Football – Ligue 1 : Un Stade Rennais princier s’offre Monaco (4-1)

Mahdi Camara
Mahdi Camara, grand bonhomme de la soirée @Crédit Photo JRS

Il aura fallu attendre les froides soirées d’automne pour enfin enchaîner les sourires du côté du Stade Rennais. Si novembre est habituellement consacré aux crises et changements de coach ou président, hypothèse très tendance il y a encore trois semaines, le millésime 2025 s’avère bien différent et les Bretons enchaînent les victoires, trois à la suite, et la confiance allant avec.

Et si l’évènement du soir, à l’échelle nationale, demeurait le retour au jeu de Paul Pogba, le Stade Rennais, qui n’aura pas manqué, comme le public connaisseur du Roazhon Park, de saluer celui-ci, n’a pas oublié ses objectifs. Résultat, une prestation probante qui marque les esprits et confirme le retour en forme d’une équipe de retour dans une partie du classement plus conforme à ses ambitions.

Rennes réaliste punit des Monégasques inefficaces

On ne change pas une équipe qui gagne, c’est un fait et Habib Beye renouvelle en grande partie son onze double vainqueur avant la trêve de Strasbourg puis Paris. Abdelhamid Aït-Boudlal et Breel Embolo font leur retour dans un onze stabilisé qui s’affirme au fil des semaines question solidité et cohésion.

Plutôt bloc bas et méfiante, la formation d’Habib Beye subit légèrement le premier acte et contient Monaco avec quelques petites incursions néanmoins sans danger pour Brice Samba.

Abdelhamid Aït-Boudlal premier buteur de la soirée côté rennais @Crédit Photo JRS

Les occasions ne sont pas légion lors du premier acte côté rennais mais la première est la bonne. Abdelhamid Aït-Boudlal, une nouvelle fois excellent de chaque côté du terrain, enclenche une excellente montée balle au pied et poursuit son effort, pour se retrouver seul dans la surface à la réception du centre de Mahdi Camara. De la cuisse, il ouvre la voie du succès aux siens (20′, 1-0).

Quelques minutes plus tard, Esteban Lepaul butte sur Lukas Hradecky mais était hors-jeu, contrairement à Mahdi Camara mis en échec par le portier monégasque pour l’occasion du break (41′). Avant cela, Ansu Fati (32′, 33′ et 39′) mange la feuille par manque de précision ou d’agressivité et Rennes rentre aux vestiaires devant, plus réaliste que son adversaire du soir.

Habib Beye n’en pensait pas moins en conférence de presse après la rencontre : « Ils nous ont posé beaucoup de problèmes en première période, ça nous a fait reculer. Pour autant, on n’était pas inquiets parce que je trouve que l’on défendait bien. Ils auraient pu mériter de marquer dans cette première période. On l’a fait nous, sur une très belle action sur laquelle Abdelhamid (Ait Boudlal) fait preuve de beaucoup de personnalité. »

Des Rennais sans pitié

Comme face à Strasbourg, Rennes réussit son retour des vestiaires et fait mal d’entrée. Musa Al-Tamari prend sa chance depuis l’angle de la surface, Hradecky repousse…sur Mahdi, Camara, qui d’une tête plongeante, inscrit son premier but en « Rouge et Noir » (48′, 2-0).

Monaco n’y est plus vraiment et s’égare au fil des minutes. Très fébriles défensivement, les visiteurs sont proches de concéder le 3-0 dans la foulée mais Salisu sauve sur sa ligne suite à une tête de Breel Embolo.

Rien ne va plus pour l’équipe de Pocognoli, dont on se demande encore quel est l’apport depuis son arrivée en lieu et place de Hutter, et Denis Zakaria, le capitaine, est expulsé à la 65′ pour une très vilaine semelle sur Esteban Lepaul. « Ma frayeur c’est qu’ils me regardent tous en me disant qu’il lui a cassé le tibia. Breel vient me voir en me disant : « C’est cassé, c’est cassé ! », raconte Habib Beye.

