Les conseils de Kévin Pinel, notre « psycoach » : La gestion du retour de blessure

Publi Kévin Pinel.
@Crédit photo : Andrea Piacquadio, libre de droits

Tous les mois, Kévin Pinel, psychologue et coach mental passionné de sport, répond à nos interrogations autour du sportif et de sa spécificité mentale comme psychologique. La tête et les jambes, et un œil expert avisé pour aller plus loin.

Au retour d’une longue blessure, comment gérer au mieux ses premières sensations et le dosage d’intensité ?

Le piège, c’est de vouloir “rattraper le temps perdu”. Mais le corps et le mental ne reviennent pas à la même vitesse. Reprendre, c’est réapprendre à faire confiance à ses sensations, à écouter sans juger. L’intensité doit se reconstruire, pas se prouver. C’est un équilibre entre patience, écoute et confiance retrouvée. Il faut faire le deuil de ce qui était pour laisser place à ce qui est. C’est le chemin le plus court vers son objectif final.

La visualisation mentale est-elle efficace pour effacer un traumatisme ?

La visualisation ne sert pas à “effacer” un traumatisme, mais à réduire son empreinte émotionnelle, en gros à reprogrammer. Quand un athlète rejoue mentalement une situation de peur en y associant confiance, fluidité et sécurité, le cerveau crée de nouvelles connexions. Ce n’est pas de la magie, c’est de la plasticité neuronale : on remplace progressivement le scénario de la peur par un scénario de maîtrise. Visualiser, c’est s’entraîner sans s’exposer — et ça redonne au corps la permission d’y croire.

Comment éviter la peur sur les contacts, une fois revenu à 100 % ?

La peur du contact après une blessure, c’est l’ombre qui reste tandis que le corps, lui, est déjà revenu en pleine lumière.

On dit souvent “je suis à 100 % physiquement”, mais en réalité, le mental, lui, joue encore à 70 %.
Le cerveau est programmé pour protéger, pas pour performer. Et tant qu’il perçoit le contact comme une menace potentielle, il envoie des signaux de freinage : hésitations, crispations, retards d’engagement. Dans le sport, ces micro-décalages ne pardonnent pas.

Revenir sur les contacts, ce n’est donc pas une question de courage, mais de rééducation émotionnelle. Un joueur qui a eu peur une fois va inconsciemment anticiper la douleur, même si tout va bien.
Son cerveau rejoue la scène, comme un film traumatique diffusé en boucle. Le but n’est pas de “couper la peur”, mais de réécrire ce film image par image.

Le premier travail, c’est l’exposition graduée :

Un contact léger, puis contrôlé, puis plus réel.
Le corps se réhabitue, mais surtout :
Le cerveau réapprend que ça ne fait plus mal.
On reconstruit la confiance par accumulation de petites victoires, pas par un grand saut dans le vide.

Ensuite, il y a le travail intérieur :

Mettre des mots sur la peur, comprendre ce qu’elle protège, ce qu’elle anticipe, ce qu’elle rejoue. Parce que, dans ce cas de figure, la peur n’est pas irrationnelle : elle est logique, construite, et souvent utile… jusqu’au moment où elle ne l’est plus.
Quand un sportif comprend son propre mécanisme de peur, il reprend la main.
La peur devient un signal, pas une barrière.

Et puis vient l’instant clé : le premier vrai contact qui se passe bien.

C’est souvent là que tout bascule.
Un relâchement, un souffle, une sensation presque oubliée : “Ah… ça y est, je suis de retour.” Parce que le mental est comme le corps : il a besoin d’éprouver pour croire.

Au fond, éviter la peur du contact, ce n’est pas éviter le contact.
C’est éviter de laisser le passé dicter le présent.
Et ça, c’est exactement là où le mental fait la différence entre un joueur qui revient… et un joueur qui renaît.

  • En parallèle des sportifs et des sportives, Kévin Pinel accompagne également les particuliers et les professionnels avec un programme permettant de surpasser certaines barrières fixées par l’esprit : « Le Club Phoenix et l’accompagnement Mindset Phoenix t’aident à hacker ton cerveau, libérer tes émotions et reprogrammer ton mental pour réussir sans t’épuiser »
Publi Kévin Pinel.
Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.