Souvent grands ou costauds (ou les deux) et rompus aux d’âpres combats, les pivots passés par Cesson sont aussi de charmants garçons, tranquilles et souriants, loin du terrain. Dans la lignée des Guillo, Kamtchop-Baril ou Oppedisano récemment, Simon Ooms perpétue la tradition et savoure son retour à Cesson, entre tranquillité et ambition.
S’il en est un qui n’a pas le « seum », c’est bien lui. La ressemblance physique avec Thomas Meunier, footballeur international belge passé par le PSG et habitué des déclarations fracassantes, existe. Mais question mentalité, rien à voir. Simon Ooms est un pivot heureux et un garçon tranquille. Jeune papa, il est parfois surpris par un temps qui passe encore plus vite depuis l’arrivée de son petit Jules, il y a sept mois : « J’ai encore dit à ma femme récemment que je n’avais que 30 ans, alors que j’en ai 31. À croire que je ne réalise pas les années qui passent… »
À moins que les nuits ne soient trop courtes ? « C’est bon, il fait désormais ses nuits, mais c’est vrai que ça change la vie — en bien, évidemment. On relativise, on sait ce qui est important et on repart plus vite de l’avant après un mauvais match ou une défaite. C’est forcément un gros plus dans l’équilibre. » Cet équilibre, Simon Ooms le touche aujourd’hui, lui qui apparaît clairement dans la pleine force de l’âge à l’occasion de son second passage à Cesson. Le premier, il y a déjà huit ans, en 2017-2018, est loin.
« C’est comme un nouveau club pour moi »
Une autre vie, une autre époque : « Je pense qu’il n’y a pas grand-chose à voir entre aujourd’hui et cette saison-là. Tout a changé. Le club déjà, où il ne reste pas un seul joueur d’alors, la salle également. Les dirigeants sont les mêmes, mais on ne les voit pas souvent. Au quotidien, j’ai eu le plaisir de retrouver Anne-Laure, qui est toujours là dans les bureaux, mais pour tout le reste, c’est comme un nouveau club pour moi. »
À l’époque, l’arrivée du grand pivot belge tient beaucoup à la double casquette d’entraîneur-sélectionneur de la Belgique de Yérime Sylla. Tout bascule du côté de Liège, où les Red Wolves s’inclinent d’un cheveu face à l’équipe de France. La performance ne passe pas inaperçue — celle de Simon non plus — et, convaincu, l’ancien coach des Irréductibles agit : « Yérime vient me voir et me dit qu’il veut me faire venir à Cesson. Trois semaines plus tard, le contrat arrivait. Je n’ai pas longtemps hésité, même si d’autres agents m’avaient contacté. Mais c’était tout nouveau pour moi… »
Le Flamand n’est en effet alors pas au fait des us et coutumes du milieu, lui qui évolue depuis ses jeunes années dans le club d’Hasselt, où son palmarès est déjà fourni et sa réputation montante. Le statut, lui, n’est pas professionnel, et l’opportunité belle : « Il était temps pour moi de quitter le cocon familial, de vivre une première expérience à l’étranger. Je retrouvais à Cesson Jef Lettens, mon pote depuis nos jeunes années à Hasselt, Thomas Bolaers et Arber Qerimi. Avoir mes compatriotes a forcément compté, mais cela n’a pas toujours été simple pour nous, on ne nous a pas passé grand-chose, dans une période où ce n’était pas simple sportivement. »

Bien qu’ayant signé trois ans, il quitte la Bretagne au bout d’une saison
Barré à son poste par Romaric Guillo, Hugo Kamtchop-Baril, puis Mathieu Lanfranchi — sorti de sa retraite pour compenser les blessures et le départ du premier — Simon Ooms joue un peu mais ne parvient pas à sortir son épingle du jeu. Bien qu’ayant signé trois ans, il quitte la Bretagne au bout d’une saison et rejoint Sélestat, en Proligue : « Un choix bon pour tout le monde à l’époque. »
Une année réussie, du temps de jeu, et un nouveau virage l’année suivante pour retrouver l’élite et l’US Ivry, bastion du handball français malgré ses difficultés des dernières années. Chez les « Rouge et Noir », Simon Ooms grandit, franchit des paliers et s’impose comme une valeur sûre du championnat. Du côté de Delaune, il noue aussi des amitiés pour la vie, au-delà des résultats — et des défaites — notamment avec une descente puis une remontée immédiate l’année suivante.
