Beaucoup ne comprennent pas que l’on puisse passer des heures sans une manette et sans l’ultra-réalisme habituel des jeux mais c’est comme ça. Seuls les vrais peuvent comprendre !
Dans ta partie, as-tu essayé de recruter des collègues rennais ?
Oula non, ils sont trop chers ou pas adaptés à mes tactiques Tiki-taka vertical ! J’aurais pu signer Rafik Guitane mais il ne rentrait pas dans mon schéma !
Plus sérieusement, parlons un peu foot. Le retour sur les terrains, même en petit groupe, a du faire un bien fou aux têtes ? (entretien réalisé fin juin)
C’est vrai. Au-delà du ballon, ce qui m’a le plus manqué, ce sont les copains, nos moments partagés ensemble, les rires, les discussions. Deux mois sans se voir, ça a été très long. La belle saison, avec toutes les émotions que nous avons partagées, nous a rapproché les uns des autres. Même si What’s App a permis de garder le lien, ça ne remplace pas un quotidien.
Physiquement, comment t’es-tu senti ?
Sincèrement, pas trop mal. Nous avons été suivis par le staff tout au long de cette période et j’ai fait le maximum pour rester en forme. De toute manière, quand le football est ton métier, impossible de s’arrêter totalement ou de se laisser aller. Bon, j’avoue avoir craqué un peu sur un seul truc, les bonbons. C’est mon péché mignon mais ça, avec ou sans confinement !
En dehors des jeux vidéos, qu’as-tu fait de ces deux mois ?
Je suis de ceux qui pensent qu’il faut trouver du positif dans toute situation et celle que nous venons de vivre m’a permis de découvrir plein de nouvelles activités. C’est tout bête mais j’ai pris du plaisir à tondre ma pelouse, entretenir les extérieurs à la maison, découvrir le plaisir de bricoler, même s’il y a du boulot… J’ai pu aussi m’améliorer au piano et j’ai décidé d’apprendre la guitare, même si franchement, c’est vraiment difficile. J’aime jouer de la musique et j’ai bien l’intention de progresser. J’ai enfin adoré cuisiner et je pense avoir bien progressé.
As-tu été angoissé durant cette période ?
Pour ma propre santé, j’ai suivi toutes les recommandations et été très prudent. J’ai surtout été attentif à mes proches. Ma maman était avec mon grand frère et j’avoue que d’être loin d’eux sur tout ce temps a été pesant mais tout le monde va bien.
Qu’as-tu pensé de la décision prise d’arrêter le championnat alors que nos voisins reprennent tous au fur et à mesure ?
Je pense que les décisions, quelles qu’elles soient, étaient difficiles à prendre, dans un sens ou dans l’autre. Ce que je peux dire, c’est qu’à partir du moment où une décision est prise, il faut s’y tenir. Bon ou mauvais, ce n’est pas à moi de juger le choix qui a été fait. En revanche, j’avoue que je ne suis pas fan de ces stades vides. Le foot, c’est de la passion, de la vie et cela, ça ne peut exister qu’avec les supporters.
Avant cette longue coupure, il y eut un match exceptionnel au Roazhon Park face à Montpellier, où tu as marqué l’un des buts de l’année. As-tu l’impression d’avoir été freiné en plein boom ?
C’est vrai que j’étais plutôt bien avant que tout s’arrête. Mais au-delà de mon but ou de mon cas personnel, c’est l’équipe qui tournait vraiment bien, si l’on excepte la demi-finale de coupe de France perdue à Saint-Etienne. Nous avions vraiment à cœur de bien terminer la saison et de conserver notre troisième place. Cette dynamique a permis à chacun de s’améliorer sur ses axes de progression, pour moi y compris.
Comment juges-tu ton évolution cette saison ?
En début de saison, j’étais encore timide, j’avais trop souvent peur de mal faire. Je me mettais trop de pression et je jouais en étant un peu inhibé, je pense. A partir du moment où j’ai enchaîné les matchs, tout le monde m’a mis en confiance et c’est l’expression collective qui m’a offert une libération dans le jeu, qui m’a permis de progresser.
Quelle est ta relation et ton rapport avec Julien Stéphan ?
Je l’ai d’abord connu lors de ma première année, lorsque j’évoluais en réserve. Il me parlait beaucoup, avait des mots forts, réconfortants, encourageants. Aujourd’hui chez les pros, avec l’équipe Une, il est resté le même bien que la fonction exige une distance supplémentaire mais ce qu’il réalisé et la manière dont il travaille avec nous est incroyable…
Peux-tu nous en dire plus ?
