À l’instar de l’équipe fanion, les espoirs du REC Rugby poursuivent leur développement. Après une saison en Reichel Espoirs l’année passée, l’entraîneur principal Thierry Aussillous a pu observer l’écart qui séparait encore le REC des formations professionnelles. Il nous explique le fonctionnement chez les espoirs « Noir et Blanc ».
Joueur, éducateur, coach de l’équipe une et dorénavant entraîneur principal des espoirs, Thierry Aussillous a tout connu depuis son arrivée au REC Rugby en l’an 2000. Le club a lui aussi bien grandi et continue de se structurer : « Avant, c’était un club totalement composé d’étudiants, alors que maintenant, les étudiants sont chez les Espoirs. L’équipe première, qui est une véritable locomotive pour le club, a permis d’avoir des infrastructures.
Avec Jean-Marc Trihan, nous sommes passés à des beaux outils de travail. J’ai connu l’époque où il n’y avait qu’un terrain de rugby aux Gayeulles pour toutes les équipes, alors que nous en avons cinq aujourd’hui. Le REC peut dorénavant franchir un gros cap sur sa formation et il y a le potentiel ».
Avec une cinquantaine de joueurs chez les Espoirs, dont 34 en double licences, l’accent est mis sur le double projet et l’accompagnement : « Ce sont tous des étudiants, donc ce n’est pas toujours simple d’aligner les entraînements, les matchs et les études, mais nous aménageons. Les doubles licences leur permettent de jouer avec un autre club et nous faisons en sorte d’avoir toujours 30 joueurs à l’entraînement.
« Il y a de plus en plus de jeunes qui participent aux entraînements de l’équipe première »
L’objectif est qu’ils puissent disputer entre dix et quinze matchs par an avec le REC ou avec leur autre club, en plus de certains qui sont avec l’équipe une. Il y a des bonnes ententes avec les clubs des environs et ça permet aussi aux autres clubs d’avoir des bons joueurs. Car finalement, 90% des jeunes vont alimenter les clubs alentours une fois le cursus terminé. C’est gagnant-gagnant ».
Le haut niveau ne sera pas accessible pour tous et dans ces âges, penser aux différentes orientations est primordial. Le club doit bien sûr préparer des compétiteurs, sans pour autant perturber des jeunes hommes en recherche de stabilité : « Il se passe beaucoup de choses dans ces âges-là et les jeunes se posent plein des questions.
Il faut allier le sport de haut niveau, avec de la concurrence et de l’exigence, ainsi que les études à côté, et ce n’est pas facile psychologiquement. Nous devons être vigilants pour les accompagner au maximum. Nous avons eu Gaël Dréan en Espoirs aujourd’hui au RC Toulon en Top 14, mais il n’y en n’a pas un comme lui tous les ans ».
L’objectif, en plus de permettre aux jeunes de s’épanouir même s’ils n’accèdent pas au haut niveau, est aussi d’alimenter l’équipe première du REC Rugby. Avec une quarantaine de joueurs sous la houlette de Kévin Courties, il y a forcément des places à prendre, ou en tout cas la possibilité de se montrer, même si l’écart est parfois grand : « Sur des postes clés comme la première ligne, il y a encore des deltas très importants.
« L’année dernière en Reichel, nous nous sommes rendu compte du fossé qu’il y avait »
Néanmoins, il y a de plus en plus de jeunes qui participent aux entraînements de l’équipe première. Une douzaine d’espoirs s’entraînent régulièrement avec eux et trois ou quatre font des feuilles de matchs ». Et les résultats de l’équipe fanion ont un impact direct sur les espoirs.
Avec la montée en Nationale l’année passée, la jeune garde rennaise a découvert l’Espoirs Reichel Accession, division la plus élevée pour les jeunes joueurs. En face, l’équivalent des équipes réserves des clubs professionnels : « L’année dernière en Reichel, nous nous sommes rendu compte du fossé qu’il y avait et nous essayons de nous rapprocher de ce niveau »
Le staff a notamment été étoffé. Un préparateur physique, un entraîneur de la mêlée, deux pour les trois-quarts, un docteur référent, trois kinésithérapeutes, un arbitre, un vidéaste qui suit le groupe sur tous les matchs et cinq bénévoles. Tout ça, rien que pour l’équipe espoirs.
Qualifiés pour la poule haute
Redescendue en espoirs M1 suite à la descente du REC Rugby, il a fallu s’adapter avec des contraintes différentes : « La saison dernière, c’était un championnat de moins de 21 ans, tandis qu’aujourd’hui, c’est un championnat de moins de 23 ans.
Nous avons fait le choix de jouer avec une majorité de joueurs de 20 ans afin de les préparer au mieux en cas de montée de l’équipe première, et donc de facto, de notre équipe Espoirs ». Un risque assumé de la part de Thierry Aussillous et qui porte ses fruits : « C’est compliqué pour nos jeunes d’évoluer face à des joueurs plus âgés, mais l’objectif est totalement rempli.
Nous nous sommes qualifiés pour la poule haute qui regroupe les douze meilleures équipes à ce niveau et nous avons développé beaucoup de jeunes. Nous sommes encore dominés en mêlée, mais beaucoup moins. C’est un risque de faire jouer des plus jeunes, quitte à mettre la compétition un peu de côté, mais nous les formons ».
« Le fait aussi que les budgets soient de plus en plus difficiles à tenir, les équipes font davantage confiance aux jeunes »
Les contacts avec Kévin Courties et son staff sont réguliers, et le jeu offensif prôné par le REC Rugby se retrouve également chez les Espoirs : « Il y a les mêmes idées générales et la même philosophie. Nous nous adaptons juste en fonction de nos forces. Ils viennent voir les jeunes et ils les connaissent. Le fait aussi que les budgets soient de plus en plus difficiles à tenir, les équipes font davantage confiance aux jeunes ».
Seul bémol encore chez les Espoirs, la détection : « Ça fait partie des points à travailler. Nous devons nous développer pour aller chercher des joueurs. Pour l’instant, la chance que nous avons, c’est que Rennes est une grosse ville étudiante et ce sont les jeunes qui viennent à nous ». Tout ne peut pas encore être parfait, mais l’équipe Espoirs – comme le club – continue de grandir et de se développer car plus que jamais, demain c’est déjà aujourd’hui.