Neuvièmes deux saisons de suite dans un championnat de plus en plus dense, les Irréductibles ont de l’appétit et visent l’une des huit meilleures place au festin Liqui Moly Starligue. Mais ils ne seront pas les seuls et devront jouer des coudes pour confirmer une progression qui n’empêche pas de garder l’œil dans le rétro, entre lucidité et humilité.
C’est peut-être un détail pour vous mais pour eux, ça veut dire beaucoup. Au petit jeu des pronostics entre « spécialistes » sur les destinées à venir des 16 clubs de l’élite, le CRMHB est désormais peu cité parmi les équipes concernées par la lutte pour le maintien. Une nouveauté, méritée mais aussi fragile qu’anecdotique, tant elle n’offre aucune garantie sur la réalité à venir. Toujours dans le dernier quart du classement question budget, le club breton s’en est extirpé côté sportif.
« Ceux qui gagnent des titres, ce sont les meilleures attaques »
Une grande performance, que nous soulignions l’an passé, qu’il faudra cependant confirmer cette saison, avec des moyens corrects mais toujours restreints. Cela, Sébastien Leriche en reste plus que conscient : « L’ambition est toujours de faire aussi bien, voire mieux, mais cela ne dépend pas que de nous, explique le coach. Aujourd’hui, énormément d’équipes veulent faire un top 8, trop pour les huit places existantes. Il y aura forcément des déçus et nous ne nous prenons pas pour d’autres. Tout le monde s’est renforcé et notre réalité économique nous appelle à être humbles, à tous les niveaux. Nous devrons respecter tout le monde mais aussi, nous faire respecter.» Et ce si possible, d’entrée de jeu, face à Saran, promu à l’augmentation budgétaire d’un million d’euros aux allures de potentielle surprise de la saison. Un rendez-vous initial qui donnera sans doute le ton des nombreux combats à venir pour les Irréductibles !
Défait à huit reprises la saison passée à domicile mais beaucoup plus efficace à l’extérieur, le CRMHB doit déjà retrouver la formule pour refaire de la Glaz une salle imprenable, d’où l’on repart cabossé, les valises à points vides.
Fort de la meilleure défense et du gardien le plus efficace du championnat, avec Arnaud Tabarand auteur de la meilleure saison de sa carrière, il aura des acquis sur ce secteur de jeu, malgré une campagne de matchs amicaux posant question avec beaucoup de buts encaissés : « Nous avons des certitudes sur le plan défensif, avec des associations qui ont fait leur preuve l’an passé et qui nous offrent une certaine assise, confirme Sébastien Leriche. Lors des matchs amicaux, nous avons testé d’autres schémas, et aussi cherché à intégrer nos nouveaux joueurs. Nous sommes en quête d’équilibre et de stabilité et sur ce côté-là du terrain, j’avance avec confiance mais il va falloir rapidement se mettre à niveau. ».
« Prendre plus de buts, ok, pas de soucis mais prendre plus de risques aussi ! »
En sera-t-il de même de l’autre côté du terrain, où les Cessonnais n’ont pas assez performé la saison passée et terminé plus faible attaque du championnat ? Le changement est en route, notamment avec le recrutement du demi-centre Hakon Ekren, appelé à devenir le dépositaire du jeu offensif de l’équipe : « Il vient de l’école scandinave, son jeu est pragmatique et je pense qu’il va nous faire gagner en simplicité. Il a une culture tactique très élevée et veut exploiter les points forts de ses coéquipiers. A nous de le mettre dans les meilleures conditions et de lui donner les clés du camion pour continuer d’avancer ».
