C’est presque « leur » victoire et pourtant… En septembre, Ousmane Dembelé, formé au Stade Rennais et apparu au Roazhon Park sous le maillot rennais, un soir de pluie face à Angers, a été couronné « Ballon d’Or France Football » soit meilleur joueur de foot de la planète. Si l’intérêt de cette distinction individuelle dans un sport collectif reste et restera un débat sans issue, le sacre d’un gamin de la maison a forcément été salué et souligné.
Pourtant, cette victoire est aussi le témoin de l’incapacité du Stade Rennais, comme de la quasi-totalité des clubs français, à pouvoir jouir de ce qu’elle produit sur le long terme, à savoir des joueurs de haut vol, souvent destinés aux joutes internationales, avec leurs nouveaux clubs ou en sélection. La liste, au Stade Rennais, est ainsi incroyable et longue, ne serait-ce que sur ces dix dernières années avec, pêle-mêle, Eduardo Camavinga, Jordan Tel, Désiré Doué, Ousmane Dembelé, Adrien Truffert pour ne citer qu’eux.
Des joueurs ayant joué, une, deux voire trois saisons pleines grand maximum dans la capitale bretonne, avant d’être vendus et de remplir les caisses du club, plus que l’armoire à trophées. Question de choix, fatalité ou logique des évolutions de carrière de chacun ? Un peu de tout cela. Question de moyens aussi, d’argent, pour les joueurs comme pour les clubs.
Un souvenir du style, au moins, ne se vend pas
Former pour les autres en privilégiant la survie au développement par le terrain, voilà le drame d’un football français qui excelle en sélection atteignant très souvent les derniers carrés des grandes compétitions mais piétine en coupe d’Europe, avec seulement deux pauvres Ligues des Champions en plus de 70 ans de compétition. Le modèle doit évoluer, se réinventer mais ce n’est pas avec la crise des droits TV et la pression fiscale en place que ce grand jour sera pour demain.
Les autres sports ne sont pas épargnés, à l’image du handball où les meilleurs joueurs français rejoignent le PSG, Nantes et Montpellier avant de filer, dès que l’occasion se présente, vers les contrats lucratifs de l’Est. Ne parlons pas du basket et de sa passion américaine, ni d’un volley où les contrats durent souvent moins d’un an… Petite exception, peut-être, avec le rugby, le TOP 14 étant LA référence mondiale où l’on vient aussi pour les meilleurs salaires, forcément…
Si Ousmane Dembelé n’a pas manqué de remercier son club formateur, c’est à Dortmund, Barcelone et Paris que le joueur a réussi ses plus grands exploits et faits d’armes. Les souvenirs laissés du temps de ses jeunes années, loin des récompenses mondiales et contrats faramineux, sont des sourires, des buts contre Nantes et une insouciance. Cela ne paie pas autant mais reste précieux, pour de longues années et cela reste toujours ça de pris. Un souvenir du style, au moins, ne se vend pas.
