Dans la vague de nouveaux joueurs ayant déferlé sur la Bretagne et le CRMHB cet été, Josep Folques, 29 ans, s’est installé sur l’aile gauche où son gabarit dénote, non sans rappeler celui de Raphaël Caucheteux. Force tranquille mais caractère capable de s’embraser à la moindre étincelle, le numéro 77 des Irréductibles a tout pour plaire à son nouveau public.
Qu’on se le dise, mieux vaut avoir le longiligne ailier espagnol dans son équipe que contre soi. Sous ses airs tranquille et détendu, c’est un tempérament de feu près à exploser à tout instant qui se cache derrière un sourire tranquille : « Il ne faut pas s’y frotter ou le chauffer trop longtemps, il est dans le défi et peut vite monter en température », confie à son propos l’entraîneur adjoint des Irréductibles Yann Lemaire.
Ce n’est pas Mike Brasseleur, de Saint-Raphaël, qui dira le contraire, lui qui provoqua le joueur et son expulsion lors de la première journée, remportant la bataille des nerfs. Josep Folques, qui en gagnera d’autres, n’évacue pas le sujet : « Oui, je suis comme ça, je peux m’énerver, chambrer ou parler. J’aime le duel, le défi physique, la lutte mentale avec l’adversaire même si je sais que je dois me canaliser, me tempérer. Après, cela m’aide aussi à être meilleur, encore plus à 100 % et à donner toujours plus… »
Question don de soi, le natif d’Algemesi, près de Valence, est là ! Ailier au profil atypique par sa grande taille, le joueur est généreux en défense, où il peut défendre avec efficacité en poste deux et profiter de son sens du jeu et de l’anticipation pour les remontées de balles rapides en projection. Rapide, et disposant d’une grande envergure au shoot, sa palette est une aubaine.
« Au départ, je jouais avec les copains mais à Barcelone, les choses deviennent sérieuses »
Passé trois ans par la Massia, centre de formation du grand Barça où il côtoie aussi les footballeurs du club Blaugrana, Josep Folques prend alors conscience que le handball peut devenir un métier : « Au départ, je jouais avec les copains mais à Barcelone, les choses deviennent sérieuses. J’ai joué avec l’équipe B, fait mes armes, puis à 18 ans, j’ai rejoint Benidorm, en Première division ». Profitant de la blessure du titulaire de l’époque, le jeune Josep ne laisse pas passer sa chance et performe.

Régulièrement appelé en sélection jeunes avec la Roja, il confirme ses belles dispositions mais connaît ensuite deux nouveaux changements de club, passant par Maristas Algemesi, à la maison puis Puerto Sagunto, dans l’élite, pendant deux ans. La palette s’épaissit, le joueur progresse et revient avec une maturité renforcée à Benidorm en 2019.
Deux saisons pleines plus tard (dont celle du Covid), 116 buts dans la besace lui ouvrent les portes du très haut niveau, ainsi qu’un premier départ d’Espagne : « A l’issue de la saison, j’ai plusieurs opportunités, avec la France déjà, mais surtout le Sporting Lisbonne, une institution au Portugal et surtout, une formation qui joue l’Europe. J’ai alors 25 ans et la possibilité de découvrir le très haut niveau, de progresser encore et je n’hésite pas… »
Deux coupes du Portugal remportées et huit sélections avec la Roja
S’en suivent deux saisons réussies dans la capitale portugaise, où Josep marque et gagne des titres. Celui qui avait jusque-là comme ligne au CV son diplôme validé pour devenir prof d’EPS, avant que le handball ne prenne 100 % de son emploi du temps et de ses projets pros, remporte deux coupes du Portugal et termine deuxième dernière Benfica.
Joseph ne rate pas l’occasion non plus les expériences internationales, avec huit sélections en amicaux au sein de la Roja et une participation aux jeux méditerranéens : « Porter le maillot rouge de la sélection, c’est unique, fort et un peu le rêve, surtout quand on a connu les sélections jeunes et que l’on veut un jour entendre notre hymne chez les « grands ». C’est une fierté d’avoir pu évoluer en sélection ». Ses sélections en terres lusitaniennes n’y sont pas étrangères et suscitent de nouveau l’intérêt de la Starligue à l’issue de ses deux saisons en « Vert et Blanc ».
