L’emblématique capitaine Louise Narbonne partie et Sarah Lecrosnier souhaitant prendre du recul, l’équipe féminine du REC Volley s’appuiera désormais sur Anaïs Robert pour organiser son jeu. À 26 ans, la passeuse longiligne (1,84m) vient apporter son expérience, mais aussi une tête bien faite, avec un parcours universitaire impressionnant.
C’est simple, pour faire la liste des diplômes d’Anaïs Robert, mieux vaut s’y prendre de bonne heure : « J’ai un double Bachelor en Sciences Politiques, option droit. J’ai également fait des études légales aux États-Unis, puis j’ai enchaîné sur une licence de droit à Paris-Panthéon-Assas. Enfin, actuellement, je suis en Master de Droit Public à l’Université d’Aix, en distanciel ». Le décor est immédiatement planté et le REC Volley tient bien sa nouvelle « tête pensante », sur et en dehors des parquets.
Athénais Vivien : « Nous la surnommions la philosophe »
Avec ces premiers éléments de présentation, au moment d’en savoir un peu plus sur la néo-Rennaise auprès de ses anciennes coéquipières, tout s’assemble rapidement : « Très souvent dans la saison, nous la surnommions « la philosophe ». Même pour une question assez simple, elle utilisait un langage assez soutenu et nous nous regardions dans le blanc des yeux avec les autres joueuses, car on ne comprenait rien (rires) », plaisante Athénais Vivien, libéro de Sens et coéquipière d’Anaïs Robert la saison passée.
Si les études accompagnent encore aujourd’hui la joueuse de 26 ans, la pratique du volley fut, elle aussi, rapidement une évidence : « J’ai fait un petit peu de basket et de natation, mais j’ai démarré le volley assez tôt, à 7 ans. J’ai commencé à Nantes, où je suis restée dix ans ».
Pendant ces années nantaises, elle intègre le pôle espoirs de Sablé-sur-Sarthe où elle se fixe au poste de passeuse : « J’ai toujours été grande et forcément, c’était dur pour les coachs de me mettre à la passe. Plus jeune, j’ai joué en attaque et au poste de pointue. C’est vraiment pendant le pôle espoirs, avec une dynamique de haut niveau, que je suis passée sur le poste de passeuse ».
De toute façon, aujourd’hui, plus question de changer de poste et Athénais Vivien nous livre une autre anecdote : « Dès le premier match de la saison, nous avons eu quelques absentes et elle a dû changer de poste pour jouer centrale. C’était la panique à bord pour Anaïs et c’était assez drôle à voir ». Espérons pour Yann Chubilleau – et pour Anaïs Robert – que les blessures épargnent le groupe des Hermines cette année…
« J’étais sur un petit nuage et je suis même sélectionnée pour un stage avec l’équipe de France ˈA primeˈ »
Après la formation nantaise, c’est l’heure du premier grand départ pour l’adolescente de l’époque. Direction la capitale et le centre de formation de Paris Saint-Cloud avec, en parallèle, des études à Paris Sciences Po 2. Deux années très marquantes pour la jeune passeuse, où elle connaît ses premières grandes émotions sportives : « Je retiens notamment les expériences en coupe de France jeunes. Nous sommes vice-championnes en 2017 et championnes de France en 2018. La saison 2017-18 était vraiment géniale avec un super groupe de copines. J’étais sur un petit nuage et je suis même sélectionnée pour un stage avec l’équipe de France ˈA primeˈ ».
Mais le sport de haut niveau apporte aussi son lot de déceptions et son deuxième (très) grand départ avorte… Heureusement, comme le dit la citation de Paul Éluard, poète du moment d’Anaïs Robert : « Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous. »
Le premier est manqué, mais pas le second : « Je me déplace au stage de l’équipe de France, mais le lendemain, j’apprends que je ne peux pas aller aux États-Unis, car je ne suis finalement pas prise dans l’équipe universitaire. Potentiellement, c’était la fin du volley de haut niveau pour moi. Ça a été très dur et une énorme déception, mais finalement, j’ai pu rebondir dans une autre équipe, certes de moins bon niveau, mais ce n’était pas du tout gagné d’avance ».

Direction la Californie du Nord
Avec un petit peu de retard sur le programme initial, mais mieux vaut tard que jamais, Anaïs Robert s’envole pour la Californie du Nord : « J’ai eu la chance d’aller à Berkeley, après la baie de San Francisco, dans une bulle très progressiste et davantage à taille humaine. C’était une expérience géniale avec un véritable épanouissement intellectuel. Ça a influencé mon parcours académique mais je pense aussi que c’est grâce à cette expérience que j’ai donné la priorité au volley.
J’ai eu quelques problèmes avec la coach et je n’ai pas pu jouer avec l’équipe de première division. En revenant en France, je devais commencer mon Master à Paris, mais le volley de haut niveau me manquait ». Autre bémol de l’époque et pas des moindres, le Covid a fait son apparition et les cours sont en distanciel. Tout logiquement, l’appel du volley est plus fort et elle rejoint Béziers en tant que deuxième passeuse.
« C’était totalement fou pour moi de me retrouver en demi-finale de coupe d’Europe, alors que je sortais d’une saison compliquée aux États-Unis »
Dans le sud de la France, elle touche du doigt le très haut niveau mais le contexte sanitaire laisse un goût amer : « C’était une année spéciale avec les restrictions de déplacements pour la population, alors que nous avions des passe-droits pour nous déplacer. L’impression était vraiment bizarre dans des salles vides. Nous avons eu la chance d’avoir un staff au top et c’est quand même une chance d’avoir disputé la coupe d’Europe.
C’était totalement fou pour moi de me retrouver en demi-finale de coupe d’Europe, alors que je sortais d’une saison compliquée aux Etats-Unis. J’ai pu savourer mais je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu. J’ai dû faire un service en coupe d’Europe et en championnat, où nous terminons vice-championnes de France cette année-là, j’ai eu du temps de jeu contre les équipes qui jouaient le maintien »
Adepte de la fermentation et notamment du Kombucha qu’elle a découvert au pays de l’Oncle Sam, Anaïs Robert se montre patiente et attend son heure. Malgré un parcours déjà bien rempli et un autre passage en première division à Évreux, c’est finalement à Sens qu’elle commence véritablement à prendre du temps de jeu : « J’ai ensuite décidé d’aller en dessous pour jouer. C’est plus facile, notamment avec le quota de joueuses françaises à respecter. Au-dessus, la concurrence est forte avec les étrangères et il y a quand même une sacrée marche. Je suis vraiment titulaire depuis un an et demi ».
Anaïs Robert n’arrive pas en terres inconnues
À l’heure d’ouvrir une nouvelle page en Bretagne, Anaïs Robert n’arrive pas en terres inconnues : « En centre de formation ou pendant l’été, j’ai déjà joué avec Lisa (Lecouls) et Inès (Jauneau). Je connais aussi Lou (Meyer) et Juliette (Villette) ». Venue pour « s’affirmer dans la division », la passeuse savoure aussi la proximité avec Nantes, son ancienne « maison ».
Le mot de la fin, honneur aux copines, revient à Athénais Vivien : « Anaïs est une joueuse que toute coéquipière rêverait d’avoir. C’est une personne qui est toujours là pour mettre de la bonne humeur, sur comme en dehors du terrain. C’est une personne très humaine et en même temps une vraie guerrière. C’est une vraie chance pour Rennes de la compter dans ses rangs ! ». Je passe, donc je suis…
