Alors qu’elle avait débuté 2022 tout en bas ou presque du classement de N1, l’Union Rennes débute 2023 tout en haut d’un classement dont elle occupe logiquement la tête. Pas de quoi rendre euphorique son directoire à l’image de son président, Olivier Perez, dont la vision porte bien plus loin que sur le printemps prochain et ses verdicts.
En tête du championnat après 17 journées, l’Union Rennes Basket n’était pas attendue à pareille fête. Par vous y compris ?
Dire que j’imaginais que nous serions premiers après 17 matchs serait mentir, surtout l’été dernier. Même si nous étions conscients d’avoir bien travaillé et construit un groupe intéressant avec un projet de jeu qui pouvait faire des étincelles, personne n’imaginait que les choses prennent de la sorte. Tant mieux, savourons tout en gardant bien les pieds sur terre !
Quelle était l’ambition première au moment de dessiner les contours du championnat présent, structurellement comme sportivement ?
Nous sortions d’une saison où il a fallu cravacher pour valider notre maintien en poule de Play-Downs, avec quelques soirées bien difficiles à vivre. Nous repartions d’une nouvelle base, en essayant de retenir tout ce qui n’avait pas été, des dirigeants aux joueurs. Se maintenir est un objectif évident, puis ensuite, aller titiller un accès à la poule haute, pour laquelle la lutte va encore être très, très sévère. Le développement du club doit être indépendant ou du moins, non dépendant des résultats de l’équipe. Ceux-ci permettent en revanche d’installer une dynamique, une envie de suivre le club comme supporter, comme partenaire. C’est du terrain que ces choses-là peuvent aussi changer de dimension, dans un sens comme dans l’autre d’ailleurs.
« Tout n’est pas à 100 % rose ou noir… »
Question jeu, on se régale à Colette Besson !
Clairement, sur certains matchs, oui, nous avons vécu de supers scénarios mais aussi, performances impressionnantes de nos joueurs ! Le derby contre Lorient, évidemment, avec sa dramaturgie, reste en mémoire. La victoire très maîtrisée contre Challans, qui était alors juste derrière, également. Pour la typologie de jeu, choisie et mise en place par le staff, nous ne pouvons que nous féliciter d’un jeu rapide, intense, qui paie. Ce qui est le plus épatant, c’est la rapidité avec laquelle tout cela a pris ! Ça joue ensemble, ça va vite, en rythme, le shoot est bon, les initiatives personnelles aussi. De plus, tout en ayant la meilleure attaque de N1, nous défendons très fort. Autant d’ingrédients pour être sûr de prendre du plaisir à voir l’équipe, au-delà de la victoire ou de la défaite quand cela se joue à quelques points !
Surtout avec un joueur de la trempe de Sébastien Cape, véritable facteur X de votre saison !
Je n’ai pas envie de ressortir un joueur plus qu’un autre mais évidemment, Sébastien ne peut pas passer inaperçu avec les performances qu’il réalise. Néanmoins, c’est aussi toute une équipe qui est au diapason de ses qualités pour en tirer le meilleur résultat collectif, et inversement. Il est l’exemple d’un recrutement où tout le monde peut être gagnant à la condition de tirer dans le même sens.
Là où d’autres dirigeants, après la saison passée, auraient tout envoyé valser, la stabilité choisie en maintenant votre confiance au staff porte ses fruits…
Nous ne nous prenons pas pour d’autres. L’an passé, rien n’allait dans le bon sens, c’était dur, compliqué. Comme je l’ai dit, la remise en cause a été collective, à tous les niveaux. Quand tout va mal, on vire l’entraîneur et ça repart ? Quand on est leaders, aucun problème n’existe ? Soyons sérieux, le sport de haut niveau est un peu plus compliqué que cela, tout n’est pas à 100 % rose ou noir. En basket, une spirale qu’elle soit positive ou négative, peut aller vite et durer. Aujourd’hui, nous voyons que notre belle dynamique perdure, ce qui renforce l’idée que ce ne soit ni un hasard, ni une euphorie passagère. Néanmoins, les semaines à venir vont être un beau défi quant à notre capacité à rester ancré dans le top 5.
Telle est désormais votre ambition ?
Sincèrement, ne pas capitaliser sur ce qui est déjà réussi serait vraiment dommage, frustrant ! Nous sommes tout début janvier, il nous reste neuf matchs à disputer et on prend goût à vivre dans la première partie du classement. On sait que plusieurs équipes, comme Tours, qui s’est fortement renforcé, ou Lorient, très armé à mes yeux, vont revenir très fort pour être dans le top 5. Chartres est aussi très fort et construit pour viser la poule haute, tout comme Challans, Vitré et Poitiers. Sans oublier une équipe surprise, promue, comme Loon Plage, qui est aujourd’hui second. La fin de saison va être très difficile, avec un championnat ultra ouvert où tout le monde pourra battre tout le monde. Nous l’avons vu depuis la reprise des matchs retours, où nous avons été battus à Tarbes et Vitré. Pas un point ne nous sera offert, nous sommes forcément attendus.
