Avec un projet futur ambitieux et prometteur et un passé récent et déjà riche, l’Union Rennes Basket arrive en 2020 à la croisée des chemins. Olivier Perez, président depuis 2011 et Pascal Thibaud, coach et acteur majeur du projet URB depuis 2012, tournent les pages du livre tout en évoquant les chapitres futurs.
Champions de France 2011.
Il s’agit du premier et à ce jour, seul titre national de l’histoire du club. En 2011, l’équipe U17 est championne de France. Une équipe de copains, avec pour force l’insouciance, l’amitié et une dose de talent, permettant de renverser des équipes aux moyens nettement supérieurs. Les débuts du projet et déjà, les premières récompenses : l’histoire est lancée. L’URB, fruit de la fusion du RPA Basket et de l’Avenir de Rennes en 2010 (l’Avenir avait connu la Pro B dans les années 90) découvrira la Nationale Une l’année suivante chez les seniors, en étant partie de la N3 deux ans plus tôt.
2012 : arrivée de Pascal Thibaud
L’URB possède cette ADN de formation depuis toujours. Faire progresser les jeunes et accompagner leurs projets, est une mission qui collait au profil du coach Pascal Thibaud, arrivé en 2011 au club, alors en N2. « L’ancien président Yvan Galisson souhaitait construire une ossature capable d’accéder à la Nationale Une rapidement. C’est alors que le président, accompagné de l’entraîneur en place, Christophe Bouëtel, m’ont contacté. J’ai été réceptif au projet, car tous étions convaincus que mon expérience du plus haut niveau ferait passer un cap à l’équipe. » Neuf ans plus tard, le charismatique Pascal est toujours en poste, la tête pleine de souvenirs. « Rester à la tête d’un groupe aussi longtemps créer des liens avec les joueurs, dirigeants mais aussi le public. Depuis toutes ces années je me force à respecter la finalité du club et le stabiliser au plus haut niveau. » Olivier Perez, son président actuel à l’époque déjà partenaires du club et membre actif du projet, se souvient : « Pascal réunissait tout ce que nous recherchions pour prendre la suite de Christophe Bouëtel. Il a joué au CPB, connait le territoire, possède une grande expérience et connaissance du monde pro et voulait s’inscrire dans la durée sur le projet. Le travail accompli jusque-là permet d’avancer en toute confiance, au-delà du résultat brut de tel ou tel match ou d’une montée ou descente. C’est un bonheur de pouvoir compter sur lui depuis si longtemps. »
Bercy 2016
Comment puis-je oublier, ce coin de Paradis ? … La saison 2015-2016 reste à ce jour la plus belle, avec des résultats exceptionnels. Première de sa poule en N2, l’URB rajoute une couche de bonheur avec le gain de la Coupe de France de N2. « On a vécu une grande saison ! Après notre victoire face à Cognac en demi-finale (68-57), Bercy était dans toutes les têtes. Le 30 Avril, il restait un match, celui face à Kayserberg. Sur le papier, nous avions un léger avantage grâce à notre supériorité de taille sur tous les postes, mais très vite, ils ont fait le break avec une vingtaine de points d’avance à la mi-temps. Malgré une baisse de régime en seconde mi-temps des alsaciens, notre manque d’adresse ne nous a pas permis de revenir dans le match ». Les Rennais s’inclinent 85-65, mais gardent la tête haute. « Même si nous n’avons pas remportés le trophée, cela reste une expérience plus que positive. Ce parcours a soudé le groupe et nous a fait vivre de beaux moments ». Olivier Pérez, lui, se remémore un engouement rennais et breton à Bercy, avec « quatre cars de partenaires et supporters » montés accompagner le cinq rennais avec ferveur : « Le souci avec cette finale, c’est que les garçons l’ont sans doute jouée dans les têtes avant d’entrer sur le terrain. Il y avait une grosse excitation, des maillots spéciaux avaient été fait, c’était exceptionnel pour nous. La défaite fut amère mais la fête belle, malgré tout, combinée à notre seconde montée en N1, avec une saison sportivement très aboutie. »
La victoire face à Monaco en Nationale Une
Sans expérience en N1 en 2012, l’équipe rennaise se retrouve dans la zone rouge rapidement. L’euphorie des montées consécutives passées, les difficultés s’amoncèlent et le parcours en championnat s’avère compliquée. Heureusement, grands soirs sont là pour égayer la saison comme cette victoire face à Monaco, actuel leader de Pro A. « Nous les avons reçu dès le début de saison. A l’époque, les monégasques lançaient leur projet. C’était une équipe dangereuse mais pas encore en possession de ses stars américaines. Dans un match accroché, nous nous imposons 63-60. Une grande satisfaction pour tout le monde, et un match que le club n’a pas oublié ».
Tours, la double-confrontation inoubliable…
L’URB gagne son billet pour la Nationale une en 2015 grâce à une double confrontation face à Tours restée dans les annales. Le printemps est là, nous sommes en mai et les Rennais s’en vont défier leurs voisins sur les rives de la Loire. « Cette double-confrontation était cruciale et donc stressante. Sur le match aller, nous nous sommes appuyés sur El Kabir Pene qui a inscrit plus de 30 points, un ratio assez incroyable. Tout était fou dans ce match, la victoire en prolongations (98-97), tout comme l’agression de Vukan Zivkovic par l’ailier tourangeau Babacar Diouf. Malgré une hospitalisation, Vucan était présent la semaine suivante pour le match retour, et a largement contribué à la victoire et donc, la montée. ».
