Handball – Starligue : Voyage au cœur des Irréductibles vainqueurs à Créteil

Inside du déplacement à Créteil.
Les Irréductibles fêtent la victoire avec leurs supporters. @Crédit photo : JRS

C’était le match à gagner pour entrevoir enfin la lumière au bout d’une saison compliquée de toute part. Le 23 mai dernier, nous avons fait le déplacement à Créteil avec les supporters cessonnais pour une journée décisive, ponctuée avec la victoire, des sourires et de beaucoup d’espoirs. Embarquez avec nous pour un voyage au cœur des Irréductibles.

14h : Le rendez-vous est fixé sur le parking P1 de la Glaz Arena, « JRS » est « dans la place ». A l’initiative du club, un car est affrété pour aller soutenir le CRMHB, en déplacement à Créteil pour un rendez-vous capital en vue du maintien face aux banlieusards parisiens, premiers reléguables au classement. Au compte-gouttes, chacun arrive aux couleurs cessonnaises. Pour ceux ayant omis de trouver la bonne tenue, Nicolas Lemonne, Olivier Laz, et Antoine Le Berre, les trois représentants du club présents, ont tout prévu, avec des marinières floquées aux noms des partenaires du club.

Le président Stéphane Clémenceau, superstitieux, a encore Pontault et le match de la descente en 2019 en tête et ne prend pas part à la fête. Dans l’assistance, des jeunes de moins de 10 ans comme des plus anciens, le tout dans une bonne ambiance, calme et disciplinée au moment de prendre place dans le bus. Il est 14h20 et 52 Irréductibles de plus prennent la direction de la capitale.

Les marinières déferlent

17h15 : Après deux heures et demie passées dans la bonne ambiance dans le car, avec quelques chants et beaucoup de discussions pour évoquer les différents scénarii possibles pour vivre le meilleur maintien au plus vite, petit arrêt du côté de Chartres. Les marinières déferlent sur l’aire de repos sous l’œil amusé d’une population curieuse qui se demande bien de quel club de foot il s’agit.

« Et non, du handball messieurs, dames, et une horde de Bretons bien décidés à triompher ! » L’envie d’y être monte et les jeunes handballeurs bretons du club venus en force commencent à entonner les chants. Créteil tiens-toi prêt, nous arrivons !

« Ils nous ont donné beaucoup de force et ce, dès l’échauffement ! » Xavier Labigang

18 h 30 : Alors qu’Olivier Laz se colle à la distribution individuelle des billets pour pénétrer dans la vétuste salle Robert-Oubron, le panneau Créteil apparaît mais les embouteillages parisiens font durer le plaisir. Heureusement, notre chauffeur Jean-Michel assure et gère parfaitement une arrivée réussie avec des vitres servant de percussions pour signaler l’arrivée des valeureux bretons une demi-heure plus tard. Créteil, nous voilà !

19h30 : Placée en haut au fond de la salle cristollienne, l’armada bretonne ne lésine pas sur les tambours et les chants pour se faire remarquer mais aussi, c’est à signaler, chaleureusement accueillir. L’ambiance est bon enfant et les joueurs, à l’échauffement, ne manquent pas de saluer leurs supporters. Après la rencontre, Xavier Labigang nous confiera : « Ils nous ont donné beaucoup de force et d’énergie, et ce, dès l’échauffement. Ce n’était pas un match comme les autres grâce à eux, ça booste énormément de les sentir derrière nous, ainsi. Nous étions bien plus que 7 sur le terrain grâce à notre public. »

20h : Entrée des équipes, le stress monte. Hymne de la Liqui Moly Starligue, salutations et début des hostilités. A l’applaudimètre, la cinquantaine de supporters irréductibles rend largement la monnaie aux afficionados locaux, avec un score qui tourne assez vite en faveur des Cessonnais. La soirée démarre au mieux, avec trois unités d’avance au bout de dix minutes.

Cesson mène à la pause

20h40 : C’est la mi-temps et après une petite remontada cristollienne sous l’impulsion du bondissant Lopez, Cesson a remis les choses au clair grâce notamment à ses tauliers Romain Briffe et Robin Molinié. 14-18 à la pause, on a gagné une bataille mais pas encore la guerre. Une avance confortable à gérer pour les joueurs de Yann Lemaire. Côté public, pas de relâche, avec des chants et des tambours qui continuent de se faire entendre alors qu’un beau spectacle de danse vient faire oublier quelques minutes aux locaux la défaite qui se dessine à l’horizon.

21h : Le début de seconde période est parfait. Cesson attaque du côté de son public et prend six buts d’avance. Frédéric Etienne, l’un des partenaires du club présent et gérant de I-boost, confie après coup : « Franchement, quand il y a eu cette entame, on a tous pensé en tribunes que ça allait dérouler et que nous allions nous envoler au score. Mais le hand n’est pas comme ça… »

Et c’est peu de le dire… Dans une ambiance survoltée, animée par l’énergie du désespoir dû à la situation des Béliers au classement, Lopez et Bariento sonnent la charge et remontent un score qui semblait acquis. Cesson se fait peur, avec un 26-26 au moment d’aborder les 10 dernières minutes…

La communion est belle, totale et la gratitude réciproque

21h45 : Bien heureusement, Créteil perd ses nerfs et voit deux joueurs sortis, dont un rouge direct, et Cesson ne laisse pas passer l’aubaine pour creuser de nouveau l’écart. Définitivement cette fois-ci, et jusqu’au bout… La délivrance du buzzer, sur le score de 29-34, voit tous les Cessonnais exulter et se sauter dans les bras pour célébrer bien plus que deux points au classement.

