Football – Stade Rennais : Valentin Rongier, un capitaine au cœur d’un derby bouillant !

Valentin Rongier, un capitaine au cœur d'un derby bouillant !
Valentin Rongier lors du match à Angers. @Crédit photo : JRS

Le premier volet de la double confrontation la plus attendue de l’année pour les supporters rennais se tiendra à l’occasion de la cinquième journée, du côté de la Beaujoire, mi-septembre. Un rendez-vous bien plus pimenté qu’à l’accoutumée avec le retour de Valentin Rongier à la Beaujoire, notamment. Un ex pas comme les autres pour le FC Nantes et un moment à part pour l’ancien Marseillais.

Beaucoup de joueurs, ces vingt dernières années, ont porté les couleurs de deux clubs mais peu, en revanche, ont eu l’honneur du brassard en « Jaune et Vert » puis en « Rouge et Noir » et inversement. Pourtant, au moment d’entrer sur la pelouse qui l’a fait footballeur, Valentin Rongier portera le fanion des nouvelles couleurs qui sont les siennes, non sans, probablement, un tourbillon d’émotions en tête.

Ne comptez pas alors sur lui pour les exprimer, ou montrer ne serait-ce qu’un petit vacillement mais pourtant, on imagine, sur le plan humain, la possible charge émotionnelle d’un tel rendez-vous pour le néo-Breton. Pour autant, celui qu’Habib Beye a choisi comme capitaine et déjà, comme pierre angulaire de son milieu de terrain, entend bien ne pas avoir d’états d’âme et entend bien remporter son premier derby sous les couleurs « Rouge et Noir ».

«  Je n’ai jamais voulu manquer de respect à l’institution ou ses supporters »

Il est loin le temps où, taquin, le joueur postait sur Twitter une photo de chèvre avec un « Coucou les Rennais », ou encore celui des invectives avec Mbaye Niang, lui valant le sobriquet de « petit poussin ». Sur le terrain, cependant, jamais un geste déplacé ou une attitude anti-sportive : « C’était il y a longtemps, avec un contexte différent où j’étais joueur de Nantes », expliquait cet été le joueur lors de sa présentation à la presse. 

Quand on est passé au centre de formation, que ce soit à Rennes ou à Nantes, on essaie de cultiver cette rivalité et ce derby. Si vous reprenez mes propos, ça a toujours été bon enfant et je n’ai jamais voulu manquer de respect à l’institution Rennes ou ses supporters. Si certains se sont sentis blessés ou offensés par mes propos, je suis navré mais c’est aussi ce qui fait la beauté de notre sport et de ces derbys, ces petites piques et ces chambrages ».

« Aider Rennes à retrouver sa place le plus rapidement »

Une vision qui devrait en principe séduire les supporters, jamais les derniers au moment de chambrer et pour une fois, rejoints dans la pratique par un joueur. Fait rare, tant ceux-ci parlent désormais peu ou plus du tout. Même quand celui-ci vient du club « ennemi » ? Valentin Rongier, lui, restait à l’aise dans l’exercice sur le site officiel du club cet été  : « Pour moi, ça se perd un peu et je trouve ça dommage. Aujourd’hui, on ne peut plus rien dire, on ne peut plus rien faire. Vous vous rendez compte les proportions que ça prend pour des petits chambrages ?

C’est pour ça que je suis déçu de voir la tournure que ça prend. C’est ça le foot, c’est ça la vie, on a le droit de rigoler. Je ne regrette pas mes propos, maintenant je suis ici pour représenter le Stade Rennais. Je demande juste aux gens de me laisser faire mon travail, me donner à 1000% comme je l’ai toujours fait dans ma carrière et aider Rennes à retrouver sa place le plus rapidement ».

Une position qui s’entend de part et d’autres, tant qu’elle demeure dans le cadre du raisonnable

Arrivé au centre de formation nantais à l’âge de 7 ans, Valentin Rongier a tout connu avec le FCN qu’il quitte en 2019, à 25 ans, dont 18 passés sur les bords de l’Erdre pour rejoindre l’OM. A l’époque, les mots étaient acides pour le Stade Rennais : « C’est un club de la région qui a beaucoup de supporters. Un rival de Nantes depuis longtemps, avec Bordeaux.

