Football – Stade Rennais : Quelles solutions pour sortir de l’impasse ? 

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Quel avenir pour Habib Beye ? @Crédit photo : JRS

Comme trop souvent ces dernières années, le Stade Rennais pique sa crise en novembre. A l’heure où nous bouclions ces lignes, fin octobre, l’avenir d’Habib Beye ne tenait qu’à un fil en fonction des résultats à venir contre Toulouse et Strasbourg. La construction d’un projet à long terme peut-elle tenir au dénouement de deux matchs en une semaine ? Est-ce bien sérieux ? Une certitude, le mal est profond.

Les mots sont signés d’Habib Beye, à la sortie de la défaite face à Nice au Roazhon Park, fin octobre : « On essaye de libérer un peu tout le monde mais il y a de la tension autour, qui est perceptible aussi pour les joueurs, un contexte qui est pesant, même au stade où on sent que cela ne prend pas. »

Qu’importe la suite ou la fin de l’aventure du technicien arrivé il y a un an sur les bords de Vilaine, annoncé limogé le lundi par Foot Mercato avant d’être qualifié de sursitaire par Ouest-France et l’Equipe, avec le match de Toulouse comme dernière chance, les mots résonnent comme un aveu d’impuissance, peut-être temporaire, voire d’échec.

L’échec d’un projet pourtant avancé avec certitude, d’aucuns dirons avec un peu trop de confiance en soi cet été. Non, la patte Beye n’a pas plus pris que celle de Jorge Sampaoli ou Julien Stéphan précédemment, prolongeant le lent déclassement rennais depuis la fin de l’ère Bruno Genesio. Jusqu’où ?

Seulement deux victoires en dix matchs de Ligue 1

Cet été, pourtant, le coach a « choisi » ses joueurs, été délesté du mercato chaotique de l’été précédent et de ses conséquences sur la gestion quotidienne de l’effectif. Une équipe montée en accord avec Loïc Désiré, son directeur sportif et Arnaud Pouille, son président, si l’on en croit les rares prises de paroles de la direction.

Le silence de celle-ci, muette en cette période compliquée, est-il une part de ce contexte pesant évoqué par l’ex-international sénégalais ? Possible, voire probable, Habib Beye n’étant pas du genre à choisir ses mots par hasard. Pas de soutien officiel, ni de prise de responsabilités venues du haut, l’ancien entraîneur du Red Star est seul face à la tempête médiatique prête à souffler sur le navire rennais, toujours plus secoué.

Il serait bien trop simple, aujourd’hui, de tout mettre sur les épaules d’un entraîneur qui certes, n’a pas construit idéalement son effectif (l’absence de joueurs de côté de percussion reste une énigme totale…) ni trouvé écho à ses idées dans les résultats mais ne peut être tenu pour seul responsable d’une situation qui pourrait bien empirer dans les semaines à venir.

Les joueurs ont aussi une grosse part de responsabilité

La situation sportive, avec seulement deux victoires en dix matchs, inquiète, à juste titre. Il n’y a que deux défaites, oui, mais surtout l’incapacité à dominer des équipes de seconde partie de tableau, voire du bas (Lorient, Nantes, Angers, Le Havre, Auxerre) soit un bilan indigne d’un prétendant à l’Europe, l’objectif annoncé. Côté terrain, les joueurs ont aussi une grosse part de responsabilité dans cette année 2025, dans sa globalité très décevante et de plus en plus lénifiante en termes de jeu.

Les émotions sont aux abonnées absentes au Roazhon Park, si l’on excepte les deux scénarios un peu dingues face à l’OM et l’OL cette saison. Le public perd patience voire, pire, tombe dans une certaine indifférence, bien loin des folles semaines européennes pourtant pas si lointaines. Entre les cartons rouges en début de saison, les points lâchés malgré des avances au tableau d’affichage qui n’auraient jamais dû être remontées par une équipe au rendement optimal et des dépassements de fonctions quasi-inexistants.

Beaucoup de joueurs sont très loin du compte. Nous ne tomberons pas dans le rapport salaire-performance évoqué ici et là, n’ayant pas les feuilles de paie sous les yeux et le contenu des entraînements pour analyser la chose objectivement, mais une certitude : les attentes placées sur une majorité de joueurs sont loin d’être comblées et les niveaux attendus clairement pas au rendez-vous.

Rennes se fait transpercer trop facilement et ne parvient pas à déséquilibrer ses adversaires

Le milieu de terrain attendu comme ultra solide et expérimenté, avec Valentin Rongier, Mahdi Camara et Seko Fofana, complété par la « pépite » Djaoui Cissé, dont la gestion interroge fortement, ne donne pour le moment pas satisfaction, les deux derniers étant très loin à ce jour du niveau attendu. Rennes se fait transpercer trop facilement et ne parvient pas à déséquilibrer ses adversaires dans la durée.

Sur les côtés, peu voire pas de solutions, si ce n’est les courses en solo de Musa Al-Tamari, peu fructueuses, ou les tentatives de slalom de Ludovic Blas, rentrant systématiquement dans l’axe. Devant, Kader Meïté, très convaincant à chaque apparition, est cantonné au banc derrière le duo Lepaul-Embolo dont la complicité semble possible mais les performances loin de leur assurer un statut de titulaire indiscutable, semblant pourtant être de mise…

Derrière, le manque d’un patron apparaît flagrant, malgré de vraies qualités pour chacun des défenseurs qui mériteraient d’être encadrés par un vrai taulier. Brice Samba, dans ses buts, ne peut pas tout faire et garder en vie son équipe à chaque fois et une prise de responsabilité aux quatre coins du terrain s’impose. Et ce, bien plus dans les actes que dans les mots.

Un mois pour tout changer ?

Avec Toulouse et Strasbourg donc, avant la trêve internationale, puis Monaco et Metz ensuite, Rennes aborde un mois décisif pour la suite des évènements dans un inconfort total. L’équipe doute, ne sait plus dans quel sens aller, ne gagne pas et s’enlise au classement. Les dirigeants semblent plus hésitants que jamais sur la suite à donner à l’histoire et les actionnaires ont déjà prouvé par le passé que l’entraîneur n’était pas le seul à pouvoir vider son casier plus vite que prévu.

L’année était annoncée comme celle d’un renouveau mais l’histoire bégaie et le Stade Rennais est de nouveau reparti à la recherche de certitudes et de stabilité, quête pour le moment sans graal en vue depuis plus de deux ans. Novembre confirmera-t-il la tendance morose et négative ou le rebond sera-t-il de mise, à la surprise générale ?

Quel entraîneur pour succéder à Habib Beye si celui-ci venait à ne pas dépasser les échéances toulousaines et strasbourgeoises ? Autant de questions qui vont passionner la communauté « Rouge et Noir » quelque peu blasée de ces péripéties à répétition plus que le jeu et les résultats en eux-mêmes. Le symptôme s’il en est d’une saison qui est bien mal partie pour être réussie. Aux joueurs, dans le combat, les attitudes et le talent supposé, de faire mentir une sensation de plus en plus pesante.

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.