Il est des rivalités ancestrales, de territoires aux mille légendes sur fond de quêtes de « domination locale ». Et puis il y a celles, plus éphémères, dues aux affrontements à enjeu, répétés, laissant des traces. Entre le REC Rugby et Hyères Carqueiranne, une histoire est née depuis un an et risque de demeurer dans la mémoire collective de part et d’autre pour de longues années.
En juin 2022, le REC Rugby déjouait les pronostics en finale de Fédérale Une et remportait le premier titre de l’histoire du rugby breton en soulevant le Bouclier au nez et à la barbe de Varois, pourtant favoris au coup d’envoi. S’en suivie l’histoire que l’on sait, la montée, puis les retrouvailles, à l’automne, au Vélodrome. Deux formations en difficultés au classement et le REC s’imposait de nouveau, de peu… Hier, dans le Var, Munro (impeccable au pied avec 12 points) et ses coéquipiers ont pris une cinglante revanche en s’imposant logiquement 30-15, grâce à une puissance physique et une densité supérieure. Les deux essais signés Soto et Quérin en seconde période n’y ont rien changé et la conséquence est directe, sans appel : le REC Rugby est définitivement relégué en National 2, quand une victoire bonifiée aurait peut-être tout relancé. Hyères Carqueiranne tient sa revanche, froide et sans pitié, et les retrouvailles attendront à minima un an…
« On ne perd pas, on apprend »
Pour le reste, le REC Rugby a d’abord une année à terminer, en beauté si possible, avec deux réceptions et un déplacement (Narbonne et Bourgoin à la maison, Nice à l’extérieur) destinés à remercier supporters, partenaires, bénévoles pour une saison haute en intensité, en difficultés aussi mais surtout, en émotions. Une année découverte du troisième niveau du rugby français, dans une division comptant de multiples anciens joueurs internationaux ou ayant évolué en Top 14, ou du moins passés par les meilleurs centres de formation. Une saison d’apprentissage où chaque erreur fut payée cash par des Rennais manquant parfois de réalisme, parfois d’idées ou tout simplement, d’expérience et d’un niveau atteint au prix d’une « double-montée » inattendue mais prise avec appétit. « On ne perd pas, on apprend », disait Nelson Mandela et nul ne doute que les enseignements sont déjà nombreux pour la direction et le staff récistes, convaincus de l’intérêt de continuer ensemble une aventure démarrée en Fédérale 2 il y a plus de cinq ans. Aujourd’hui, le REC reste en pleine avancée, si l’on regarde au-dessus de la ligne d’horizon d’un simple classement. Avec l’arrivée du Pole Ovalie dans les mois à venir, destinée à offrir de vraies conditions d’entraînement et de vie digne d’un club de N1 ou N2, des compétences sur et autour du terrain et une foi en un développement progressif sur le terrain et en dehors, le REC ne régresse pas avec cette descente mais au contraire, poursuit plus fort sa progression. Difficile à lire ou à comprendre si l’on ne prend pas le temps de connaître ce club, les hommes le composant et écrivant son histoire au quotidien, loin d’un résultat positif ou négatif. Evident quand l’on sait par où et quoi sont passés ces garçons vaillants, courageux et capables de très bonnes choses sur le terrain, ne manquant pour le moment que d’expérience et de froideur au moment de conclure les temps forts. S’il descend d’un cran, le REC a fait honneur à ses couleurs et garde le cap de s’installer dans le top 50 de l’Ovalie hexagonale, avec l’ambition dès la saison prochaine, de se mêler à la lutte pour les phases finales et d’entrevoir de nouveau les lumières si plaisante d’une Nationale qui aura offert stades, ambiances, adversaires de haut vol et expérience à un club qui y reviendra, tôt ou tard. Avec, peut-être, une nouvelle histoire à y écrire mais surtout, des cartouches d’expérience pour le faire.