Il apporte la confiance, un plus indéniable sur l’estime de soi, la croyance en ses propres capacités. C’est lui qui m’a dit de me lâcher, de me libérer, même quand je me loupais, de continuer de tenter. Il est resté le même, comprend les joueurs et leurs codes et sait insuffler le refus de la défaite. Les succès du Stade Rennais aujourd’hui sont évidemment aussi les siens. Il y a une grosse adhésion du groupe au projet et tout le monde sait qu’il est concerné.
Quelle était ta relation avec Bernard Blaquart qui t’a relancé lors de ton prêt à Nïmes ?
J’étais allé là-bas pour gagner du temps de jeu et sincèrement, ce fut une super expérience. Là-bas, j’ai appris le combat, pas le choix ! Le public l’exige, le groupe aussi et nous avons vécu une fantastique saison. Je pense que le coach Blaquart et le coach Stephan sont assez proches dans leur approche du métier, avec un passion pour la formation, la transmission et le contact avec la jeunesse. Ils ont ce refus de l’individualité plus importante que le collectif même s’ils ont des caractères tout de même opposés mais beaucoup de choses les réunissent.
On te sent passionné de tactique, de compréhension du jeu. Peut-on t’imaginer un jour entraîneur ?
Sincèrement, j’adore ça, et pas uniquement sur mon PC ! J’aime comprendre un schéma, une consigne, un système, c’est passionnant. J’adore le 3-4-3 et tout ce qu’il engendre. Plus tard, oui, j’adorerai être entraîneur mais plutôt avec les jeunes, pas forcément à la tête d’une équipe pro ou senior. Moi, ce que j’aime, c’est jouer avec les enfants, les voir se marrer, sourire, et être fiers d’eux quand ils réussissent un truc que tu leur a montré. Là, oui, je pense que je m’occuperai d’équipe de jeunes. Si nos contrats le permettaient, je le ferais même dès aujourd’hui !
La saison prochaine, la Ligue des Champions pourrait résonner dans le Roazhon Park. C’est un truc de fou !
Franchement, c’est énorme, même s’il faut encore attendre, voire gagner des matchs pour participer aux poules. Jouer l’Europe, déjà, c’est énorme, d’autant que nous franchissons les étapes ensemble, à force de boulot. Notre progression n’est pas due au hasard, ça bosse. Pour moi, il faudra continuer de bosser, de progresser et de prendre du plaisir. C’est une notion qu’il ne faut pas galvauder et qui permet de rester conscient de la chance que l’on a de faire ce métier.
Une profession de plus en plus exposée. On te voit à l’aise sur les réseaux sociaux, avec les supporters. Quelle est ta relation avec les médias ?
Sincèrement, je suis sur les réseaux ou dans les journaux comme dans la vie, tranquille, simple, souriant. Je suis un mec ultra positif, j’ai toujours envie de sourire, de rigoler. Je parlais tout à l’heure de ma timidité sur le terrain, elle était aussi là en dehors jusqu’à ce que je me libère petit à petit. Aujourd’hui, je me régale.
Difficile dont de t’imaginer partir cet été alors qu’il te reste un an de contrat ?
Mon souhait, c’est de jouer, tout simplement, le maximum de matchs. Je me sens très bien ici, je n’ai aucune revendication (rires). J’ai entendu les rumeurs, les noms de clubs, c’est toujours très flatteur mais vraiment, je me sens bien ici, suis très heureux.
En dehors du terrain et de la console, que fais Faitout de son temps libre ?
Je sors assez peu, j’aime rester chez moi, j’ai un côté « campagne » et j’assume pleinement (rire) ! Je regarde quand même pas mal de sport à la télé, je suis très branché tennis, je peux m’envoyer des matchs de 5 heures, j’adore ça. Le basket aussi me plait bien ou le hand. A Nîmes, lors de mon prêt, je me souviens que nous avions fait un entraînement avec les gars de l’USSAM. Ce sont de sacrés monstres physiquement, notamment un, qui a des bras incroyables… Elohim Prandi, c’est ça ? Je me souviens que face à ses boulets, Renaud Rippart était allé dans les buts et qu’à mon avis, il n’est pas prêt d’y retourner…
Propos recuillis par Julien Bouguerra