« Ce que fait Bastien avec le Rennes Pole Association est très, très intéressant pour la suite »
Etes-vous confiants dans la capacité de l’équipe à répondre à cela ?
Les gars ont parfaitement assimilé le projet de jeu, se le sont approprié et ont l’envie, eux aussi, de rester toujours le plus haut possible, de gagner chaque match. Faire de telles séries de victoires, forcément, ça vous porte. J’ai encore l’interrogation de savoir comment l’équipe réagira si une série moins agréable se présente, comment, dans le doute, nous pourrions réagir. Ne pas avoir de réponse à cette question me conviendrait aussi néanmoins ! Sur le plan physique, nous risquons de commencer à souffrir un peu. Jusqu’à fin novembre, nous étions plutôt épargnés par les gros pépins mais nous avons perdu Guillaume Eyango pour près de mois et son absence s’est sentie, forcément, avec une rotation précieuse en moins. Lucas Fontaine a aussi eu de petits soucis, Cheick Sekou Condé a parfois évolué diminué. Il y a aussi la commission sur le cas de Rémi Dibo suite aux fautes techniques. Tout cela peut venir dans la balance et contrarier l’équilibre jusque-là quasi impeccable de l’équipe. C’est à nous de faire en sorte de garder tout cela au plus stable, avec cohérence. Nous ne sommes pas à l’abri de perdre un joueur majeur dans les semaines à venir sur blessure mais savons aussi que ce groupe est capable d’une grosse solidarité, avec beaucoup de qualités sur chaque poste et un état d’esprit irréprochable. J’ajoute au passage une grosse mention au Rennes Pole Association, promu en N2 cette année qui est remarquablement installé en milieu de tableau avec des moyens très restreints et 100 % de joueurs amateurs. Bastien Demeuré, qui a pris la conduite de l’équipe, en plus de son rôle d’assistant coach avec la N1, fait un travail remarquable qui apporte à la synergie globale du projet. C’est très, très intéressant pour la suite.
Cette suite peut-elle s’écrire, si les Play-Offs étaient aussi fructueux que cette Phase 1, à l’étage du dessus, en Pro B ?
Je vais être franc. A l’heure qu’il est, que ce soit sportivement, financièrement ou structurellement, nous sommes loin, très loin de la Pro B. C’est une autre dimension, un autre monde. A la question de savoir si nous sommes prêts à l’instant T à une montée ? La réponse est non. A celle de savoir si nous avons déposé un dossier de montée et si les joueurs en ont envie, y pensent ? La réponse est oui. A savoir si la marche est haute ? Oui. Infranchissable ? Non, je ne crois pas mais en revanche, il y a beaucoup de travail, et nous y sommes déjà depuis un moment. En sport, les choses vont vite. Il ne faut pas s’embourgeoiser et oublier d’où l’on revient. Aujourd’hui, eut égard à notre budget, à notre évolution, nous surperformons sur le classement. Nous devons déjà clôturer le budget de cette saison en cours, pérenniser notre présence en N1 en étant dans les clous, continuer de remplir la salle en créant une vraie relation à notre public et nos partenaires, qui passera par une professionnalisation du club qui doit aller crescendo. L’objectif Pro B est là, tout proche à court terme, d’ici un ou deux ans mais cette saison, il n’est pas celui affiché. Il faut aller étape par étape, nous sortons d’une période unique, comme tous les autres clubs, dans cet Après-Covid. Profitons de l’euphorie suscitée par le plaisir du jeu, les victoires et capitalisons pour préparer une saison prochaine très solide et ambitieuse. Ce championnat est passionnant, incroyable de par sa densité et nous voulons surtout faire de notre saison un socle pour continuer de construire et développer notre projet, pour rêver plus haut encore mais sans se presser ni perdre pied.
Le président mais aussi ancien joueur que vous êtes prend-il toujours autant de plaisir ?
Sur le jeu, comme nous l’avons évoqué, oui, c’est un régal avec ce groupe. L’ambiance, le jeu, tout y est pour le moment. Après, j’aime beaucoup la partie développement du club, des différents projets propres à chaque secteur. Cela donne du sens à la suite, qu’il faut déjà penser, construire, anticiper. Le jeu ne vaut pas que par le résultat et je suis certain que nous allons vivre une année 2023 riche en émotions.