Football – Ligue 1 : Le Stade Rennais battu par Brest, proche du gouffre (1-2)

Ludovic Blas tête dans les mains
Malgré un nouveau bon match sur le plan personnel, Ludovic Blas n'a pu empêcher la défaite des siens @crédit photo JRS

Jamais depuis 1983-1984, le Stade Rennais n’avait autant perdu ! Onze défaites en 18 matchs, et une phase retour démarrée comme s’était achevée l’aller. Les « Rouge et Noir » ne vont pas mieux et s’enfoncent, match après match, dans une crise qui va finir par rappeler les heures les plus compliquées du club dans l’élite.

Après avoir tutoyé les sommets européens et pris part à la Champion’s League, il y a un peu plus de trois ans de cela, le voici désormais clairement engagé dans la course au maintien. Le foot va vite, si vite…

Face à Brest, un adversaire qui avait marqué les esprits lors de sa dernière visite au Roazhon Park en s’imposant (4-5), il fallait une réaction. Le coup de gueule dans la semaine de Fréderic Massara couplé à la longue interview en mode colère d’Arnaud Pouille chez nos confrères de Ouest France ne devait pas rester sans écho. Pour certains, il y a eu réaction.

Un peu d’humilité serait la bienvenue…

A commencer par Jorge Sampaoli, qui se demandait encore en conférence de presse  » comment son équipe, avec 23 occasions, n’avait pas pu s’imposer face à une équipe de Brest qui n’a rien fait pour gagner «  ou qui a « apprécié la seconde période de son équipe, battue sur des erreurs de débutants. »

Concernant l’adversaire, l’humilité, dans la situation actuelle serait la bienvenue. Brest fait ce qu’il sait faire et ne s’invente pas des qualités qu’il n’a pas. Dans ce derby, il a fait au mieux pour l’emporter, se montrant solidaire, cohérent à défaut d’être génial, et efficace dans les deux surfaces.

Avant de fustiger l’adversaire, le technicien argentin pourrait aussi regarder à deux fois un schéma tactique qui ne marche pas du tout, comme en témoignent les trois défaites concédés jusque-là en 2025. Expliquer aussi le placement de Seko Fofana, ailier droit puis numéro 10, dixit le coach, avant de retrouver une place dans l’axe après l’heure de jeu bien plus adaptée à ses qualités.

Nous expliquer aussi pourquoi cette défense à trois est maintenue, alors qu’elle ne cesse, quels que soient les joueurs alignés, d’offrir situations et buts aux adversaire de par sa fébrilité et son manque d’affinité.

Nous expliquer enfin pourquoi les rares joueurs techniques et créatifs de l’effectif, Jota et Gronbeak, ne sont même plus dans le groupe…Pointer les désirs des uns et des autres est aussi une manière relativement simples d’évacuer la question réelle de choix réalisés par le staff, et personne d’autres…

Brest efficace, Rennes en panne

Passons donc pour l’analyse, que nous ne partagerons que très partiellement, de la partie, même si il est vrai que les Rennais pouvaient prétendre à meilleure récompense au vu des efforts déployés. Ceux-ci, certes, ont été fort désordonnés et inégaux mais ont existé, contrairement à la honteuse prestation réalisée à Troyes en coupe de France ou au piteux revers de samedi dernier face à l’OM.

En première période, Rennes a, par deux fois, l’occasion d’ouvrir le score. D’abord sur un déboulé de Lorenz Assignon, ponctué d’un tir trop croisé (5′) puis sur une tête de Christopher Wooh repoussée par Marco Bizot, avec un gros cafouillage dans la foulée non concrétisé par Arnaud Kalimuendo (10′).

L’entame interessante des Rennais n’est malheureux qu’un feu de paille et la rencontre s’enlise dans un faux-rythme, parfaits pour des visiteurs qui s’offrent deux premières incurssions dangereuses par Mama Baldé.

Sur la troisième, les joueurs d’Eric Roy font mouche. Seul aux 20 mètres suite à un corner mal repoussé, Hugo Magnetti a tout son temps pour ajuster Brice Samba d’une frappe sèche au ras du poteau gauche. Brest passe devant (0-1, 27′).

