S’il convient de ne pas oublier d’un coup les deux mois écoulés et leurs nombreux enseignements sur le niveau réel du Stade Rennais et ses limites, la dernière semaine de février laisse entrevoir l’espoir d’une nouvelle série, avec trois victoires de rang (malgré l’élimination européenne) dont le derby à Nantes. Mars devrait statuer sur les réelles possibilités pour la fin de saison.
Dominer et remporter le derby avec la manière, comme à l’aller au Roazhon Park c’est bien mais le faire avec un brin de vice et de malice, un opportunisme et une efficacité retrouvée, ainsi que beaucoup de sueur et un gardien brillant, ça marche aussi. C’est peut-être même par-là que va passer le salut du Stade Rennais dans les semaines à venir, lui qui est encore groggy après les K.O successifs reçus ces dernières semaines dont la terrible désillusion de son barrage européen, perdu face au Shaktar. Coup de chance, un derby, remporté froidement puis un choc face à l’OM dans un Roazhon Park bouillant, sont là ! Non pas pour oublier, car beaucoup de choses sont à retenir, mais pour passer à autre chose, et vite. Car non, la Ligue 1 n’attendra pas les retardataires !
L’heure d’assumer choix et ambitions pour le tandem Genesio-Maurice
Sortis du Top 5 à l’issue d’une énième et très décevante défaite à Toulouse, le Stade Rennais sait qu’il doit aujourd’hui s’en remettre à ce qu’il sait le mieux faire tactiquement, le 4-3-3. Victorieux de Clermont, puis de Nantes, Bruno Genesio et ses hommes ont leurs certitudes dans ce système. Ils ont aussi repris leur place dans un Top 5 que lorgnent désormais des Lillois souvent brillants mais pas toujours efficaces tandis que Lens s’accroche pour y demeurer. Un temps largués, les « Rouge et Noir » sont revenus dans la roue de leurs concurrents, à quatre petits points de Monaco et des « Sang et Or » et six de l’OM, qui pourraient devenir trois en cas de succès dans ce choc attendu face aux Olympiens. Les raisons d’y croire existent côté rennais, toujours intraitables à domicile si l’on excepte la défaite en janvier face au LOSC, vainqueurs depuis de Strasbourg, Clermont et Donetsk. L’an passé, Rennes s’était imposé, 2-0, sans laisser de miettes aux phocéens. Ceux-ci arrivent avec la tête cabossée par un Classique perdu face au PSG qui pourrait laisser des traces (0-3) (article publié sur notre journal avant l’élimination de l’OM par Annecy en coupe de France, ndlr) et avec une grosse pression pour conserver leur seconde place, le titre étant désormais promis au PSG. Rennes de son côté, doit assumer. Assumer les ambitions posées par le tandem Maurice-Genesio, qui vise un podium pour lequel la lutte sera acharnée jusqu’à la 38ème journée, sans l’ombre d’un doute. Assumer aussi les choix du mercato de début de saison, puis de janvier, où la construction de l’effectif s’est jouée avec un onze de départ si séduisant dans le jeu l’an passé a été en partie bouleversé pour une autre formation très belle à voir pendant trois mois et bien plus en difficulté dans le contenu par la suite. La cure de jouvence observée en février, en dose peut-être trop importante, a prouvé le potentiel de cette jeunesse mais aussi la nécessité de l’encadrer afin de lui permettre d’évoluer et de gagner en sérénité. A l’heure de lancer le sprint final, il n’y a plus de place pour les expérimentations et les cadres, ou joueurs supposés l’être, vont devoir entrer en mode guerrier pour que le Stade Rennais décroche un sixième strapontin historique pour l’Europe.
Battre l’OM pour regarder vers le haut
Pour cela, après l’OM, il faudra être autoritaire et sans pitié à Auxerre, guet-apens par excellence face à une équipe qui vient de s’offrir Lyon puis Lorient. Gagner à l’extérieur, même en étant moche, doit être une priorité pour continuer à espérer le podium. L’idée vaut également pour le déplacement au Parc des Princes, une semaine plus tard, qui interviendra quelques jours après le match retour du PSG à Munich. Avec un état de forme des « stars » parisiennes qui dépendra probablement de l’issue de celui-ci. Aubaine ou cauchemar en perspective ? Aux Rennais, avec leurs armes, d’imposer leur caractère, leurs qualités et de sortir les muscles au moment où beaucoup se plaisaient à remettre le club à une place de lointaine d’outsider, ou d’équipe incapable de durer, sans mental, chose dure et fausse, tant le club affiche résultat, jeu et performance depuis trois ans.
Avec le retour de Jérémy Doku dans une forme de plus en plus intéressante, l’apport d’expérience de Karl Toko-Ekambi et l’insouciance d’Ibrahim Salah, le Stade Rennais a de nouveaux arguments à faire valoir pour soulager le duo Gouiri-Kalimuendo sur lequel tout reposait en janvier après la blessure de Martin Terrier, qui néanmoins, manque toujours autant à l’animation collective rennaise.
Benjamin Bourigeaud, pour sa part, a l’habitude de terminer très fort ses saisons et serait très inspiré d’enclencher contre l’OM, en retrouvant peut-être son poste à droite où ses performances restent très convaincantes, quitte à décaler Jérémy Doku à gauche. Au milieu, la triplette Santamaria-Tait-Majer (ou Désiré Doué) sécurise, ratisse et créé, avec le premier nommé pour ratisser et le dernier pour régaler, lui que l’on a beaucoup moins vu depuis le retour du mondial. Derrière, enfin, le retour à venir d’Hamari Traoré courant mars conjugué aux belles performances récentes de Warmed Omari et Steve Mandanda, seront des atouts non négligeables, associés à la hargne et l’envie d’Arthur Theate. Mis hors course pour le podium trop vite, le Stade Rennais, fidèle à ses habitudes, a fait dans le courant alternatif en janvier et février. Place au printemps et désormais, à une nouvelle série positive, en souvenir celle de l’automne, de 17 matchs sans défaite, poussée jusqu’à fin décembre tout de même !
Aussi excitant que décisif, ce mois de mars offre une occasion rêvée de rebond aux allures de rampe de lancement pour le sprint final. Que ceux qui ne voulaient plus de Bruno Genesio mi-février gardent encore un peu le silence, la saison est loin d’être terminée et tout n’allait peut-être pas si mal, même si l’hypothèse d’un moins catastrophique existe également, avec des conséquences qui seraient compliquées à rattraper comptablement.