En s’attachant les services de Warren Racine, l’Union Rennes Basket s’est offert un meneur de premier ordre, champion de France de Nationale 1 la saison passée avec Challans. Dans ses valises, le joueur emmène avec lui un CV bien garni et une expérience précieuse dans un groupe ne demandant qu’à en bénéficier.
Chez les Racine, difficile d’échapper à la balle orange. Que ce soit le père, la mère ou les enfants, la famille respire basket. Une maman basketteuse jusqu’en quatrième division et un papa, Régis, joueur dans les années 90 et 2000 et international français à sept reprises. Rien d’étonnant non plus au moment d’apprendre que les deux se sont rencontrés sur un terrain de basket, leur deuxième maison.
Si les souvenirs du « petit Warren » se forgent sur les parquets, c’est pourtant un grand champion sur piste qui l’inspire aujourd’hui, Lewis Hamilton : « Je suis passionné de Formule 1 et notamment de Lewis Hamilton, dont je suis fan. J’ai suivi une course un jour à la télé, ça devait être les premières années de Lewis chez Mercedes, vers 2012, et je me suis pris de passion. Il y a ce travail de vitesse, la voiture, les stratégies de course. Je m’inspire énormément de lui et de sa carrière. »
« Tu regardes ton père jouer, les Américains à ses côtés et tu te tournes logiquement vers ça »
Avec Warren Racine, place à un joueur se définissant lui-même comme « dynamique et aimant les moments chauds ». Ajoutez à cela l’organisation et la mise en place de stratégies inhérentes à son poste et toute ressemblance avec un pilote serait fortuite… ou pas.
Si la passion pour la F1 est bien là, le basket reste omniprésent depuis toujours : « Mes parents ne m’ont jamais mis la pression car j’ai aussi essayé le judo, le tennis, la natation ou encore le foot, mais forcément, il y avait toujours le basket pas très loin. Tu regardes ton père jouer, les Américains à ses côtés et tu te tournes logiquement vers ça. Anthony, mon frère aîné, y est allé encore plus rapidement et en le voyant grandir dans cet univers, ça nous a aussi donné envie de devenir basketteurs ».
Nous ? Oui, car Warren fait équipe depuis sa naissance avec Alexis, son jumeau. Aujourd’hui, les trois frères ont fait de leur sport un véritable socle, un lien indéfectible les unissant : « Nous n’avons que 15 mois d’écart et sommes presque des triplés (rires). Nous sommes hyper soudés et heureusement qu’ils sont là. Ils ont toujours des bons conseils, hors et sur le terrain, et mentalement, c’est très important pour moi ».
Anthony Racine : « Warren, c’est la force tranquille »
Pour évoquer le néo-Rennais, en toute logique, qui de mieux que ses deux frères ? Parole d’abord à l’aîné, Anthony : « Warren, c’est la force tranquille. J’ai toujours été admiratif de sa capacité à savoir ce qu’il veut vraiment. Il ne se prend pas la tête. Cependant, si un jour vous voyez une petite veine au milieu de son front, c’est qu’il est soit énervé, soit stressé, mais chut (rires) ! »

Alexis enchaîne : « Notre relation est fusionnelle. Et encore, le mot est faible, puisque nous sommes jumeaux. Nous nous appelons pratiquement tous les jours. C’est quelqu’un de généreux et fondamentalement gentil mais aussi d’honnête », avant d’y aller lui aussi de sa petite anecdote : « Parfois, sans se concerter, nous mangeons exactement la même chose et il nous arrive aussi d’acheter exactement le même vêtement dans le même magasin ! »
La venue de Warren Racine dans la capitale bretonne n’est, elle, en revanche, pas un hasard. Attirer un joueur champion de France n’était pas tâche aisée et plusieurs facteurs ont pesé dans la balance, dont la présence du frangin Alexis non loin de là, à Laval : « Ce sont des choses importantes pour mon équilibre. Nous sommes ainsi proches géographiquement, mais aussi proches de Paris où j’ai ma copine et de la famille. Cela fait aussi huit ans que je joue contre l’URB et j’ai toujours eu des bons échos du club. Je cherchais quelque chose de sain et je connais aussi la région pour avoir déjà joué à Vitré. »
« J’ai hésité à arrêter le basket »
Tout était aligné pour que Warren puisse ainsi prendre « racine » en Bretagne, dans la durée, avec un contrat de deux ans. Une région où son passage à Vitré reste l’un des meilleurs souvenirs de sa carrière, et pour cause : « Avec Alexis, nous avons évolué ensemble. C’est une expérience incroyable de voir son frère tous les jours et de défendre le même maillot. Il n’a pas eu un parcours classique et il a toujours eu besoin de prouver. Il a une force de caractère incroyable et il a franchi toutes les étapes, de la N3 à N1 ».