Ayant cessé sa grève des encouragements depuis la 20′, non sans avoir déployé bon nombre de banderoles hostiles, le RCK s’emploie à bouger son équipe mais la révolte ne renverse pas des Brestois sereins mais néanmoins sauvé juste avant le repos par la barre, sur une frappe contrée depuis l’extérieur de la surface du très discret Jordan James (45′).

Après la pause, le Stade Rennais est bien décidé à revenir,et vite mais Brest tout proche de réussir le casse parfait d’entrée. Parti en solo, Mama Baldé se présente dans la surface devant Brice Samba mais butte sur le nouveau gardien rennais.

A l’heure de jeu, Amine Gouiri remplace Jordan James et Seko Fofana reprend place au milieu de terrain. Cela tombe bien, le joueur confiera après la rencontre préférer évoluer sur ce poste-là. Nous aussi…

Ajorque climatiste le Roazhon Park…

Pour autant, Rennes ne parvient pas à être organisé dans ses intentions et les tentatives sont trop isolées les unes des autres pour faire chavirer l’embarcation finistérienne.

Ludovic Blas, une nouvelle fois parmi les meilleurs rennais, est tout proche du bonheur de la tête sur un centre parfait de Seko Fofana mais sa tête retombe juste derrière la barre de Marco Bizot, pourtant lobé (68′).

Brest fait le dos rond et comme souvent dans pareil scénario, vient piquer au pire des moments. Sur une perte de balle au milieu de terrain, le contre est lancé à vive allure. Sima, alerté côté gauche déborde Hateboer, trop lent, et trouve au centre Ludovic Ajorque, qui climatise le Roazhon Park (78′). Ce joueur si précieux, puissant rapide et mobile, un temps évoqué à Rennes qui lui préféra Henrik Meister…

Devant avec deux buts d’avance, Brendan Chardonnet et ses coéquipiers ne savourent cependant pas longtemps leur avance. Enfin récompensé, Ludovic Blas reprend avec précision un centre tout aussi fin d’Amine Gouiri pour offrir au public un gros dernier quart d’heure (1-2, 77′).

Quelques opportunités, plus brouillonnes que dangereuses, s’offrent alors à Ludovic Blas, Amine Gouiri ou Arnaud Kalimuendo mais quand ça ne veut pas… Marco Bizot n’est pas le premier venu et s’interpose parfaitement sur chacune des frappes, souvent trop lisibles, des Rennais.

Il est en revanche décisif sur l’ultime tentative, à la 95′, signé du jeune Mohammed Meité, qui dans un angle fermé frappe fort sur le but et trouve le pied puis le poteau du gardien brestois. Quand ça ne veut pas…

Rennes s’incline ainsi une quatrième fois de rang en ce mois de janvier totalement catastrophique, et pourrait glisser à la quinzième place ce dimanche en cas de vainqueur dans le duel Saint-Etienne – Nantes. Une hérésie au vu des dépenses effectuées l’été dernier et des ambitions d’un club qui doit désormais sauver sa peau avant tout autre discours.

Une quinzaine à venir lourde d’enjeux et décisive pour la suite

Si dans les intentions et parfois sur certaines séquences, il y a bel et bien eu du mieux face à Brest, le résultat final est le même et le constat terrible tant la production d’ensemble reste terne et limitée, tant techniquement avec des joueurs en plein doute, sans joie ni rage que tactiquement avec des choix répétés et parfois incompréhensibles, qui n’aident en rien l’équipe à retrouver un brin de confiance.

Avec Monaco à Louis II samedi prochain puis la réception du pénible Racing Club de Strasbourg dans quinze jours au Roazhon Park, le calendrier n’est pas aisé et les points seront difficiles à prendre, au vu des copies rendues depuis la reprise.

Si vous y ajoutez une fin de mercato qui s’annonce très tendue et capitale pour la suite des événements, l’avenir de Frederic Massara, de plus en plus contesté, la création du « Loft » et des supporters contenant de moins en moins leur colère, le ciel semble bien sombre au-dessus d’un Stade Rennais en crise et la quinzaine à venir décisive ! Attention, cela n’arrive pas qu’aux autres…

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.