Arrivée en septembre après la rétrogradation de son club de Celles-sur-Belle, Perrine Petiot, 30 ans est la surprise du chef dans l’effectif breton 2025-2026. Déjà adoptée tant par sa qualité de joueuse que par son humilité et son état d’esprit collectif, la numéro 42 des « Rose et Noir » entend bien faire parler expérience et talent en Bretagne.
C’est l’histoire d’une rencontre qui devait, un jour ou l’autre, aboutir, comme un rendez-vous manqué à plusieurs reprises qui trouve enfin son momentum, sans que personne ne soit surpris mais sans pour autant que quiconque ne l’ait vu venir !
Déjà suivie par le club breton depuis plusieurs saisons, Perrine Petiot, demi-centre ou arrière gauche et défenseur en poste 3 ayant fait les beaux jours de Celles-sur-Belle pendant sept saisons, dont deux en première division, est enfin devenue joueuse du Saint-Grégoire RMH il y a un mois : « Olivier m’avait déjà contactée il y a deux ans et j’avais failli venir, c’était passé tout proche mais j’étais au final restée à Celles-sur-Belle. »
Cette fois-ci, l’affaire s’est bouclée : « Rennes, ça me tentait depuis longtemps, j’y venais régulièrement car plusieurs de mes amies proches, Apolline Feuvrier, Laurine Chesneau et Guillemette Cauly, y ont joué. Je venais régulièrement les voir. Désormais, c’est moi qui suis sur le terrain à la Ricoquais. »

Laurine Chesneau : « Maintenant sa spécialité c’est les lobs mais chut c’est un secret… »
Des anciennes du SGRMH peu avares de compliments au moment d’évoquer une coéquipière devenue amie, côtoyée dans les Deux-Sèvres. Laurine Chesneau la présente ainsi : « Elle a de l’expérience en attaque et sait défendre. Elle sait aussi bien jouer demie-centre qu’arrière mais depuis plusieurs saisons, je trouve qu’elle est le mieux au centre. Elle comprend, analyse et sent très bien le jeu. Elle impose son leadership sur le terrain, est à l’écoute des autres pour que tout le monde soit performant. C’est une tireuse de loin, et maintenant sa spécialité, c’est les lobs mais chut c’est un secret (rires). »
Côté vestiaire, la nouvelle dépositaire du jeu breton est aussi décrite avec beaucoup d’amitié par Guillemette Cauly : « Perrine, c’est une fille qui parle avec tout le monde, rigolote et légère mais attention, si elle est émue par une coccinelle égarée un instant, cela ne dure pas et elle finit par la dégager sans pitié (rires) ! Elle comprendra…
C’est une douceur, une coéquipière et amie fidèle qui prend la vie comme elle vient et se révolte quand les choses ne lui plaisent pas. Sur le terrain, elle ne laisse pas sa part au chien ! Quand on était à Celles, on nous confondait souvent alors qu’il n’y avait pas de quoi, entre une grande blonde et une petite brune mais ça tenait simplement à son nom de famille que l’on m’attribuait plus facilement. »
Supportrice des « Verts » de Saint-Etienne
Hors terrain, la native de Saint-Priez en Jarez, à quelques pas du Chaudron de Geoffroy-Guichard, cultive aussi l’amitié. Apolline Feuvrier en témoigne aisément : « Perrine fait partie de ces amies sur lesquelles on peut compter. Drôle, simple, fidèle et solaire, elle aime partager avec les autres en mélangeant famille et amis. Pour l’anecdote, on s’est rencontrées au centre de formation de Nîmes et je me souviendrai toujours d’une semaine de feria de Nîmes mémorable, avec ses deux frères et les copines du hand. Depuis, les années sont passées mais notre amitié est intacte ! »
La famille, justement, grande « coupable » de la transmission du virus handball, dans une ville de foot dont Perrine n’est pas peu fière : « Les Verts, j’ai suivi et je les supporte bien sûr, mais ce sont surtout mes frères qui étaient à fond. Moi, j’y suis allée un peu mais ma passion, c’est le handball. Après, j’ai un vrai attachement à mes origines et le numéro 42 que je porte (département du Forez) était une évidence. »
La petite pégueuse trouve sa place chez les Petiot, avec Valentin, l’aîné et « le plus doué de nous tous », selon la petite sœur. Aujourd’hui entraîneur à Grenoble, il n’évolua pas chez les pros, au contraire de Martin, tout frais retraité des parquets pros notamment passé par la Proligue et Besançon. Perrine, de son côté, formée à Nîmes puis passée deux saisons par Vaulx-en-Velin, réalise la majeure partie de sa carrière à Celles-sur-Belle.