Parmi celles-ci, l’une se prolonge aujourd’hui au quotidien avec Maté Sunjic : « C’est un ami et notre relation va bien au-delà du terrain. Maté, tu lui demandes n’importe quel service, il te le rend. C’est un garçon qui rend la vie facile, qui met toujours le collectif au premier plan, dévoué et fidèle en amitié. Sa présence à Cesson a évidemment beaucoup compté dans mon choix. »
« J’ai même baissé mon salaire pour aller là-bas et je ne le regrette pas »
Ses choix, Simon les fait souvent avec la tête et le cœur, bien plus qu’avec le portefeuille. Fort d’un diplôme en génie civil dans le bâtiment, qui pourrait lui offrir une belle carrière en Belgique ou ailleurs, il a choisi de poursuivre le handball, d’abord avec de simples primes de match en Belgique, puis avec des salaires modestes à ses débuts. Ce constat s’applique aussi lorsqu’il quitte Ivry en 2024 pour Ringsted, au Danemark. Un choix du cœur : « À l’époque déjà, j’avais plusieurs intérêts en France, dont Cesson. J’avais discuté avec le coach Sébastien, qui m’avait exposé ses idées.
Mais avec ma compagne Cécile, notre envie était de vivre une nouvelle expérience à l’étranger. Copenhague m’attirait, je voulais y aller, et ce n’était pas pour l’argent. J’ai même baissé mon salaire pour aller là-bas et je ne le regrette pas. Je m’étais engagé un an et j’ai d’ailleurs rapidement validé mon retour à Cesson dès l’automne. Pour autant, je me suis régalé, sur comme en dehors du terrain, et Jules, notre fils, est né là-bas en mars dernier. C’est cool d’avoir pu vivre cela, grâce au hand. »
De retour en Bretagne, le voici notamment attendu en leader de défense, avec la tâche de succéder à Romaric Guillo : « Succéder à Romaric, c’est plus un honneur qu’une pression. En dehors du poste, il n’y a pas forcément de comparaison possible, eu égard à l’empreinte qu’il a laissée ici, où il est une légende du club. Je l’ai côtoyé à l’époque et j’ai toujours suivi son parcours. C’était un top joueur. Personne ne le remplacera ici. Je viens pour apporter ce que je sais faire dans la nouvelle équipe, essayer d’aider et de performer. »

« On ne me demande pas de crier mais d’être un leader »
Sur son duo avec Erik Szeitl, Simon Ooms loue « la complémentarité des deux profils. Je suis plus dans l’anticipation et le glissement, et destiné à prendre le leadership en défense, où je dois être un patron. On ne me demande pas de crier mais d’être un leader, et c’est une responsabilité qui me plaît. »
Les premiers résultats aidant, l’ancien Ivryen savoure ce retour et se plaît à regarder la saison avec appétit et humilité, le temps et l’expérience ayant façonné son regard sur le sport : « Finalement, que ce soit avec la Belgique — pour laquelle j’ai décidé d’arrêter pour le moment afin de garder du temps en famille — ou en club, j’ai beaucoup connu la défaite. Elle nous fait progresser, apprendre, mais c’est aussi parfois dur.
Alors ce début de saison, où nous avons réussi de vraies performances et jouons bien, il faut en profiter, le savourer à sa juste valeur et s’appuyer dessus pour avancer. La force de notre équipe est que le collectif prime sur les égos. On sent bien que l’on peut battre tout le monde sans avoir peur de personne, et cela permet d’avancer. » Tranquille et serein comme Simon, sans faire de bruit ni avoir le seum — et plutôt deux fois qu’une !
Dans le cadre de son interview dans le JRS de novembre, Simon Ooms a accepté de jouer les coachs et de concocter son équipe de potes. À retrouver dans la rubrique « Décalé » ou en cliquant ici.




