SC Le Rheu Rugby – Fédérale 2 : Peretau Tehoiri, la force du Pacifique sud

Portrait Peretau Tehoiri.
Le deuxième ligne du Rheu Peretau Tehoiri. @Crédit photo : JRS

À Beuffru, difficile de passer à côté de Peretau Tehoiri. Du haut de son mètre 92 et de ses 120kg, le deuxième ligne originaire de Nouvelle-Calédonie impressionne. Installé depuis quatre ans en Bretagne et jeune papa, il nous raconte son histoire l’ayant amené en métropole, jusqu’au Rheu.

Dans la famille Tehoiri, on respire Ovalie. Une passion amenée par ses oncles maternels : « J’ai été un peu forcé », plaisante Peretau (prononcez Peretaˈoˈ). Le reste de la fratrie n’a pas non plus dérogé à la règle. Sur les six frères, tous ont au moins goûté au rugby dans leur jeunesse, tandis que trois d’entre eux continuent de pratiquer aujourd’hui. Peretau s’y colle avec les Frelons, tout comme Manuatalele, également au Rheu et Joël, non loin de là, à Vannes.

Une famille qui s’est agrandie récemment puisque Peretau, qui fêtera son quart de siècle fin octobre, vient d’accueillir une petite fille. Si la petite dernière fera ses premiers pas en métropole, la jeunesse de son père, elle, s’est écrite bien loin d’ici, à plus de 16.000 km, en Nouvelle-Calédonie, dans le grand-Nouméa.

« Il n’y a que sept équipes en Nouvelle-Calédonie et nous nous connaissons par cœur »

Titulaire d’un Bac Bro dans le secteur de l’air conditionné, le jeune Peretau est repéré à l’époque par Frédéric Pailhe : « Il est venu travailler et entraîner en Nouvelle-Calédonie et sa femme est originaire de Redon. Il m’a entraîné là-bas et quand il est revenu en métropole six mois plus tard, il a parlé de moi. Ensuite, j’ai eu tout le monde au téléphone, que ce soit le président, Martin (Lagarde) ou encore le préparateur physique. Ils voulaient en savoir plus ». Ça tombe bien, le deuxième-ligne n’a qu’une idée en tête, il veut absolument « découvrir le rugby en métropole ».

Si la Nouvelle-Calédonie est un véritable vivier, le championnat local peine à se réinventer : « J’avais fait le tour. En Nouvelle-Calédonie, c’est le vieux rugby et ça n’a pas trop évolué. Chez nous, ce sont beaucoup de un contre un, alors qu’ici, c’est du rugby en mouvement, technique et tactique. De plus, il n’y a que sept équipes en Nouvelle-Calédonie et nous nous connaissons par cœur. Ici, avec toutes les poules, les descentes et les montées, il y a tout le temps des nouvelles équipes ».

Le rendez-vous avec Le Rheu et le rugby métropolitain est pris et Peretau débarque à Beuffru… en plein hiver : « C’était mon premier grand voyage et je n’avais jamais connu le froid (rires) », dit le Calédonien, qui n’a jamais connu la neige sur le « Caillou », surnom de l’île.

« J’appelle ma compagne, j’écoute de la musique et je bois un petit ˈMonsterˈ »

Les présentations faites avec la météo locale, le plus dur reste l’éloignement avec les siens : « C’est compliqué de partir tout seul en laissant sa famille. Ça a aussi été un peu dur pour la recherche de travail et j’ai enchaîné plusieurs boulots en intérim. Finalement, j’ai pu compter sur un ami, lui aussi de Nouvelle-Calédonie et je travaille désormais à Euromaster. C’était difficile de trouver des repères, mais ça s’est fait avec le temps. »

Pour accélérer son intégration, le club joue son rôle : « Tout le monde m’a mis à l’aise ». Peretau est ensuite rejoint quatre mois plus tard par sa compagne. Celle-ci est même présente jusqu’à son rituel d’avant-match : « Je l’appelle, j’écoute de la musique et je bois un petit ˈMonsterˈ ». Le voici alors fin prêt à faire avancer la mêlée rheusoise.

Mais au-delà de l’éloignement et de la météo, difficile aussi d’imaginer une vie quotidienne dans le Pacifique Sud similaire à celle de la métropole. Une hypothèse confirmée par le joueur de 25 ans : « C’est vrai qu’ici, il y a un côté plus individualiste, alors qu’à Nouméa, c’est souvent le collectif qui prime, en pensant à tout le monde.

C’est plus chaleureux. Après, lors de mon premier hiver ici, je me baladais en short-claquettes, peut-être que ça joue aussi (rires). La mer est aussi un peu plus loin ici et il faut faire minimum 45 minutes de route. Je n’imagine même pas pour les Parisiens. En revanche, l’autre gros changement, ce sont les prix. Tout est très cher en Nouvelle-Calédonie, car il y a beaucoup de produits importés ».

Une communauté « breto-calédonienne » qui se retrouve régulièrement

Désormais bien installé en Bretagne, où il se plaît, Peretau a su s’adapter avec le temps. Un trait de caractère qu’évoque son frère, Manuatalele, également joueur au Rheu et arrivé un an après lui : « Son caractère et sa personnalité peuvent varier selon la personne qu’il a en face de lui. Avec nous, Peretau est du genre calme mais aussi moqueur. Il aime bien plaisanter. Entre frangins, nous sommes un peu comme une bande de potes et nous avons régulièrement des fous-rires sur tout et n’importe quoi ».

En plus de ses deux frères et de Madame, la communauté « breto-calédonienne » se retrouve régulièrement : « Nous avons beaucoup d’amis de Nouvelle-Calédonie et nous avons un petit groupe en Bretagne faisant plusieurs sports, comme le basket ou le hand. Quand quelqu’un joue dans le coin, nous essayons d’aller voir son match et de passer un petit peu de temps ensemble. Ça nous permet aussi de nous ressourcer ».

S’il n’est pas aisé pour Peretau de retourner régulièrement sur ses terres, avec entre 22 et 24 heures d’avion avec une escale à Singapour et un tarif élevé, sa famille a récemment fait le voyage pour rendre visite à la petite dernière. Un bonheur total, un partage vécu avec les proches, autour de la première petite bretonne de la famille. De Nouméa au Rheu, un sport, pas de frontières et une histoire née pour la vie.

Signature du journaliste.