Au terme d’une saison conclue aux portes des play-offs, la coach principale du Stade Rennais Rugby, Anne Berville, revient avec nous sur une année particulière. Entre blessures, calendrier à rallonge et manque de visibilité, aucun sujet n’est éludé.
Quel constat tires-tu de cette saison ?
Plutôt décevant dans l’ensemble, avec seulement trois victoires, mais surtout des regrets sur des matchs où nous passons proches d’accrocher quelque chose. Il y a aussi ce résultat frustrant lors de la dernière journée à Lons. Nous rentrons bien dans le match mais nous connaissons un temps faible en fin de première période. Nous revenons avec des bonnes intentions mais ça ne tourne pas en notre faveur. Nous avons manqué d’expérience et de pragmatisme. Néanmoins, si nous avions accroché l’une des grosses écuries du championnat, nous n’aurions pas eu ce match couperet. Nous avons aussi souffert de l’éloignement entre les matchs.
Que vous a-t-il manqué pour aller chercher les play-offs ?
Il y a plusieurs facteurs. Nous avons bien préparé notre saison, mais nous n’avons pas eu suffisamment d’entraînements avec tout notre effectif. Certaines filles étant appelées en sélection ou en pôle. Nous avons aussi été pénalisés par pas mal de blessures sur des joueuses importantes, notamment contractées lorsqu’elles étaient en sélection. Ça été difficile mentalement avec peu de victoires, mais on a pu compter sur un noyau dur qui a tout donné. Elles méritaient mieux et nous devons dorénavant apprendre à haïr la défaite. Nous n’avons pas pu exploiter pleinement nos qualités. Évidemment, la saison entrecoupée ne nous a pas aidé non plus.
Structurellement, comment juges-tu l’évolution du Stade Rennais Rugby ?
Sur le plan sportif, il nous manque un entraineur pour l’équipe réserve. Plus généralement, nous sommes tout le temps en recherche de personnes prêtes à s’impliquer dans le club et nous manquons encore de monde. Pour le développement du club, l’idéal serait d’avoir une personne au quotidien avec les filles afin d’assurer un meilleur suivi. Pour ma part, je travaille à côté, et même si nous aimons travailler ensemble avec le staff, nous avons besoin de renfort. Ce n’est pas évident de gérer une saison quand tu manques de personnel. Nos dirigeants travaillent pour améliorer cela. Nous sommes aussi en retard sur les infrastructures. Nous nous entraînons dans une salle avec un parquet troué et il faut que nous puissions faire bouger les lignes. Ça passera sans doute par le développement des partenariats.
« La fédération doit trouver des solutions pour développer le rugby féminin »
Est-ce qu’il y déjà une projection sur la saison prochaine ?
Pas encore car nous attendons de recevoir le calendrier et la formule du championnat par la fédération. Ce qui est certain, c’est que ce sera une année très importante. Il y aura probablement un championnat avec les dix meilleures équipes l’année suivante et il y aura forcément une certaine pression. L’objectif reste le maintien et, en fonction de notre recrutement, pourquoi pas aller accrocher les phases finales. Cependant, nous devons déjà sécuriser notre place dans l’élite.
Il y a aussi un manque de visibilité du rugby féminin…
Effectivement c’est compliqué. Nous loupons des spectateurs, notamment lié au fait que nous soyons encore amateurs dans la division. Quand on voit ce qu’il se passe ailleurs, la fédération doit trouver des solutions pour développer le rugby féminin, et je ne crois pas qu’un championnat à dix équipes soit la solution. De notre côté, nous faisons le maximum avec nos moyens. Le REC Rugby a aussi participé à notre visibilité en annonçant nos matchs. Ça ne bouge pas assez vite et le sport féminin est encore en retard comparé à d’autres pays.
La saison se termine assez tôt, quel est programme pour la suite ?
Nous basculons sur le rugby à sept. Avec l’énorme trou qu’il y a entre la fin du championnat et la reprise, nous devons continuer à travailler. Nous combinons nos entraînements avec du rugby à quinze pour celles qui ne sont pas très rugby à sept. Nous continuons jusqu’à la fin du mois de juin, avec normalement une reprise prévue en août, en fonction du calendrier. Enfin, nous commençons à mettre en place la préparation physique pour la saison prochaine.