Comme je suis Nantais, depuis que je suis petit, c’est forcément un club que je vois comme ennemi. Un club qui ne m’attire pas du tout. Et ce n’est pas comme si j’étais de passage à Nantes, j’ai le club en moi. Je ne pourrais pas aller là-bas. Je ne sais pas non plus si je serais le bienvenu. »

Un exemple concret pour les futurs média-training des jeunes joueurs mais aussi la preuve qu’on ne peut jamais dire jamais. De plus, il serait malhonnête de charger le joueur en exonérant le club de ses responsabilités. Sportivement excellent, le choix n’était pas celui de supporters qui se sont sentis trahis par une direction qui reste focus sur la performance et les objectifs sportifs et autres plus que sur le sentimental. Une position qui s’entend de part et d’autres, tant qu’elle demeure dans le cadre du raisonnable.

Une victoire dans le derby pour une adoption définitive ?

Côté joueur, la réponse n’a pas tardé à venir lors du premier match face à l’OM, avec une banderole sévère du RCK à l’encontre du milieu de terrain rennais, entré sur la pelouse du Roazhon Park brassard au bras. Pas décontenancé pour un sou, le joueur a fourni une grosse rencontre, intense et déjà riche d’activité et d’efficacité dans l’entrejeu.

Après coup, il évoquait même le capitanat :« Le coach a décidé de me faire porter le brassard pour être un relais notamment auprès de l’arbitre, notamment, parce que je suis au centre du jeu. Mon comportement ne change aucunement, que j’aie le brassard ou pas. Maintenant, je suis un joueur d’expérience. On a un groupe avec énormément de qualité, mais avec beaucoup de jeunes. C’est à nous, qui avons plus de bouteille, d’accompagner ce groupe. Je vais tâcher de remplir ce rôle du mieux possible».

Des paroles aux actes, pas de mauvaises surprises et un investissement total, lors des trois premières journées, pour le numéro 21 rennais, déjà indispensable pour équilibrer le jeu et faciliter les transitions latérales surtout, la profondeur manquant pour le moment clairement au jeu rennais. Un maillot à porter, désormais, partout en France et donc à Nantes, où l’accueil s’annonce très musclé, voir agressif.

« J’assume entièrement mon choix »

Pas de quoi pour autant pousser le joueur à se justifier : « Quand Rennes m’a appelé la première fois, j’ai réfléchi, confie-t-il. Je me suis demandé si c’était vraiment moi, mais j’ai mis ça de côté, car c’est le sportif qui prime.  Je peux comprendre que certaines personnes ne comprennent pas mon choix, mais c’est ma carrière et je la gère comme je l’entends. J’assume entièrement mon choix ».

Un choix dont peuvent déjà se féliciter dirigeants et supporters. Après tout, il ne s’agit là que de football, ce qui est déjà beaucoup mais ne mérite pas de haine ou autre comportement déplacé. Le chambrage ne sera sans doute pas de sortie pour ce derby, où le raisonnable doit triompher, mais une victoire rimerait probablement avec une adoption définitive du peuple rennais vis-à-vis de son nouveau capitaine.

Ils ont fait le « doublé »

Valentin RongierNantes (2014-19), Rennes (2025-…)France
Quentin MerlinNantes (2021-24), Rennes (2025-…)France
Mathis AblineRennes (2021-23), Nantes (2023-…)France
Ludovic BlasNantes (2019-23), Rennes (2023-…)France
Ermir LenjaniRennes (2015-17), Nantes (2015-16)Albanie
Ismaël BangouraRennes (2009-10), Nantes (2012-2016)Guinée
Sylvain ArmandNantes (2000-04), Rennes (2013-17)France
Christophe Le RouxNantes (1996-99), Rennes (1999-2002)France
Nicolas GousséRennes (1996-99), Nantes (2007-09)France
Olivier MonterrubioNantes (1995-2001), Rennes (2001-07)France
Tony HeurtebisRennes (1995-99), Nantes (2005-10)France
Pierre-Yves AndréRennes (1993-97), Nantes (2001-03)France
Jocelyn GourvennecRennes (1991-95, 2000-02), Nantes (1995-98)France
Stéphane ZianiNantes (1991-94, 2000-04), Rennes (1995-96)France
Eddy CapronNantes (1990-97), Rennes (1997-99)France
Serge Le DizetRennes (1982-92), Nantes (1992-98)France
Guy LacombeNantes (1976-79), Rennes (1985-86)France
Oscar MullerNantes (1974-84), Rennes (1984-86)France
Patrice RioNantes (1970-84), Rennes (1984-87)France
Claude ArribasNantes (1969-71, 1972-74), Rennes (1976-78)France
Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.