Une convocation en équipe de France !
Sept saisons (dont deux en D1) au cœur du jeu, avec une influence et un impact incontestables avec un pic atteint en 2021. Une année après le COVID avec la montée en LBE, couronnée en prime, quelques mois plus tard, d’une convocation en équipe de France.
Une surprise immense à l’époque, y compris pour l’heureuse appelée : « Je n’avais qu’un match en D1, qu’on venait de gagner contre Fleury. On venait de monter et même si je sortais d’une grosse saison en D2, j’étais hyper surprise. Ce fut un moment incroyable à vivre, cinq jours qui m’ont presque autant appris et montré de choses qu’au cours de toute ma carrière. Être là, auprès de si grandes joueuses, c’était dingue. Le niveau l’était aussi et c’est un rêve qui a été réalisé que de jouer en Bleu mais que sincèrement, je ne m’étais jamais autorisée à imaginer… »
Le retour sur terre est hélas moins féérique avec une première grave blessure au genou un mois plus tard au croisé postérieur, avec deux ans pour se remettre à niveau, la faute à deux rechutes.
Jean-Luc Bosse : « L’opportunité s’est présentée et Perrine coche toutes les cases pour apporter une grosse plus-value de par son expérience et ses qualités »
Durant cette période, la Ligérienne travaille deux fois plus fort pour revenir, tant physiquement que psychologiquement, avec notamment un travail sur l’EMDR pour évacuer les images traumatiques et retourner au combat : « Ma carrière est dessinée par les blessures, c’est ainsi et ça me définit un peu comme joueuse. Cela a conditionné, à force, non pas ma façon de jouer mais de me préparer. J’ai fait du judo pour réapprendre à tomber et aujourd’hui, j’accepte difficilement la douleur. Quand je suis dans le match, je ne veux pas en entendre parler, même s’l faut serrer les dents. »
Une guerrière, en plein dans l’ADN du SGRMH. Le club va ainsi bénéficier une saison déjà de l’expérience et de la qualité de sa recrue de dernière minute.
Une arrivée dictée par les circonstances, comme le rappelle le président Jean-Luc Bosse, en total accord avec son coach : « L’opportunité s’est présentée et Perrine coche toutes les cases pour apporter une grosse plus-value de par son expérience et ses qualités. De plus, nous redonnons du travail à l’une des 42 joueuses pros restées sur le carreau cet été dans les diverses rétrogradations. Nous pouvions nous permettre d’ajouter une joueuse sans faire de folie et on est très heureux d’avoir Perrine avec nous. »

« Je ne suis pas une fille qui aime changer de club tous les jours »
Le bon début de saison des « Roses et Noir » donne pour le moment raison à tous les protagonistes de cette union de raison, et ouvre même de belles perspectives : « Pour le moment, je me suis engagée un an et je mène des études de psychologie à côté. Je suis venue ici pour le plaisir du jeu, il y a beaucoup de belles choses à vivre et à faire ici. Pour le moment, je ne sais pas de quoi sera faite la suite mais nous allons déjà profiter et jouer à fond cette saison. »
De là à imaginer voir plus loin ? « Je ne suis pas une fille qui aime changer de club tous les jours, j’ai besoin de mon équilibre sur et en dehors du terrain et si je me sens bien ici, il n’y a pas de raison de ne pas continuer si tout le monde est satisfait. A moi de répondre sur le terrain. Romain me fait découvrir un nouveau rôle en défense, en poste 2, je trouve ça très enrichissant et les filles m’ont super bien intégrée. L’ambiance dans le groupe comme dans la salle est excellente. Alors profitons ! »