« Je me dis que c’est grave. Son tibia est très marqué, ça mérite le rouge. Fort heureusement, il a pu continuer mais on a été obligé de le sortir parce qu’il avait très mal. On va regarder ça, parce que c’est un coup qui peut être dérangeant pour s’entraîner. »

Troisième but signé Breel Embolo @Crédit Photo JRS

Le meilleur buteur de la saison rennaise sortira bien quelques minutes plus tard, avec un mollet trop douloureux mais délivre auparavant un centre parfait pour Breel Embolo et le 3-0, suite à un corner tiré à deux avec Djaoui Cissé (73′).

Depeche Mode et Standing Ovation pour le retour de Paul Pogba

Monaco est KO et ne répond plus. Rennes en profite et Mahdi Camara, décidément dans un très bon soir, est balancé dans la surface par Ouattara. A peine entré en jeu, Ludovic Blas ne se fait pas prier et ajoute le quatrième but rennais de la soirée (83′ 4-0) !

Dans la foulée, sur un air de Depeche Mode si agréable pour accompagner les buts rennais, Paul Pogba fait son retour sur les terrains, deux ans après sa dernière apparition avec la Juventus.

Le retour de Paul Pogba salué par tout le Roahzon Park @Crédit Photo JRS

Fin connaisseur de foot mais aussi souvent exemplaire, le Roazhon Park, comme un seul homme, salue une entrée qui fait plaisir au foot français dans son ensemble. Les joueurs eux aussi applaudissent et les premières transversales de la « Pioche » montrent que les pieds répondent toujours.

L’enjeu est néanmoins mort depuis longtemps, même si Monaco parvient, au fond des arrêts de jeu, à réduire le score par Biereth, mis en échec quelques minutes plus tôt par un retour exceptionnel de Jérémy Jacquet, encore excellent ce samedi (4-1, 93′).

Des changements qui ont tout changé

Dix points sur douze lors des quatre derniers matchs et une cinquième place provisoire en attendant les matchs de Lille et Lyon, Rennes revit et retrouve le sourire.

Habib Beye, lui, reste toujours aussi affable : « Sur la deuxième période, j’ai demandé de rester concentré sur le plan défensif mais d’avoir beaucoup plus le ballon. On manquait d’initiatives et on a été entendus car on a eu plus de maîtrise avec Valentin Rongier qui a été tout de suite notre porte de sortie.

On a fait courir cette équipe, on l’a amenée à défendre beaucoup plus. Et en ce moment, on a une qualité, c’est qu’on rentre très bien après la pause. On sait que notre moment va arriver, parce que la confiance est un peu plus importante en ce moment et on a aussi beaucoup de talent dans cette équipe pour valider nos temps forts. »

Les résultats le prouvent, les ajustements du coach depuis un mois ont donc payé, avec des choix forts aussi, comme les sorties régulières du onze de départ de Quentin Merlin, Anthony Rouault, Ludovic Blas et Seko Fofana notamment, et les retours en force de Djaoui Cissé, Musa Al-Tamari, repositionné avec bonheur piston gauche et la montée en puissance de Mahdi Camara et Breel Embolo notamment.

Une quatrième de suite à Metz ?

Pour autant, le coach n’entend pas jeter tout ce qui fut réalisé lors des trois premiers mois : « Lorsqu’on faisait des 2-2 et que les matches n’étaient pas forcément aboutis ou constants, il y avait beaucoup de qualités dans notre jeu sur les périodes abouties. Je ramène cela aussi au vécu commun de cette équipe avec cinq six nouveaux joueurs et il fallait qu’ils aient des automatismes, un vécu positif et négatif.

Derrière ça, quand vous êtes presque en train de toucher le fond, que vos résultats se succèdent et sont négatifs avec le même scénario, j’ai dit aux gars après Toulouse : « Les solutions, on les a mais il doit y avoir une prise de conscience par rapport à ce qu’on est capable de faire. S’il n’y avait pas de football, je vous dirais c’est fini on est morts. Mais lorsque vous produisez du football, vous savez qu’à un moment donné cette réussite va basculer ».

Avant de conclure : « Contre le PFC, je vous garantis que le match est moins abouti que d’autres où on n’a pas eu de résultat à la fin. On gagne avec un peu de réussite parce qu’on a été constants sur 90 minutes et ce qu’on a fait contre Monaco aussi. » Et qu’il serait parfait de réitérer une nouvelle fois en déplacement à Metz pour enquiller une quatrième victoire de suite, dans un déplacement aux allures parfaites de match piège vendredi soir.

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.