« On est tombés face à une équipe mature, qui nous a posé des problèmes dès le début. Ils ont constamment été capables de maintenir une maitrise supérieure à la notre. Ils ont toujours été dans une forme de contrôle. Ils ont été meilleurs et on était face à une équipe de Ligue des Champions ». Parfois, pas besoin de grands discours ou d’explications à n’en pas finir. Habib Beye connait le foot et le savait, hier soir, au moment de se présenter en conférence de presse.
Son Stade Rennais, encore clairement convalescent, a été logiquement battu et dominé par des Dogues pourtant très diminués, privés de Jonathan David, Edon Zhegrova, Rémy Cabella ou encore Ethan MBappé. Après deux victoires assez différentes dans leur contenu, heureuse face à Strasbourg puis convaincante à Saint-Etienne, le Stade Rennais est renvoyé à sa froide réalité de la seconde partie de classement, avec les doutes et faiblesses l’ayant mené là.
Face au Top 8 du championnat, définitivement, Rennes n’y arrive pas.
Samba repousse l’échéance
Les intentions sont pourtant là en début de partie avec des Rennais appliqués dans la récupération de balle et désireux d’aller de l’avant. Problème, en face, le LOSC est très solide, en place et intelligent dans ses mouvements parfaitement orchestrés par un milieu de terrain complémentaire.
Benjamin André, qui fête là sa 400ème titularisation en Ligue 1, rappelle son intelligence de jeu au Roazhon Park et la première grosse occasion est lilloise, avec Diakité tout proche d’ouvrir la marque mais buttant sur Samba au second poteau (11′).
Les « Rouge et Noir », aligné dans la même organisation qu’à Saint-Etienne, Jordan James étant remplacé par Ismaël Koné, essaient de s’approcher du but de Lucas Chevalier mais n’y parviennent pas. Akpom se créé une seconde occasion mais se fait reprendre in-extremis par Lilian Brassier (14′). Seule réponse, une frappe d’Arnaud Kalimuendo, bien placé, déviée en corner.
A la demi-heure de jeu, l’avant-centre rennais s’échappe et cherche Musa Al-Tamari, trop court pour reprendre au centre. Rennes n’arrive pas à être dangereux et finit même par concéder un pénalty juste avant la pause, pour une main de Christopher Wooh finalement identifiée par la VAR.

Akpom en bon remplaçant de Jonathan David, se charge de le frapper mais Brice Samba sort le grand jeu et bloque la tentative de l’ancien attaquant de l’Ajax. Avec pas mal de réussite, Rennes est toujours en vie à la pause !
Le poteau pour Brassier
L’entame du second acte voit les Rennais portés par la réussite de leur gardien en fin de première période. Agressifs, les Bretons se procurent même leur plus belle occasion du match. Sur un coup-franc à gauche de la surface, Ludovic Blas trouve Lilian Brassier seul au second poteau. La tête de ce dernier est presque parfaite…puisqu’échouant sur le poteau de Lucas Chevalier, battu (49′).
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S’ils ne le savent pas encore, les joueurs d’Habib Beye ont laissé passer leur chance et Lille appuie sa domination dans un second acte parfaitement géré. Bakker met d’abord Brice Samba à contribution sur une frappe à bout portant aux six mètres, déviée du pied par l’international français.
Une défense à reconstruire en cours de match…
Devant lui, Jérémy Jacquet, touché en première période sur un contact avec André, continue de souffrir et finit par sortir à l’heure de jeu. Seko Fofana rentre, Rennes passe à 4 derrière et Lille s’adapte illico-presto. Bakker s’offre une nouvelle occasion nette, repoussée par Brice Samba puis Akpom pense ouvrir le score mais son but est refusé pour hors-jeu (67′).
La domination est de plus en plus évidente et Christopher Wooh commet l’irréparable à l’entrée du dernier quart d’heure, faisant faute en position de dernier défenseur sur Akpom, décidément très en vue. Carton rouge et nouveau pépin pour Habib Beye avec dans la foulée, comment souvent en pareil cas, la double sanction.
Nabil Bentaleb entre (77′), huit mois après son accident cardiaque, et signe de la plus belle manière, avec une énorme émotion, son retour, en poussant au fond un ballon repoussé par Brice Samba, auteur d’un nouvel arrêt monumental mais impuissant sur la reprise de l’international algérien qui ouvre logiquement le score (80′, 0-1).
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Quelques minutes plus tard, Hans Hateboer, entré en jeu, s’essaie à une série de drible perdante qui permet à Bakker de lancer Akpom en profondeur. L’attaquant anglais finit par triompher dans son duel du jour avec Brice Samba et tue tout suspense (86′, 0-2).
Une équipe en reconstruction
Première défaite, donc, pour le nouvel entraîneur rennais, qui constate les limites actuelles de son équipe, en phase d’apprentissage et de connexion, avec un état d’esprit meilleur mais des limites toujours évidentes face aux meilleures équipes du championnat : « Je ne pense pas que ce soit psychologique, il faut juste une prise de conscience. chaque match, nous devons être capable d’élever notre niveau de jeu. On doit se dire que dans ces matchs on est capables de rivaliser ».
Attention, donc, aux conclusions hâtives. Le chemin commence à peine et du temps reste nécessaire, surtout après un mercato aussi agité que celui vécu cet hiver. Ismaël Koné a démontré des intentions plutôt intéressantes, Musa Al-Tamari moins en vue qu’à Saint-Etienne offre de la profondeur et Lilian Brassier est de retour à un niveau très intéressant.
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Autant de points positifs, comme la bonne première période de Jérémy Jacquet et l’activité très intense d’Arnaud Kalimuendo, pas vraiment récompensé ni servi.
Contre Reims, vendredi, puis à Montpellier, Rennes doit définitivement tourner le dos au bas de tableau pour ensuite, construire et renforcer son jeu, prendre du plaisir et voir où cela mènera, même si les cimes européennes sont à ce jour bien trop éloignées pour être sérieusement envisagées. Mettre le danger et le stress d’une lutte en bas de tableau reste la première étape à valider.
A chaque jour suffit sa peine…
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