Plusieurs rencontres amicales bouclées au-delà des 30 buts donnent des motifs d’espoir au staff cessonnais mais le travail à accomplir en attaque reste conséquent, aussi tactique que mental : « L’ADN du club ne va pas changer, nous continuerons de défendre dur, de « cogner », c’est aussi le handball que j’aime et nous ne pouvons pas nous renier avec ce groupe-là, mais il va falloir évoluer. La défense agressive, c’est bien, mais ceux qui gagnent des titres, ce sont les meilleures attaques. Il faudra accepter de remonter plus rapidement les ballons, quitte à en perdre et ne pas économiser notre l’énergie sur ces phases au détriment du combat derrière. Prendre plus de buts, ok, pas de soucis mais prendre plus de risques aussi ! »
Le message est clair, limpide, et devrait ainsi définir un projet de jeu différent avec plus de vitesse, d’attaques rapides et de variété face aux défenses adverses : « On gagnera sans doute des matchs 22-20 mais ça ne pourra pas durer sur le long terme, prévient Sébastien Leriche. Dans les stats, plus qu’un chiffre, c’est le ratio qui importe et il faudra le hisser. J’en ai marre d’entendre qu’à Cesson, on n’est pas efficaces au tir. Nous devrons redoubler de travail, répéter les gammes et faire preuve de lucidité, d’analyse et de précision, ce, également en défense, pour confirmer. Notre championnat l’exige et sans ces ingrédients-là, nous savons que les choses pourront devenir compliquées ».
Pour repartir au combat, l’entraîneur cessonnais comptera donc sur son nouveau demi-centre norvégien, qui devrait partager le temps de jeu à la mène avec Romain Briffe, mais aura aussi une nouvelle paire sur la base arrière à droite, avec Daniel Mosindi et Mathieu Salou. Le second est déjà connu de la Glaz, avec l’expérience, même difficile, prise du côté de Nîmes en plus. Le premier s’est hélas blessé en préparation, avec une absence programmée pour plusieurs semaines : « Daniel a un profil très intéressant, en percussion, où les espaces libérés profitent à tous. Sa blessure est une vraie tuile car il offrait une option de plus. Nous avons un effectif où il y a peu de marge de manœuvre, nous le savons. Lors de la préparation, nous avons sans arrêt été en adaptation, ce qui ne facilite pas la mise en place d’automatismes. J’espère que nous trouverons très vite la stabilité. »
« Malgré les derniers résultats des amicaux, l’ambiance est très bonne et tout le monde tire dans le même sens »
Ludwig Appolinaire, capable d’évoluer quasiment partout, prendra probablement le relais lors des premières semaines qui verront les Irréductibles recevoir l’ambitieux promu Saran avant un calendrier XXL constitué de deux déplacements de rang à Nantes puis Saint-Raphaël, avant de recevoir Montpellier puis Toulouse : « L’an passé, notre calendrier avait été à l’inverse plutôt jouable. Là, ce sera compliqué d’entrée et nous allons être très vite au parfum d’une saison où tout le monde aura son mot à dire. A nous de rentrer dedans, d’être prêts et d’aller chercher un maximum de points et d’être aussi patients et confiants si ceux-ci peinent à venir. » La saison sera en effet longue et la lucidité sera une alliée lors des orages mais aussi précieuse pour freiner des euphories parfois disproportionnées.
Avec sa base de gars « sûrs » tels Sylvain Hochet, Arnaud Tabarand, Romain Briffe, Robin Molinié et Romaric Guillo, accompagnés des talents confirmés aux ailes de Youenn Cardinal, Théo Caussé et Junior Tuzolana, le CRMHB peut être serein. La jeunesse des Mathéo Briffe, Mathieu Salou, Daniel Mosindi, Axel Oppedisano et Kristian Ersted venant amener des options supplémentaires à un coach qui sait son vestiaires sain : « Les nouveaux ont été très bien intégrés. On sent des garçons heureux d’évoluer ensemble, désireux de démarrer et de retrouver notre public. Malgré les derniers résultats des amicaux, l’ambiance est très bonne et tout le monde tire dans le même sens ».
Une solidarité qui sera un strict minimum pour revivre des soirées de folie où le CRMHB fera tomber Nantes ou Montpellier, bougera le PSG, renversera Limoges ou ira dominer Saint-Raphaël sans sourcilier. Autant d’émotions vécues ces deux dernières saisons, encore en mémoire dans les travées de le Glaz et des salles de Liqui Moly Starligue. Avec l’envie d’y revenir, si possible dès cette rentrée même si l’Histoire est rarement la même d’une année à l’autre.