Les difficultés, Warren en a aussi connues. Formé à Nanterre, il découvre le monde professionnel et même la coupe d’Europe avec les Verts : « Je serai à jamais reconnaissant envers Nanterre. Le club m’a donné l’opportunité de signer trois ans en D1 et de toucher le très haut niveau. J’ai même mis quelques points en coupe d’Europe et personne ne pourra me l’enlever. Je n’avais que 20 ans à ce moment-là et j’ai pris beaucoup d’expérience ».
Malheureusement, à la suite d’un prêt d’un an à Denain, la fin d’aventure avec le club francilien n’est pas celle espérée : « J’ai connu comme une descente aux enfers et cela m’a un peu dégoûté du haut niveau et du basket. Mon contrat est coupé en décembre et j’ai hésité à arrêter le basket à ce moment-là. Heureusement, quelques semaines plus tard, Tarbes-Lourdes me propose un contrat pour jouer, et reprendre du plaisir sur le parquet ». Le début d’une nouvelle histoire.
Cinq saisons à Rueil
Après plusieurs mois dans le sud, Rueil, en région parisienne, se manifeste. L’idylle durera cinq ans : « Ils m’ont ouvert les bras et j’ai créé des liens très rares, que ce soit avec les dirigeants, les coachs ou les supporters. J’ai aussi rencontré deux amis, Vincent Fandelet et Steven Ricard. Nous formons un trio ». Entre frères ou entre amis, la règle de trois est de mise pour Warren Racine.
Il partage d’ailleurs sa passion de la F1 avec Steven Ricard avec qui, de loin, il a pu apercevoir son idole : « J’ai pu assister au Grand Prix de France au Castellet. J’y ai vu Lewis en vrai, certes d’un peu loin, mais c’est un moment inoubliable. Si un jour j’ai l’occasion d’aller à Monza, ça sera sans doute le plus beau jour de ma vie ! »

Après son passage à Vitré, le nouveau numéro 3 rennais rejoint Challans. Là encore, les émotions sont au rendez-vous, avec un titre de champion de France : « C’est incroyable de vivre ça dans une carrière. Nous étions sûrs de notre force. Je souhaite à tout le monde d’être champion de France un jour ».
« Je n’ai pas de problème avec le fait de ne pas poursuivre, c’est plutôt le timing »
Mais alors que le meneur s’était engagé pour deux ans avec le VCB, il rejoint finalement la Bretagne après seulement un an en Vendée. Un départ sur lequel il souhaite donner sa version : « J’ai lu que c’était ma volonté de quitter le club alors que c’est le coach qui m’a appelé pour me dire qu’il ne me conservait pas. Je n’ai pas de problème avec le fait de ne pas poursuivre, c’est plutôt le timing, même si je suis retombé sur mes pattes en rejoignant l’URB ».
A Rennes, Warren Racine aura pour mission, notamment, d’encadrer la jeune garde rennaise. Un rôle qui lui tient à cœur : « C’est important et je suis aussi passé par cette phase. Ce sont des choses que je suis venu chercher ici et nous en avons discuté avec Bastien ». Joueur altruiste, Warren Racine, 30 ans, n’est pas de ceux qui parlent à tout va.
Préparation mentale et visualisation des matchs au menu
Chez lui, tout est précis, au bon moment : « On ne dirait pas comme ça, mais je suis émotif. Je prends les émotions des autres et je suis un peu une éponge. C’est aussi un point à améliorer, car il faut que je filtre un peu plus ce qui se passe autour de moi. Même à mon âge, on apprend. Je m’ouvre un peu plus, mais que ce soit dans la vie de tous les jours ou sur le terrain, je ne parle pas beaucoup. Quand je dis quelque chose, je veux marquer le coup ».
Dans son introspection et accompagné par un préparateur mental, « Wa », comme il est parfois surnommé, a aussi mis en place un rituel de visualisation avant les matchs : « Par exemple, je me vois mettre des paniers », précise-t-il. Dans ces moments, la musique l’accompagne : « La musique fait partie intégrante de ma vie et j’écoute vraiment de tout. Ça peut être du Rap US comme du Adèle. D’ailleurs, j’écoute pas mal Adèle en ce moment. J’ai aussi un piano. Je peux rajouter à ça la mode, car j’aime bien soigner le style. J’apprécie également la photo et je compte d’ailleurs bientôt investir dans un drone ».
En attendant de maîtriser les clichés aériens, Warren Racine aura pour tâche d’organiser le jeu de l’URB et d’enchaîner les points. En bord de terrain, charge aux photographes d’immortaliser les paniers du meneur rennais pour faire de la visualisation d’avant-match une réalité.
