Avec l’ambition de faire aussi bien, voire un peu mieux que l’an passé, l’URB avance sereinement cette saison en Nationale 2, à l’abri d’une lutte pour le maintien mais néanmoins assez loin des places qualificatives pour les play-offs. Dans un projet sur le moyen terme de construction d’une équipe basée sur la jeunesse, Pascal Thibaud et son staff sont dans les temps, non dénués d’ambitions pour 2019.
A mi-saison, l’URB se situe dans le ventre mou du classement avec six victoires et sept défaites. Es-tu satisfait de cette phase aller ?
Sur le plan comptable, nous sommes un peu en deçà. C’est un peu moins bien que ce que nous avions fait l’an dernier même s’il faut nuancer, car nous nous sommes déplacés à huit reprises pour cinq réceptions. Nous sommes un peu en retard sur le plan comptable. Sur le jeu, c’est autre chose.
C’est-à-dire ?
Je trouve que nous avons beaucoup progressé par rapport à l’an dernier. Nous avons plus de régularité et de consistance, offensive notamment, où nous affichons plus de richesses dans notre jeu. Nous nous sommes renforcés sur le jeu rapide et c’était un vrai souhait. Nous faisons l’effort dans la relance et proposons un danger plus large à gérer pour nos adversaires qu’il ne l’était l’an dernier. Je pense à l’évolution de Philippe Gautier ou à la qualité de passes intérieures, beaucoup plus nombreuses et décisives, de Bojan Pelkic. Nikola Djurasovic a, pour sa part, bien recentré son jeu et c’est cet ensemble d’éléments parmi d’autres qui amène une vraie progression de notre jeu.
« La jeunesse de mes adjoints ? La compétence n’attend pas les années »
Que reste-t-il à améliorer sur la seconde partie de saison ?
Nous avons du travail sur la défense. Je pense que sur certaines phases de jeu, nous n’utilisons pas notre potentiel au maximum. En termes de puissance, on a un peu perdu d’intensité et le challenge sera de retrouver cela sur la seconde partie de saison. Si on défend très durement, nous aurons une qualité de relance intéressante.
Vous avez aussi réussi à accrocher, malgré les défaites, les équipes de tête. Cela laisse-t-il des regrets ?
Il faut que l’on soit meilleurs dans le money-time, que l’on fructifie le contenu par les points. On sait que les fins de matchs sont souvent plus difficiles à l’extérieur. Nous avons perdu chez trois à quatre équipes du haut de tableau in-extremis, notamment à Fougères, à Calais ou Vanves. Là-bas, nous menons au score pendant les trois quarts du match. Cela révèle tout de même les progrès de l’équipe. Parfois, l’arbitrage vient nous contrarier. D’autres fois, comme à Berk, nous nous mettons seuls « dedans ».
En ce sens, on l’impression que le contenu prévaut pour analyser la première partie de saison de l’URB sur l’emballage…
Bien sûr. Ce qui est aussi révélateur, c’est qu’au cours des deux derniers matchs que nous jouons diminués, les jeunes se sont montrés à la hauteur. Nous étions sans Louis Trohel et Bojan Pelkic et avec deux cadets dans l’équipe. Ils ont assuré et fait 20 minutes, à 17 ans … Cela crédite tout le travail qui est fait au niveau de la formation sur les catégories U15 et U18. Ils sont probablement l’avenir du club, à l’image de la progression de Joffrey Sclear, Lucas Fontaine ou Philippe Gautier.
« En phase avec les dirigeants sur le projet, à moyen et long terme »
L’URB présente la particularité d’avoir un staff où tu es assisté de jeunes techniciens à tes côtés, Bastien Demeuré et Pierre Golvan. Comment se déroule le quotidien avec eux ?
Je suis convaincu depuis longtemps, que ce soit au niveau des joueurs comme au niveau des techniciens, que la compétence n’attend pas les années. Nous avons une bonne complémentarité. Ils sont avant tout compétents et disposent d’une grande capacité de travail l’un et l’autre, chacun dans son domaine. Ce sont de gros bosseurs. Je sais que je peux leur donner des missions et qu’elles seront exécutées dans les meilleures conditions possibles. Il y a une bonne complicité entre du fait de leur âge, plus directe aussi avec les joueurs, qui sont sensiblement de la même génération. On sait l’importance de la différence pour apporter la richesse et les nôtres nourrissent le projet de façon intéressante. Il y a aussi quelque chose que je les pousse à développer qui n’est pas toujours simple à leur âge : apporter une force proposition et d’opposition.
Le plus vieux n’a donc pas toujours raison !
Non, heureusement, je me trompe et même assez souvent, je crois (rires) ! Plus sérieusement, il y a une évolution aujourd’hui du management, à tous les niveaux. Que ce soit au niveau de l’éducation nationale, dans l’entreprise comme dans le sport. Il faut un fonctionnement collégial, qui ne soit pas que vertical. Il faut laisser de la place pour que tout le monde puisse s’exprimer.
Quelles sont les perspectives pour la seconde partie de saison et les objectifs affichés ?
Le premier, c’est de renforcer notre impact défensif, comme je le disais précédemment, dans la concentration et l’engagement athlétique, avec une dimension quantitative, que l’on maîtrise pour le moment moyennement. Il faut pouvoir imposer un rythme et c’est parfois difficile car nous avons un effectif complémentaire mais un peu juste parfois. Après, nous voulons renforcer notre panoplie offensive et maîtriser encore mieux que l’on sait déjà faire.
Il y a une continuité avec la saison dernière, avec une phase de consolidation cette année. C’est aussi cela, le projet URB ?
Oui tout à fait. Nous sommes dans cette démarche-là. Il y a forcément l’objectif de se rapprocher le plus possible du podium voire de la seconde place pour pouvoir participer aux play-offs sans que ce soit pour autant un ultimatum. Je n’ai pas un groupe qui a besoin de cela pour donner son maximum. Je pense ce genre de méthodes peu efficaces, il vaut mieux avoir une adhésion à l’esprit d’équipe, qui permet aux joueurs de se dépasser, se sublimer à chaque match, autant pour les partenaires que pour les points.
Olivier Perez, ton président, te permet ainsi aujourd’hui de faire prévaloir l’exigence dans la construction du projet, son élaboration plus que d’être soumis à la dictature du résultat, plus incertaine et instantanée. C’est un vrai confort de travail !
C’est exactement cela. C’est ma septième saison ici et nous avons toujours eu une vision commune, avec le reste du staff et du bureau. Nous sommes en phase. Cela n’empêche pas de discuter et d’argumenter sur les objectifs, la politique à mener au club. Il n’y a pas l’épaisseur d’un papier à cigarette en termes de problème entre nous deux ! Nous travaillons ensemble sur un projet à moyen et long terme, où il faut construire pour pouvoir nourrir dans les années qui viennent l’ambition sportive d’aller plus haut et surtout, d’y durer. Nous ne décidons pas de tout uniquement tous les deux mais également avec tout le monde au club. Il faut partager les idées et les directions pour pouvoir avancer. Même dans la construction de l’équipe, tout se décide de manière collégiale et découle d’une argumentation et d’une discussion globale. Nous sommes en tous cas sur la bonne voie et tout est réuni pour que l’on puisse continuer à progresser en 2019.
Recueilli par Julien Bouguerra