L’action la plus marquante de ce premier match de la 9ème journée de Ligue 1 sera finalement venue des tribunes. Alors que les joueurs s’offrent un très timide tour d’honneur, à l’issue d’une victoire très laborieuse pour ne pas dire plus, contre un Havre bien faiblard, une bronca s’élève depuis le RCK pour retentir dans tout un Roazhon Park clairement à bout.
La raison ? Un spectacle indigne d’un candidat à l’Europe dans un match ressemblant plus à un duel à couteaux tirés pour le maintien qu’ à une affiche opposant l’une des plus faibles équipes de Ligue 1, aux moyens ultra limités, à un prétendant à l’Europe devant faire la loi à domicile.
Bonjour tristesse, donc, à la sortie d’une rencontre sans occasion ou presque de part et d’autres, décevante dans l’animation et la production technique, très pauvre, notamment en seconde période et remplie de doutes pour la suite. Julien Stéphan, interrogé sur le sujet en conférence de presse, s’emploie encore à positiver au sujet des sifflets d’un public dit exigeant mais jusque-là surtout très patient : » Il y a des attentes. On n’a peut-être pas répondu à toutes les attentes du public ce soir, en tout cas s’il a réagit comme ça. Il faudra que ça nous motive davantage pour répondre encore mieux à ces attentes. »
Le peut-être n’est pas nécessaire. Comment se satisfaire d’une production de jeu où les repères sont absents, avec un nouveau schéma tactique à ajouter à ceux déjà utilisés, en vain, donnant l’impression d’être toujours en quête de la bonne formule, alors que novembre pointe son nez ?
Alors que l’Europe est l’ambition affichée, celle-ci semble si loin au moment où Arthur Desmas, le gardien havrais, n’a subi que quatre tirs cadrés : » Il faut quand même bien prendre conscience que ce qui est essentiel pour nous, c’est la victoire. Il faut la souligner, la retenir, elle est vraiment importante. La bascule dans ces cas de figure là ne se fait jamais par quelque chose qui devient tout de suite flamboyant. J’espère, j’envisage, et on a travaillé beaucoup pour encore s’améliorer et pouvoir les satisfaire davantage. »
Une rhétorique « la victoire avant tout » rappelant celle d’un sélectionneur national lui aussi dans le dur, une culture du résultat avant la manière à laquelle le public est clairement devenu réfractaire. Un courant à inverser, et vite…
Premier but délicieux pour Andres Gomez
Julien Stéphan le sait, il ne peut pas se contenter, et ses dirigeants non plus, d’une telle prestation même bonifiée de trois points. En dehors du très joli premier but sous les couleurs rennaises d’Andres Gomez (52′), d’un parfait enroulé dans le petit filet droit, peu ou aucun frisson à se mettre sous la dent. Une occasion pour Ludovic Blas en première période, sortie par Arthur Desmas, une seconde après l’heure de jeu pour l’ancien nantais, parmi les rares à tenter hier et c’est à peu près tout.
Jota a bien essayé deux ou trois petits dribles mais n’a pas pesé, Andres Gomez a fait son job sans pour autant crever l’écran mais trop de manques sur l’animation offensive viennent plomber le rendu d’une copie très pâle, à l’image d’un Gronbeak perdu et à côté de ses crampons. Devant, Arnaud Kalimuendo est toujours aussi peu influent et les alternatives manquent, l’entrée d’Amine Gouiri n’ayant guère changé la donne. Seule certitude, il y a du boulot ! En défense, si peu de boulot que difficile d’analyser les prestations des uns ou des autres. On notera tout de même les belles copies de Faye et Seidu, vraies satisfactions à ce jour des dernières semaines.
Une attaque fantôme
Face à d’autres formations, plus armées que Le Havre, dont le seul regret à l’issue de la partie sera de n’avoir jamais cherché à jouer ou d’avoir eu un arbitrage pas toujours favorable, ça ne passera pas. Cette formation se cherche, n’a aucune certitude et le passage à cinq en fin de match face à une attaque fantôme illustre le manque de confiance ambiant : » Il y avait deux numéros 10, 5 attaquants sur le terrain. Il y a encore des connexions à améliorer. Je ne sais pas si c’est le système qui nous a amené à être très présent dans les 35 derniers mètres adverses. Bien sûr qu’il doit être amélioré « .
Alors qu’arrivent au programme Auxerre et Toulouse, deux adversaires certes mal classés mais capables de bien meilleures productions que Le Havre, le Stade Rennais doit engranger des points pour revenir « dans le game » mais surtout, enfin, trouver son identité, son onze idéal et gagner en confiance, en qualité de jeu, paramètres indispensables pour performer et durer. Indéboulonnable depuis le début de saison, Azor Matusiwa était ce vendredi sur le banc, tout comme Baptiste Santamaria ou Hans Hateboer. Un banc auquel seuls Alidu Seidu, Adrien Truffert, Ludovic Blas et Arnaud Kalimuendo semblent sûrs d’échapper semaine après semaine. Pour les autres joueurs, tout reste à faire…
Maintenant, Auxerre puis Toulouse…
Pour Julien Stéphan également, lui que l’on annonçait ici et là sur un siège éjectable et fortement agacé en conférence de presse par les rumeurs le concernant. S’il enchaîne les victoires de la sorte, il ne regagnera certes pas tout de suite le cœur d’un public semblant clairement lui tourner le dos mais en revanche, du temps pour avancer et peut-être préparer des jours meilleurs.
Pour certaines défaites, on voit parfois des motifs d’encouragement, du positif. L’inverse prévaut aussi et Rennes n’a rien pour se gargariser après ces trois points ajoutés à la récolte 2024-2025. Comme après le nul arraché à Brest, ce Stade Rennais n’a pas convaincu du tout et se cherche encore. Jusqu’à quand ?
Sur la composition et les atermoiements ambiants, Julien Stéphan conclut : » On a recruté des ailiers pour jouer en 4-2-3-1 ou 4-3-3 mais ils n’étaient pas disponibles. On s’adapte désormais. On met un système en adéquation avec ce qu’on avait imaginé en début de saison. »
Seule certitude, le public et les observateurs de la Ligue 1, eux, n’avaient pas imaginé un début de championnat si poussif, où Rennes est encore néanmoins en vie à condition d’enchaîner avec six points à prendre impérativement à Auxerre puis face à Toulouse. La condition pour espérer revenir dans le coup, et s’offrir une trêve apaisante et positive aux allures de havre de paix. Et ça, tout le monde en a clairement besoin !