Le joueur, lui, est ouvert au changement : « Je jouais un peu moins sur la fin et je n’étais pas fermé à une nouvelle aventure. Si le niveau est élevé avec le Sporting, Porto et Benfica, pour le reste, vraiment, c’était en dessous. Le championnat se jouait sur les matchs entre ces trois-là et la Starligue, forcément, ça ne se refuse pas. C’est avec l’Allemagne le meilleur championnat du monde. »
« La proposition de Cesson était idéale »
Flairant la bonne affaire, Gilles Dérot et Istres se positionnent et emportent la mise. Le joueur s’engage à mi-saison mais en juin, Istres descend en Proligue. C’est une douche froide, dans un premier temps, pour le Valencian : « Au début, cela a été compliqué à accepter. J’avais commencé à apprendre le français, j’avais hâte d’en découdre mais finalement, le passage en Proligue a été très intéressant. Au-delà de la vie dans la région, très plaisante, je me suis vraiment plu dans ce club, où on m’a donné beaucoup de temps de jeu, de confiance. Nous étions attendus partout et nous avons réussi à remonter dans l’élite ».
Parfaitement adapté dans une équipe où ses qualités techniques et mentales en font un leader naturel, il en devient même le capitaine au cours de sa seconde saison en Provence sur la deuxième partie de saison.
Une marque de confiance, un marqueur aussi d’adaptation au championnat, comme un sésame pour poursuivre en France, un peu plus haut : « Au bout de ces deux années, j’avais l’envie d’aller un peu plus haut et de rejoindre un club un cran au-dessus. La proposition de Cesson était idéale dans cette optique, avec une salle que j’avais déjà visitée comme adversaire, des supporters fantastiques que j’apprends depuis à connaître et un projet ambitieux, structuré qui m’a tout de suite convaincu ». Cap donc, pour Josep, sur la Bretagne pour remplacer Junior Tuzolana, récemment recruté par le Vardar, et découverte d’un registre tout nouveau.

Madame Folques veille au grain…
Hargne, tempérament et un brin de provocation pour l’état d’esprit, vitesse, anticipation, grosse capacités défensives et envergure pour le côté technique. Côté point d’amélioration, le joueur évoque des progrès à faire dans la finition : « Je travaille à la vidéo, on regarde comment varier les tirs, en fonction des gardiens. Certains m’attendent au premier poteau, d’autres me le laissent ouvert. Le duel avec le gardien, c’est toujours un rapport de force qui me plaît beaucoup ! »
Avec des premières sensations plus que positives : « Notre début de saison est très bon. C’est un groupe fortement renouvelé et nous apprenons à nous connaître. Il y a une superbe ambiance, le projet du staff est vraiment plaisant, porté sur le jeu et nous nous trouvons bien. Le plaisir est là et nous allons continuer sur cette dynamique sans nous prendre la tête, en voulant gagner chacun de nos matchs, peu importe qui sera en face. Comme la plupart des joueurs, je ne suis pas venu ici pour jouer un simple maintien et je suis convaincu que nous avons les armes pour terminer dans le top 10 !».
Avec l’ambition et le caractère de son ailier valencian, le CRMHB dispose d’une nouvelle arme, complémentaire de Xavier Labigang, dont il entend bien faire usage sans modération. Si ce n’est dans les mots sur le terrain, où Madame Folques (le joueur s’est marié cet été) veille au grain : « Elle me dit de me calmer, elle me canalise. J’essaie de l’écouter, je suis pourtant quelqu’un de tranquille et relax dans la vie mais après, une fois sur le terrain… Mais promis, je vais essayer de mieux contrôler tout cela ». Pas sûr que le public, enclin à s’enflammer et à pousser les joueurs de caractère, ne lui en veuille, si la promesse reste vaine…
