Si la situation, compliquée, n’a rien de rédhibitoire, la dynamique du CRMHB peut interpeller avant de terminer la phase aller chez le PSG, face à Chambéry puis à Aix. Surtout en intégrant dans la réflexion la première partie de l’année civile 2023 aux chiffres déjà très moyens.
Le sport est affaire de personnes, de jeu, de rapports de force ou de dynamiques, positives ou négatives. Le sport, ce sont aussi les émotions, l’inexplicable… Le sport, ce sont enfin les chiffres, pas toujours une science froide et exacte, mais qui demeurent un réel indicateur pour les paramètres précédents. Si les sensations et ressentis demeurent prioritaires sur le terrain de la réaction à chaud, ces fameuses stats donnent une autre dimension à ce que l’on voit, au moment de l’analyse plus profonde. Et là, quelques vérités peuvent émerger. Parfois crues et sans pitié. Et à ce petit jeu-là, l’année 2023, dans sa quasi-intégralité, vient confirmer la sensation d’une équipe cessonnaise sur la mauvaise pente dans ses résultats et ses performances. S’il n’y a pas le feu en la demeure, l’état d’esprit demeurant irréprochable et l’investissement des joueurs incontestable, plusieurs foyers bien identifiés alertent et confirment qu’il faudra les éteindre rapidement et redresser la barre en 2024 pour s’éviter un final incertain et potentiellement fatal.
Avec 16 points pris au total sur l’année civile 2023, depuis janvier (soit à cheval sur la saison 2022-23 et celle en cours 2023-24), le CRMHB affiche une faible moyenne de 0,61 point par match, avant la réception d’Ivry : soit 7 victoires, 2 nuls et 17 défaites sur 2023… Ce bilan sur 26 matchs (soit l’ancien format du championnat à 14 équipes) équivaut au parcours d’une formation bouclant son championnat à la… 14ème place, soit juste au-dessus de la zone relégation. Lors des deux dernières saisons, en 30 matchs (championnat à 16 équipes), la descente s’était actée à 12 puis 14 points. Un premier signal d’alerte, à relativiser mais démontrant qu’il faudra en faire plus pour être plus tranquille, et déjà à l’abri.
Autre chiffre qui « tue », beaucoup plus inquiétant, le bilan à domicile des Cessonnais : seulement deux victoires en 2023, contre Dunkerque en avril dernier puis pour démarrer le championnat actuel contre Saran. Pour le reste, un nul face à Chambéry et dix défaites, qui révèlent, quelles que soient les circonstances de ces revers, un vrai mal-être à domicile, quand la Glaz Arena était pourtant devenue un bastion très compliquer à venir conquérir en 2022…
Si le public reste fidèle, poussant son équipe et la sanctionnant de sifflets ou grognements seulement quand les combats ne sont menés tête haute, la victoire devient indispensable pour rebondir. Gagner à la maison est souvent source de confiance, de repères et de stabilité. Cette absence-là fait mal et chaque revers ajouté vient un peu plus instiller le doute et la peur de mal faire devant ses supporters. Face à Ivry, puis Chambéry, les Irréductibles peuvent adoucir la note de l’année et retrouver un peu de sève avant la trêve.
Seulement deux victoires à domicile en 2023, sur 13 matches…
Pour ce faire, il faudra néanmoins rehausser le curseur, à commencer par la défense, point fort des Irréductibles la saison passée : meilleure défense de l’exercice précédent, l’arrière-garde bretonne est à ce jour 7e à ce classement et bien plus en difficulté. Dans l’œil des observateurs, les performances d’Arnaud Tabarand, notamment, et de sa doublure Milos Mocevic, qui peine à se hisser au niveau de la Starligue : « Les critiques font partie du métier et je les accepte sans problème quand elles sont méritées ». Dans les colonnes de Ouest France, le Béarnais ne se défile pas. Pas le genre du gaillard, expérimenté, qui ne va pas se flageller davantage et redouble de travail au quotidien, pas plus qu’il ne se prenait pour un autre l’an passé quand il réalisa la saison de sa carrière, avec des chiffres exceptionnels : 33 % d’arrêts sur la saison ! Encore à 30 % d’arrêts sur la seconde partie de la saison précédente, en début 2023, l’ancien portier d’Istres est tombé à 23% et une moyenne de 6 arrêts par match cette saison, contre 10,3 entre février et juin.