Un centre de formation développé à l’échelle locale
Olivier Pérez tient à la notion de club formateur et lui-même satellite des autres clubs de la périphérie rennaise : « Aujourd’hui, c’est à nous, professionnels, de nous mettre au service des autres. Nos joueurs vont aider dans les autres clubs, participent aux événements URB dans la cité. Le club se développe grâce mais surtout avec ses « satellites ». Si nous voulons recevoir le meilleur de chacun, il faut d’abord donner. Cela vaut sur le terrain, mais pas que… » Aujourd’hui, l’URB travaille ainsi en collaboration avec la majorité des clubs brétilliens afin de fédérer un basket rennais au plus haut niveau. Cela passe aussi, évidemment, par la formation : « Evidemment, l’URB est visible par son équipe pro mais il y a un énorme travail sur la formation, la jeunesse et nous en avons récoltons les premiers fruits depuis plusieurs années. Philippe Gautier, Lucas Fontaine et Joffrey Sclear, pour ne citer qu’eux, foulent les parquets de Colette Besson depuis plusieurs années et symbolisent bien cela. » A l’URB on recrute peu, mais bien, avec des profils choisis autant pour leurs qualités sportives qu’humaines et on forme ! « Nous intégrons beaucoup de jeunes issus du bassin rennais. Pour nous c’est important, on voit évoluer les jeunes, on les voit s’épanouir » ajoute Pascal Thibaud. « Une de mes premières missions ici, a été de créer ces équipes élites et de mettre en place des centres de formations dans les lycées. Quand on voit aujourd’hui le centre de Bréquigny, nous n’avons rien à envier à personne. Nous en sommes fiers. » Avec son vivier de joueurs, l’URB a su créer une identité de club. « Une équipe doit être une équipe. L’objectif d’un joueur de NBA, de Pro A ou de Nationale 2 est le même, à savoir performer et gagner les matchs. » Former les jeunes au basket, mais aussi à un métier, grâce au double-projet qui s’est amélioré années après années, les joueurs de l’URB ne se contentent pas de ne penser qu’au ballon. Un vrai plus dans une vie de groupe saine faite d’émulation et d’ambition, comme le résume le coach : « Lucas Fontaine va devenir architecte, Philippe Gautier est lui ingénieur, ces parcours de vie nous donnent raison. En 10 ans nous avons été un accompagnement pour nos jeunes. C’est une fidélisation qui apporte à tous. »
Derbys électriques
Le mot « Derby » résonne fort, quel que soit le sport et s’en ressent sur les fréquentations des salles, souvent à guichets fermés pour ces moments rares comme à Fougères en décembre dernier. Il s’agit évidemment d’un incontournable de la vie de l’URB, qui a laissé de gros souvenirs. En janvier 2017, Vitré reçoit l’Union Rennes Basket en championnat. Les locaux traversent une série noire, les Rennais, eux cherchent à valider le maintien. Pascal Thibaud se souvient : « Il y a eu de l’ambiance, du stress, des fautes, un vrai derby en fin de compte. Longtemps au coude à coude, la fin de match a été rythmée par les expulsions de Créteaux, Hill, mais aussi Davis. Ensuite Vitré arrose à trois points pour sceller la rencontre. » Score final 80-67. Le mois dernier, après un premier round largement remporté par l’URB en coupe, le déplacement à Fougères offre un scénario de fou. Fougères l’emporte d’une courte tête grâce à un shoot dans les dernières secondes (89-87). La revanche ne sera que plus belle si possible en Nationale Une. Si Fougères n’y est pas, le retour du derby URB-Vitré contentera tout le monde.
Ambitions
Il n’est jamais facile de mêler de nos jours l’ambition, la détermination et l’envie. Olivier Pérez, lui, ne s’en cache pas, son URB doit aller plus haut. Tout en haut, même : « Une ville comme Rennes, avec son bassin de population, de pratiquants de basket mais aussi son rayonnement économique et ses acteurs de tous secteurs mérite un club en Pro A. C’est le cap que je nous fixe pour les dix ans à venir. La N2 et la N1, aujourd’hui, sont vécus avec bonheur et appétit mais ne suffiront pas à long terme pour pérenniser l’existence d’un club et d’un projet comme le nôtre. Au fil des années, nous structurons le club à tous les niveaux. Depuis quatre ans, Fabrice Tranchant nous apporte beaucoup dans notre développement économique, Sébastien Renault vient de nous rejoindre pour la partie commerciale. Le derby que nous voulons vivre, à terme, c’est face à nos amis Nantais, et pourquoi pas en Pro A. L’adhésion des collectivités et des partenaires à ce projet doit nous pousser vers le haut et c’est un moindre mal que d’offrir une vraie ambition à tous nos suiveurs et sympathisants, qu’ils soient supporters, partenaires mais aussi clubs de la région investis auprès de nous. » Un discours ambitieux, un vrai !
Fidélité
Au-delà de son fidèle public et d’un club partenaire dynamique, l’URB peut aussi se féliciter d’avoir su fédérer une superbe équipe de bénévoles qui n’hésite pas à sacrifier un samedi sur deux pour prendre part à l’organisation des matchs. Restauration, billetterie, buvette, installation des bâches, des VIP, toutes ces actions prennent du temps et sont assurées au pied levé par des passionnés dévoués et toujours enclins à aider le club, et ce, depuis dix ans. S’il avance à vitesse grand V dans sa professionnalisation, le club rennais possède avec eux une force qui ne s’achète pas et perdurera, aujourd’hui ou demain, peu importe le niveau. Chapeau bas !
Matthieu Giboire et Julien Bouguerra