Yann Lemaire fonce tête baissée vers ses joueurs avant de faire demi-tour, comme rappelé par sa fonction et tente de retrouver une démarche plus calme pour aller saluer son homologue et les officiels… avant de retourner féliciter ses joueurs. Immédiatement, l’ensemble du groupe fonce vers un public descendu au bord du terrain. La communion est belle, totale et la gratitude réciproque, entre les quatre heures de bus récompensées par la prestation des joueurs qui ont mouillé le maillot et des joueurs si heureux de partager ces moments-là avec la famille Irréductibles.

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Edgar Dentz, l’âme d’un capo

Edgar Dentz l’avouera sur les réseaux, il a toujours eu l’âme d’un capo et c’est de bon cœur qu’il lance, grosse caisse autour du coup, le clapping de victoire, au grand dam de certains dirigeants cristolliens quelque peu aigris sur le coup. Peu importe, ce moment de partage, les joueurs et leurs supporters l’ont tellement mérité que rien ne doit ni ne peut gâcher la fête.

22h : Dans les vestiaires, l’ambiance est au top, ça chante mais pour autant, ce n’est pas non plus l’hystérie. Romaric Guillo et ses coéquipiers le savent, il reste un coup de collier, et plus précisément une victoire à prendre sur les deux derniers matchs pour renouveler le bail dans l’élite. Pas une formalité mais pas non plus un défi impossible avec la venue de Chartres pour démarrer juin à la Glaz avant de conclure à Istres. Dehors, déjà, on refait le match…

« La victoire de ce soir, c’est aussi celle du Cesson de l’ombre, l’association et tous ses licenciés »

22h30 : Parmi les « leaders » ou capo du soir, au choix, Tom Mercier, joueur au club en équipe 3 en pré-nationale, savoure, la voix légèrement abîmée : « Voilà dix ans que je joue à Cesson. C’est le club que tout le monde supporte en Bretagne, celui qui est tout en haut. On ne parle pas de Nantes, j’ai dit Bretagne (rires).

La victoire de ce soir, c’est aussi celle du Cesson de l’ombre, l’association et tous ses licenciés. Nous avons tous les mêmes couleurs. Quand le club a proposé ce déplacement, c’était obligé pour moi de le faire. J’ai fait quelques déplacements avec le Stade Rennais, je savais ce que c’était de se déplacer en bus.

Venir à Créteil, ça se fait plutôt facilement. Je n’avais pas cours aujourd’hui mais même si j’avais eu, je serais venu. C’est le premier déplacement organisé et j’espère que ce ne sera pas le dernier car ça se fait sans excès, avec toutes les générations réunies et c’est aussi la réussite de cet événement. On a vu un beau match de Cesson, plutôt maîtrisé et le scénario donne évidement une saveur très positive à la sortie. Neuf heures de bus récompensées par deux points, c’est top, mais c’est surtout ce que nous avons partagé qui compte. »

« C’est une très bonne initiative, à construire, c’est le début et je pense que le déplacement peut créer autre chose, fédérer, sur les déplacements courts »

Non loin de là, un trio de 30 ans à peine à eux trois, maillot des Irréductibles sur les épaules, savoure. Ils ont 8, 10 et 11 ans et ont vécu un moment inoubliable. Marcel, 10 ans, a apprécié l’expérience : « C’était bien, j’ai beaucoup aimé. J’avais école mais on est venus avec Romain et Vincent. » Romain ajoute, pas peu fier : « Je n’ai pas eu peur, on a bien aimé taper dans les vitres du car, quand on est arrivés, c’était rigolo, vraiment. Le retour va être mieux. Dormir ? Non, on va faire la fête et mettre de la musique ! »

22h45 : Plus loin, sur le chemin du retour, Frédéric Etienne et Nicolas Chataigner, de Linovim, les deux partenaires ayant fait le déplacement tandis qu’une autre réunion partenaires se tenait au Bois-Guy, témoignent : « J’avais dit à Tristan qu’il fallait faire un petit déplacement et je suis vraiment ravi que la chose ait été faite. Dès que je l’ai vu, j’ai sauté sur la place. Tout le monde a aimé et je pense qu’il y a un truc à faire, même à la Glaz. »

Nicolas abonde : « C’est une très bonne initiative, à construire, c’est le début et je pense que le déplacement peut créer autre chose, fédérer, sur les déplacements courts. La victoire embellit la chose mais vraiment, c’était très appréciable. »

Pas loin d’un oubli de supporter au Mans sur l’aire de repos

23h : Une fois remontée dans le bus et l’euphorie un peu retombée, toute cette joyeuse troupe est plus calme. Après quelques chants de bon aloi, certains lâchent prise et s’endorment rêvant à un maintien désormais palpable, d’autres scrollent les écrans, en revisitant les vidéos de match postées sur les réseaux sociaux avec enthousiasme par les uns et les autres.

3h15 : Arrivée à Cesson, non sans être passés loin d’un oubli de supporter au Mans sur l’aire de repos, l’un d’eux s’étant quelque peu « oublié » aux toilettes, chacun regagne sereinement ses pénates, avec d’office, l’envie d’y retourner dès la prochaine occasion. Oui, Cesson, tes supporters étaient bien là !

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.