Les facteurs d’explications sont évidemment collectifs, avec une animation défensive moins efficace et solide. Mais les carences sont aussi individuelles, avec par exemple une commotion cérébrale en coupe de France début septembre pour Arnaud Tabarand, qui y a laissé trois dents et des difficultés à retrouver ses sensations : « Certains mettent un an à se remettre d’un choc comme celui-ci… », se remémore le portier cessonnais dans Ouest France. Lui, le battant exigeant avec les autres et avec lui-même, n’a pas traîné pour revenir très vite et ne ménage pas ses efforts tout au long de la semaine. Sa dernière prestation de novembre contre Limoges laisse présager un rebond (10 arrêts) indispensable pour le retour de jours meilleurs.
Un gardien qui performe, ce sont aussi des contre-attaques possibles, du jeu rapide et la possibilité de sanctionner l’adversaire à la planche à score. Une grosse défense aide aussi un portier, quel qu’il soit et l’ensemble doit aller vers un équilibre et une stabilité toujours recherchée aujourd’hui. Ajoutez à cela les blessures ici et là et l’impossibilité de pérenniser les bases d’un nouveau système et voilà Cesson aujourd’hui engagé dans la lutte pour le maintien avec des équipes programmées, elles, pour le bas de tableau et qui ont intégré de cumuler les défaites, mais n’entendant pas pour autant recevoir gifle après gifle toute la saison, à l’image de Dijon, vainqueur à Dunkerque dernièrement… Si même le bas de tableau se rebiffe et réalise quelques coups, le minimum syndical pour le maintien s’en trouvera relevé…
Une solidarité gage de jours meilleurs à tous les étages
Avec pour le moment 0,27 point par match, les joueurs de Sébastien Leriche qui ont haussé leur efficacité en attaque (28,6 buts de moyenne pour le moment contre 26,6 sur la première partie de l’année 2023) sont préparés à lutter pour le maintien. Ils ont le droit de reprendre leurs aises et leurs distances avec la zone rouge avant la trêve si possible, sinon il faudra « faire le job » lors des matchs retour également. Rien ne sera acté au moment de la trêve des confiseurs, dans un groupe où tout le monde tire dans le même sens, des joueurs aux dirigeants. Ceux-ci savent la difficulté d’exister dans un championnat de plus en plus dense et relevé, avec des équipes toujours plus étoffées sur les terrains comme sur les fiches de paie. Cela ne fait pas le match, mais le conditionne et pèse sur une saison. La solidarité présente au club reste un gage de jours meilleurs à tous les étages et le staff n’a aucune raison d’être bougé ou changé prématurément, le travail étant au rendez-vous, bien que mal récompensé.
Et puis, il est improbable qu’un technicien, actuellement sans poste, détienne une baguette magique pour faire mieux avec un groupe actuel manquant surtout cruellement de confiance en ses moyens, plus qu’en son staff… Le succès rapporté de Nîmes l’a prouvé, les Irréductibles valent mieux que la démonstration chiffrée de l’instant et Sylvain Hochet et ses coéquipiers, piqués au vif ou abasourdis face à cette réalité, vont s’attacher à le prouver.
En 2024, le CRMHB devra prouver sa capacité à rebondir et à changer les choses. Aucun doute, il en a les moyens, le talent et le cœur, malgré des limites actuelles qui n’ont pour autant rien de définitif. Il devra y ajouter constance, froideur dans la gestion des moments chauds, et réalisme. Le spectacle peut bien attendre, même s’il reste le bienvenu, l’heure est au rebond (et aux victoires), dès que possible !