Arrivé en « pompier de service » suite au flop Sampaoli, Habib Beye a enfin lancé sa carrière de coach dans l’élite. A l’arrivée, la mission maintien a été assurée mais pour autant, beaucoup d’interrogations subsistent. Le coach Beye est éloquent, connaît parfaitement le football et semble avoir son groupe avec lui. Est-il pour autant l’homme de la situation ? Plusieurs indices laissent à penser que oui…
La jeunesse au cœur du réacteur
Club formateur à l’ADN reconnu, le Stade Rennais ne pouvait pas s’égarer plus longtemps dans des paris douteux sur des joueurs dits à potentiels formés loin de la Piverdière. Avec l’arrivée de Loïc Désiré, formateur dans l’âme et celle en amont du technicien sénégalais, le Stade Rennais choisi de remettre son savoir-faire au cœur du projet. Habib Beye n’a ainsi pas hésité longtemps avant de lancer dans le grand bain Djaoui Cissé, que ni Julien Stéphan, ni Jorge Sampaoli n’avaient jugé apte tout en l’ayant pourtant eu sous les yeux.
Il a aussi fait le forcing pour rapatrier Jérémy Jacquet depuis Clermont, avec succès. Prisé aujourd’hui par de grands clubs européens, l’international espoir a pris aisément place en défense centrale, rendant à son coach une confiance totale. Autre trouvaille, en attaque cette fois-ci, avec Mohamed Meité, buteur décisif en finale de Gambardella et auteur de deux buts en Ligue 1, à 17 ans. Profil athlétique, remiseur et très bon de la tête, le jeune attaquant illustre les partis-pris de l’ancien consultant de Canal +.
Peu importe les statuts, Habib Beye fera jouer ceux qui le méritent et le justifient, peu importe l’âge. La fin des privilèges en quelque sorte, ou des « pseudo-statuts », qui ne fera pas que des heureux mais qui a le mérite de rebattre les cartes. Très confiant en sa vision du football et dans le projet qu’il souhaite mettre en place, l’ancien latéral droit de l’OM ne sera pas du genre à se faire dicter ses choix. Une vraie force pour reconstruire un vrai projet.
Une connaissance et une vraie maîtrise de la Ligue 1
Si être consultant ne garantit pas de pouvoir faire carrière comme entraîneur, ce vécu, dans le cas d’Habib Beye, apporte indéniablement une connaissance très élargie de ce qu’offre son environnement, en fonctionnement, en ressources comme en joueurs. Passionné de foot, le coach rennais vit pour cela, connaît parfaitement son championnat, la Ligue 1 mais ne s’arrête pas à cela et ne laissera rien au hasard au moment de construire son onze de départ, puis son effectif.
Rien n’est laissé au hasard et les erreurs de casting seront rares, la compatibilité entre les uns et les autres s’annonçant être le futur juge de paix de la réussite, ou non, du projet. Avec un staff élargi et des compétences optimisées au maximum pour l’accompagner, l’entraîneur rennais a cette fois-ci la latitude de construire son projet, une fois les indésirables de l’effectif remplacés et son groupe constitué. Affichant une forte conviction en ses idées de jeu et son désir de fédérer, le coach rennais a la main.
Quatre premiers mois compliqués mais enrichissants
S’il affirme à qui veut l’entendre, et l’accepter, qu’il a un bilan très positif depuis son arrivée en Bretagne, Habib Beye, très habile et conscient du poids de chaque mot dans sa communication, sait pertinemment que tout a été loin, très loin même, d’être parfait et abouti. Si Rennes a logiquement dominé toutes les équipes à sa portée ou inférieures, il s’est aussi incliné face à ceux mieux classés, excepté Nice, prenant quelques roustes au passage contre Paris, à Marseille ou à Lyon.
Loin de pavoiser ou de bomber le torse, le technicien défend logiquement son bilan comptable, plutôt correct, mais a aussi pu cerner et identifier tous les maux dont souffre son équipe mais aussi le club depuis plus d’un an. Les limites de l’effectif, son manque de cohésion et d’unité, autant de problématiques dont il devra se débarrasser cet été pour repartir d’une page blanche où son écriture fera désormais foi.
Avec une base défensive identifiée, bien que le système ne soit pas encore arrêté et une animation offensive à construire, Habib Beye doit poser sa patte sur une équipe qui ne demande qu’un guide pour avancer, las des changements perpétuels de capitaine à la barre du navire et de cap à suivre. La stabilité est bienvenue et les qualités du coach, sa vision et ce qu’il souhaite faire du Stade Rennais mérite du temps pour être jugé, et tant pis pour les quelques défaites potentielles. Avec le chaos du championnat 2024-25, la perte de confiance a laissé des traces. Reste à rectifier le tir d’entrée, en août.
Des cadres prêts à suivre
Faire l’unanimité dans un vestiaire pro n’est pas chose aisée mais pouvoir s’appuyer sur ses cadres revêt une importance capitale. Là où ses deux prédécesseurs étaient en difficulté, Habib Beye semble, à ce jour, pouvoir s’appuyer sur un vestiaire où chacun a eu sa chance de lui prouver son envie ou ses capacités la saison passée. Faisant de la performance à l’entraînement le critère numéro 1, le technicien sait pour autant qu’il devra s’appuyer sur une colonne vertébrale expérimentée pour réussir.
Brice Samba dans les buts, Anthony Rouault en défense, Seko Fofana au milieu de terrain et pour le moment, Ludovic Blas en dépositaire du jeu offensif. Dans les recrues à venir, il y aura forcément, aux côtés d’une jeunesse toujours prisée, de l’expérience, du vécu et des capitaines d’expédition pour porter le message.
Ambitieux pour lui comme pour son club, le coach sait cette année capitale et aura besoin de relais prêts à le suivre, contre vents et marées. Fort d’un discours puissant et persuasif, l’entraîneur des « Rouge et Noir » a les moyens de ses ambitions, en s’appuyant sur les bons appuis. De là aussi dépendra la réussite d’un projet alléchant, qui repart à zéro non sans enseignement d’un passé déjà riche de vécu personnel comme collectif.
