Au gré des conférences de presse d’avant-saison, dirigeants, staff et joueurs sont en accord sur l’ambition du club : aller chercher un podium et la Ligue des Champions. Des mots aux actes, il y aura neuf mois, longs, qui vont inviter à la contradiction, l’angoisse, l’euphorie et livreront un verdict sans appel. Regard sur une saison aussi excitante que décisive dans la croissance du club.
Menant deux buts à zéro en moins d’une demi-heure face au Havre, le Stade Rennais pensait prendre la tête du championnat et enquiller tranquillement une seconde victoire à la maison face au second promu au menu du début de saison. La réalité l’a rattrapé, sans vergogne, avec de surcroît deux points lâchés en fin de match en supériorité numérique… Il n’en fallait pas plus pour emballer la dernière semaine avec un mercato livrant ses dernières conclusions, après l’impression de ses lignes, mais surtout, le constat que deux mois après son ouverture, l’effectif n’était pas encore construit ou suffisamment équilibré pour partir en ordre de bataille.
L’anticipation, pourtant, semblait avoir été de mise. Ludovic Blas et Enzo Le Fée très rapidement signés, Gauthier Gallon en doublure puis plus tard, la plus-value expérience internationale manquante l’an passé en la personne de Nemanja Matic. Très séduisant et solide sur le papier, avec énormément de solutions se disait-on… à la condition cependant de ne pas perdre trop de monde ! Lovro Majer, qui aurait émis le souhait de partir, selon le club, rejoint ainsi Wolfsburg. Le Fée arrivé, on parle alors d’un remplacement poste pour poste. Le débat est ouvert…
Sans Majer, Doku et Traoré, un effectif vraiment plus fort ?
Quelques jours plus tard, SRFC concède ne pas pouvoir refuser une offre record historique pour Jérémy Doku, vendu à Manchester City pour près de 60 M€. Ne pas pouvoir refuser alors que le club a toujours affirmé ne pas avoir l’obligation de vendre, cela interroge aussi, même si bien sûr, un pareil montant n’est pas chaque jour possible à encaisser. Le joueur n’a jamais caché ses envies de Premier League et Rennes perd là aussi un profil totalement unique dans son effectif, capable de faire sauter n’importe quel verrou dans la forme qui était la sienne depuis six mois.
Ajoutez-y le départ libre d’Hamari Traoré, faute d’avoir trouvé un accord avec le capitaine si précieux des cinq dernières années, celui de Birger Meling pourtant pendant idéal d’Adrien Truffert et enfin Lesley Ugochukwu, qui pour le coup, ne pouvait vraiment pas se refuser à pareil montant. Résultat ? Un effectif amoindri quand certains le voyaient plus fort fin juillet… Les derniers jours de mercato indiquaient trois recrues minimum nécessaires, des noms comme ceux de Fabian Rider des Young Boys Berne au milieu de terrain ou Joël Matip de Liverpool en défense. Un numéro 9 type remiseur était aussi souhaité. Place ensuite au jeu…
Et là, plus de blague ! Terminé les faux-pas coupables comme la première période ratée à Lens ou les deux points lâchés face à Havre. Vouloir jouer le podium induit la maîtrise, l’efficacité et interdit de faire des cadeaux ou de se saborder. Contre Brest, Lille, puis à Montpellier et dans le derby face à Nantes, le Stade Rennais va réellement se jauger, montrer ce qu’il a dans le ventre et surtout, assumer son statut de prétendant au podium. Pour cela, il faudra montrer évidemment plus de maîtrise défensive, où le déficit de gabarit aérien (avant fin du mercato) n’est pas une excuse aux énormes sautes de concentration vues depuis le début de la saison. Steve Mandanda ne pourra pas rattraper chaque manquement et si la jeunesse induit des erreurs, elle doit aussi s’accompagner d’exigence.
Si la jeunesse induit des erreurs, elle doit aussi s’accompagner d’exigence
Au milieu de terrain, l’impact physique et la sérénité de Nemanja Matic devront permettre à ceux alignés à ses côtés de se projeter, de transpercer les lignes et d’oser apporter cette folie offensive, quitte à créer du déséquilibre. Si il est riche en manieurs de ballons, le Stade Rennais doit aussi progresser sur l’aspect imprévisible, frapper de loin, jouer la rupture plus souvent pour mieux surprendre. Le retour de Martin Terrier et un possible replacement de Benjamin Bourigeaud sur le côté droit seront aussi observés attentivement dans un premier bloc de match où les débuts européens des « Rouge et Noir » seront attentivement scrutés.
Avec un effectif qu’ils ont construit ensemble, Florian Maurice et Bruno Genesio ne pourront plus parler d’inexpérience ou de trop grande jeunesse. Impossible également de parler d’apprentissage sur une scène européenne où les Bretons s’avancent pour la sixième année de rang. Il faudra prouver que les erreurs et ratés d’hier, à l’image de l’élimination de l’an passé face à Donetsk, ont offert les enseignements pour ne pas revivre de jeudis noirs.
Avec un public déjà présent, qui ne demande qu’à s’enflammer et à confirmer sa montée en puissance, le Stade Rennais, riche d’une sérénité financière et d’un groupe de qualité, ne peut plus se cacher, que ce soit en Ligue 1 ou sur la scène européenne. L’heure de la maturité est là, celle de passer un cap également. Messieurs, à vous de jouer !