Yoann Richomme, le skipper de Paprec Arkéa, a remonté le chenal le 18 octobre, avant l’aube. Le bateau est arrivé à bon port. place désormais aux moments conviviaux et de partage avec les partenaires. c’est aussi le temps des médias et de repos et de préparation physique. Objectif ? Profiter tout en rentrant progressivement dans la course en attendant le départ le 10 novembre.
Les sourires et la bonne humeur sont perceptibles sur les pontons du Vendée Globe alors que le jour n’est même pas levé. Yoann Richomme s’est amarré vers 7 heures ce vendredi et une partie de l’équipe l’entoure.
La satisfaction d’être là, de concrétiser tous les efforts réalisés ces derniers mois mais aussi le plaisir simple d’avoir rempli tous les objectifs affichés pendant le convoyage sont au rendez-vous : « On a eu de super conditions de 15 à 20 nœuds de vent, introduit Yoann Richomme. Cela nous a permis de tester toutes les configurations de voile, les ballasts, les systèmes de charge, de communication ». En somme, « une bonne liste de travail » passée en revue avec application. L’occasion, aussi, de « profiter du bateau » collectivement.
« Le fait de voir le village et toutes les installations éclairées, ça fait quelque chose, on comprend tout de suite que c’est le Vendée Globe »
Cette dernière navigation avant le départ avec deux nuits en mer a aussi été « un bon moment en équipe. Nous étions six à bord, ce qui nous a permis de bien nous reposer et surtout de passer des moments vraiment sympas », sourit le skippeur. Les conditions ont contribué à « être plus relâché et profiter du bateau sans être à fond comme en entraînement ou en course. C’était agréable de naviguer tranquillement, de revoir tous les systèmes, de s’attacher aux moindres détails et de prendre le temps aussi », poursuit Yann Eliès, skipper remplaçant et également présent à bord lors du convoyage.
Place, donc, au village inauguré le lendemain, en présence de l’ensemble des skippers. « Le fait de voir le village et toutes les installations éclairées, ça fait quelque chose, on comprend tout de suite que c’est le Vendée Globe, assure le skipper Paprec Arkéa. C’est fou de se dire que bientôt, il y aura la foule partout ! » La période du village est particulière puisqu’il s’agit de la plus longue de la course au large (21 jours). Après l’inauguration, le marin a ainsi répondu à de nombreuses sollicitations avec les médias, l’organisation et les partenaires.
« Profiter du moment tout en restant en forme »
Des collaborateurs et clients de Paprec ainsi que des administrateurs et clients du Crédit Mutuel Arkéa sont également invités en nombre pour participer à cette grande fête populaire. Un contraste entre la densité de population, de rencontre et la solitude à venir en mer, forcément saisissant dans lequel le mental doit garder ses repères : « Nous avons essayé de tout baliser en amont afin que je puisse me reposer et rester concentré », précise le skippeur.
Ainsi, après plusieurs jours de présence, Yoann s’en est retourné en Bretagne profiter de sa famille et de ses proches avant de revenir aux Sables d’Olonne lors de la dernière semaine. Au programme, quelques séances de préparation physique et mentale, toujours dans cette idée de garder un maximum de fraîcheur avant le départ.
Une organisation pertinente aux yeux de Yann Eliès, qui compte deux participations au Vendée Globe : « C’est important, même si c’est difficile, de hiérarchiser les sollicitations et être capable de dire non pour se préserver et être le moins fatigué possible le Jour J ». Une question d’équilibre sur laquelle Yoann Richomme est un homme averti : « Nous sommes organisés à la fois pour que je puisse profiter du moment tout en restant en forme pour le grand départ ». Un départ à ne manquer sous aucun prétexte le 10 novembre depuis les Sables d’Olonne.
Voile – Yann Eliès : « Yoann Richomme est fait pour le Vendée Globe »
Il fait partie des skippers les plus expérimentés de la classe IMOCA. Yann Eliès a accompagné Yoann Richomme toute la saison 2023 et a été désigné comme skipper remplaçant par Paprec et le Crédit Mutuel Arkéa. Il se dit « très touché » par cette proposition et apprécie de pouvoir accompagner Yoann jusqu’au top départ. Yann Eliès raconte cette nouvelle mission et son regard bienveillant sur les prochaines semaines de Paprec Arkéa.
Tu es membre de l’équipe, tu as participé au développement du bateau en tant que co-skipper en 2023… L’équipe et Yoann sont prêts à relever ce grand challenge qu’est le Vendée Globe ?
Oui, je crois qu’ils sont très bien préparés ! Après avoir participé à toute la saison dernière, j’étais moins présent ces derniers mois. J’ai pu naviguer à bord récemment, en septembre et en octobre, et j’ai vu l’évolution, tous les détails qui ont été mis en place et qui ont permis d’améliorer encore un peu plus la performance. Yoann finit toujours ses courses, il a de bons résultats et l’équipe semble sereine. Ce sont des signes qui ne trompent pas !
Tu es skipper remplaçant de Yoann… En quoi consiste ton rôle ?
C’est d’être prêt à partir au cas où il se passe quelque chose. J’ai rempli le même dossier administratif que les skippers qui y participent. Mais bien entendu, ce n’est pas mon souhait de faire le Vendée Globe. Je suis là pour apporter mon soutien, partager mes connaissances et être prêt à prendre le départ si nécessaire.
Concrètement, cela me permet d’être opérationnel rapidement en cas de besoin. Mon rôle peut s’activer à tout moment jusqu’à 10 jours après le départ : Soit en cas d’empêchement majeur avant le départ : Si Yoann devait faire face à une blessure, une maladie ou un accident de dernière minute, je serais prêt à prendre sa place. Ou soit en cas d’incident dans les premières heures de course : Si Yoann rencontrait un problème nécessitant son retour aux Sables d’Olonne, je pourrais alors prendre le relais sur ce tour du monde.
Il est important de souligner que mon objectif n’est pas de remplacer Yoann, mais d’être une assurance pour l’équipe et les sponsors. Ma présence permet de garantir que le projet puisse continuer quoi qu’il arrive, tout en espérant que mon intervention ne sera pas nécessaire.
Quel est le premier grand point clé d’un Vendée Globe ?
Ce qui est essentiel, c’est d’accrocher le bon wagon après avoir contourné l’anticyclone de Sainte-Hélène dans l’Atlantique Sud. Il y a des dépressions qui peuvent permettre de filer dans les mers du Sud. Les premiers à en bénéficier pourront rapidement creuser des écarts. Or, en IMOCA, il est particulièrement difficile de rattraper un système météo. Après, comme toujours avec le Vendée Globe, il n’y a pas de scénario écrit d’avance !
Tu as fréquenté de nombreux marins. Qu’est-ce qui fait les particularités de Yoann ?
J’ai l’impression que ce qui le distingue des autres, c’est sa capacité à penser toujours au coup d’après. Il sait vivre le moment présent et en même temps, il a toujours un œil sur le coup d’après. C’est une façon très habile de vivre un projet d’un point de vue managérial mais aussi sportif. Par ailleurs, j’ai vraiment la sensation que Yoann est à l’aise, dans tous les éléments. C’est une certitude : il est fait pour le Vendée Globe.
Entretien réalisé par Isabelle Delaune