À Rennes, on sait former ! Dans un mois de septembre qui a vu Ousmane Dembélé être couronné lors de la cérémonie du ballon d’or, la formation rennaise est plus que jamais sur le devant de la scène. Un ADN sur lequel s’appuie le REC Rugby. Apparu lors des cinq premiers matchs de Nationale, dont quatre fois en tant que titulaire, Étienne Bouldoire en est une parfaite illustration.
À l’instar de l’ancien joueur du Stade Rennais, la capitale bretonne aurait pu ne jamais voir à l’œuvre le trois-quarts centre Étienne Bouldoire sous les couleurs « Noir et Blanc ». Il y a un peu plus d’un an et demi, alors qu’il évolue avec les espoirs et qu’il s’entraîne déjà avec l’équipe fanion, une opportunité se présente à Valence-Romans, formation de Pro D2. Loin d’être un hasard puisqu’à ce moment-là, le club de la Drôme compte dans ses rangs un certain Charles Bouldoire, le grand frère d’Étienne : « Forcément, mon frère me disait de venir », plaisante-t-il.
« Kévin et Vincent sont aussi venus me voir pour me dire qu’ils comptaient vraiment sur moi »
Le joueur passe alors des tests et ces derniers sont concluants. Si l’occasion est belle de rejoindre l’antichambre de l’élite, le garçon n’est pas du genre à prendre ses décisions à la légère. Décrit par Kévin Courties comme un « joueur très discret et très intelligent sur l’aspect rugby », le jeune réciste l’est également en dehors et les conditions pour rejoindre la Drôme ne lui conviennent pas : « La réponse était positive mais il fallait peser le pour et le contre. Le deal était de faire une année et si ça se passait bien, je restais.
Néanmoins, on m’a aussi fait comprendre que si j’allais là-bas, je n’avais pas la possibilité de continuer mes cours de l’époque. J’aurais dû trouver quelque chose d’autre à faire, soit en trouvant un travail, soit en reprenant des études mais en recommençant à zéro. Déjà, je me suis dit qu’il ne me restait qu’un an d’études, puis Kévin et Vincent sont aussi venus me voir pour me dire qu’ils comptaient vraiment sur moi. » Le destin d’Etienne Bouldoire en seniors s’écrira bien à Rennes.
Deux frères passés par Le Rheu
D’ailleurs, en Bretagne, le patronyme Bouldoire ne résonne pas qu’à Rennes. Bien avant Etienne, non loin de là, ses deux grands frères Charles et Pierre-Gilles, ont bataillé du côté de Beuffru, au Rheu. À son retour en Bretagne, la question de son futur club se pose : « Mes parents avaient hésité avec Le Rheu car mes deux grands frères ont joué là-bas mais quand nous sommes revenus, nous avions un logement à côté des Gayeulles. » Le Stade Robert Launay, centre d’entraînement du REC Rugby, se trouvant au Parc des Gayeulles, la logistique l’emporte et Étienne rejoint les « Noir et Blanc ».

S’il admet avoir hésité à faire du football pendant son parcours, le jeune Etienne, qui a commencé le rugby à l’âge de 6 ans, vibre au gré des exploits de son grand frère avec le Stade Rochelais, puis avec le Biarritz Olympique : « Au moment de la coupe du monde 2018, j’ai eu envie d’arrêter le rugby mais je m’y suis quand même remis en octobre. Forcément, voir mon frère jouer à la télé, dans des grands stades, ça donnait envie ».
Petit à petit, il fait son trou au REC Rugby et intègre d’abord les espoirs du club. Alors qu’il devient partenaire d’entraînement de l’équipe seniors, il est freiné par une blessure : « Lors de la première saison en Nationale 2, j’ai eu une grosse blessure à la cheville. J’ai mis six mois à m’en remettre et pour revenir m’entraîner avec l’équipe première ». Si son nom revient avec insistance depuis plusieurs années et qu’il n’oublie pas de remercier son premier entraîneur chez les espoirs Thierry Aussillous de l’avoir « lancé et donné son nom à Kévin », comme pour Valence-Romans, Etienne Bouldoire ne souhaite pas « brûler les étapes ».
Pluri-actif au sein du groupe Lamotte
De son côté, le manager général du REC admet que son jeune joueur aurait pu apparaître avec l’équipe première plus tôt encore : « Il aurait pu commencer un petit peu avec nous l’année dernière mais il a été mobilisé, et c’était très bien, sur son double projet. Il a validé son diplôme dans le bâtiment en donnant cette priorité-là. Ça lui a permis d’être libéré pour la pré-saison avec nous ».
La saison dernière, en plus de son alternance en BUT (à IBK Ingénierie), il s’entraîne le midi avec l’équipe première. S’il comprend que cela ne suffira pas pour se faire une place, lui n’a qu’une idée en tête : finir ses études. Le diplôme en poche et désormais pluri-actif au sein du groupe Lamotte comme assistant maître d’œuvre, Étienne Bouldoire s’inscrit pleinement dans le collectif réciste en ce début de saison.
Pour preuve, il a déjà pris part aux cinq premières rencontres de championnat à seulement 21 ans. Kévin Courties se félicite de cette évolution : « Comme c’est quelqu’un de très intelligent, il ne lui faut pas beaucoup de temps pour comprendre ce qu’il a à faire sur le terrain. En plus de ça, c’est une personne qui paraît très réservée mais qui fait preuve de beaucoup de caractère sur le terrain. Il apporte de la fiabilité sur le secteur défensif et ses premiers pas sont convaincants. »
Kévin Courties : « C’est une fierté pour toutes les personnes qui l’ont accompagné au club et qui l’ont aidé à arriver jusqu’ici, en plus de l’équilibre familial »
Très attaché à la formation, le coach poursuit : « Il a fait l’effort d’être très à l’écoute et d’être disponible pour les joueurs qui font la base du projet. C’est un réel plaisir car quand je suis arrivé il y a dix ans, c’était un gamin de l’école de rugby. Nous avons pu le voir grandir au club jusqu’à cette marche avec les seniors et c’est une fierté pour toutes les personnes qui l’ont accompagné au club et qui l’ont aidé à arriver jusqu’ici, en plus de l’équilibre familial ».
Aidé dans son intégration par la présence de « ses potes » de la formation Ewann Puarai et Lucas Dufourcq mais aussi des jeunes arrivants Adrien Monteil et Thibault Cotte, Étienne Bouldoire continue son ascension, sur un nouveau poste, à l’aile : « On touche moins de ballons qu’au centre et il faut apprendre à dézoner, créer des surnombres. Ce qui change aussi pas mal, ce sont les réceptions sur ballons aériens. Enfin, il faut gérer les replacements et j’utilise davantage mon jeu au pied ». La formation encore et toujours au cœur du projet réciste, et un exemple de plus à suivre pour les jeunes pousses « Noir et Blanc ».
