C’est indéniable, les soirées européennes ont un parfum spécial, loin des tumultes du championnat. Parfois, un joueur ou un groupe s’y forge ou s’y révèle. Si la victoire face au Panathinaïkos, qui plus est en infériorité numérique pendant près d’une heure, ressemble fortement à un match fondateur, la prochaine étape vers le redressement, à domicile contre Lyon ce dimanche, sera tout aussi importante, sous peine d’effacer d’un revers de main cette embellie du jeudi. Bruno Genesio prévient : « Ce soir, nous sommes très contents. Nous avons fait le job et nous avons pris une option, mais, dès dimanche, j’attends de mon équipe qu’elle renouvelle la même chose. J’insiste beaucoup là-dessus, tant que nous aurons cet état d’esprit, nous serons performants. Je mets tout le monde en garde, pas que mes joueurs. Je ne suis pas venu à Rennes pour jouer la dixième place et je ne suis pas venu pour faire des tours d’honneurs lorsque nous gagnons un match. Je suis venu pour remplir les objectifs. Dans le football de haut-niveau, nous devons tout le temps être comme nous avons été ce soir, pas une fois de temps en temps. Il faut bien en prendre conscience et c’est tout le club, pas que les joueurs ». Une mise en garde qui fait écho au début de saison plus que poussif des « Rouge et Noir » en championnat. Car, malgré la victoire, la première période fut également laborieuse : « Nous avons eu la réussite de marquer mais ensuite, nous avons un peu trop reculé et nous avons laissé le contrôle du jeu à cette équipe, qui a de bons joueurs offensivement ». Titularisé en soutien d’Arnaud Kalimuendo, Fabian Rieder trouve l’ouverture sur coup-franc, bien aidé par une énorme bourde du portier grecque (1-0, 9’). Une ouverture du score précoce qui ne va pourtant pas libérer les Bretons, bien au contraire. Le Panathinaïkos met le pied sur le ballon et annihile toutes les velléités offensives rennaises. Sur un long ballon, la défense du SRFC ne parvient pas à se dégager et Jeanuël Belocian tire par le maillot Fotis Ioannidis dans la surface de réparation. Si le jeu continue, la VAR interpelle l’arbitre de la rencontre. Après visionnage des images, l’arbitre désigne le point de pénalty et expulse le défenseur rennais. L’attaquant grecque se fait justice lui-même et égalise (1-1, 33’). La double peine et un scénario qui semble une nouvelle fois aller dans le mauvais sens : « Nous avons concédé ce pénalty et cette expulsion de Jeanuël, mais je pense que ça nous a permis d’avoir un élément déclencheur qui a sonné la révolte, avec quelques joueurs qui ont été à l’origine de celle-ci. Celui qui a été déterminant, c’est Nemanja Matic, et il a entrainé tout le monde avec lui. J’ai beaucoup apprécié la réaction collective de mon équipe, mais je pense qu’il a été l’un des éléments essentiels. Notre groupe est jeune et il a la chance de côtoyer un tel champion. Il faut qu’ils apprennent et qu’ils soient très à l’écoute de tout ce qui peut leur dire parce-que ce soir, il a montré un peu toute la palette de ce qu’il faut pour être un joueur de très haut niveau ». Au four et au moulin, le Serbe rassure, oriente et se projette, une dernière facette de son jeu trop peu entrevue depuis le début de saison. Au terme d’un premier acte difficile, Rennais et Athéniens sont dos à dos (1-1).
« À la mi-temps, j’ai senti mon équipe très sereine malgré le fait d’être à dix contre onze. Nous savions que nous aurions des opportunités pour marquer. Evidemment, nous avons montré de la solidarité et de l’abnégation, mais il y a aussi beaucoup de qualités dans cette équipe. Lorsque nous avons l’essentiel, à savoir l’état d’esprit, les qualités s’expriment plus facilement derrière », poursuit Bruno Genesio. À l’heure de jeu, l’entraîneur rennais décide de faire trois changements et fait rentrer Baptiste Santamaria, Ludovic Blas et Ibrahim Salah. Un coaching gagnant ! Sur un contre emmené par Enzo Le Fée, le milieu de terrain trouve Ludovic Blas. Le numéro 11 rennais voit sa frappe déviée mais Ibrahim Salah a bien suivi et conclut dans le but vide (2-1, 65’). Quelques minutes plus tard, sur un ballon mal négocié par la défense du Panathinaïkos, Nemanja Matic récupère le cuir dans la surface de réparation. Le milieu rennais crochette son vis-à-vis et se retrouve au sol, touché par son adversaire. Pénalty logique mais à l’expérience, aussi ! Ludovic Blas ne se pose pas de questions et envoie un missile plein fer pour le break (3-1, 70’). Bien en place défensivement, Rennes ne concède qu’une seule véritable occasion par la suite, mais la frappe d’Andraz Sporar fuit le cadre de Gauthier Gallon. Si Ludovic Blas trouve la barre transversale en toute fin de match, le score n’évolue plus et le Stade Rennais s’impose logiquement bien qu’en infériorité numérique (3-1).
« Je tiens à féliciter tout mon groupe. Les joueurs qui ont débuté, ceux qui sont rentrés et ceux qui n’ont pas participé, parce-que nous avons montré un visage comme j’aime et qui est indispensable pour la performance de haut-niveau », acquiesce l’entraîneur des « Rouge et Noir » à la fin de la rencontre. Une nouvelle éclaircie européenne qui doit maintenant appeler à un rebond en championnat. Le match de dimanche face à lanterne rouge lyonnaise est déjà crucial pour la suite, avec cet état d’esprit, véritable curseur de ce début de saison. Dimanche, pas le choix, il faudra faire le travail face à Lyon et gagner. Aucune autre alternative ne peut être envisagée, au risque de dire au revoir aux belles ambitions de l’été.