Edito : Les Jeux, la Ligue des Champions… et après ?

L'édito de votre JRS de juin.
Désiré Doué sous les couleurs rennaises. @Crédit photo : JRS

Ils sont nombreux, les Rennais, ayant vibré, un peu par défaut, le 31 mai dernier, lorsque Désiré Doué s’offrait un doublé en finale de la Ligue des Champions, aux côtés d’Ousmane Dembélé. Deux enfants du club sur le toit de l’Europe, avec le fameux précieux tant désiré, c’est un peu de reconnaissance du monumental travail réalisé par la formation rennaise. C’est aussi l’aveu, au sujet du premier nommé, de l’incapacité à jouir de ses joyaux au-delà de quelques mois ou au mieux, deux années.

Former, façonner et faire émerger les talents de demain, au(x) bénéfice(s) des autres, sans hélas le moindre mot de reconnaissance. Ainsi va le football… Mais ne vous y trompez pas, au-delà du PSG, hors sol sur bien des aspects, celui-ci va mal, très mal même, et il n’est pas le seul… Si le Stade Rennais est à l’abri de désagrément grâce à un actionnariat fort, beaucoup d’autres clubs ne savent plus de quoi demain sera fait et tremblent à l’heure où la DNCG va presque devenir une compétition à suivre de près, en multiplex.

Dépôt de bilan par ici ! Masse salariale encadrée par-là ! Attention rétrogradation du côté de X ou Y… L’été va être animé et nul ne peut dire, au 1er juin, quels seront les 18 clubs de Ligue 1 sur la ligne de départ dans deux mois, la faute à droits TV en chute libre mais surtout, à une folie des grandeurs de présidents s’étant vus trop beaux et payant aujourd’hui au prix fort une vanité et une indifférence au contexte global qui met aujourd’hui tout un milieu au pied du mur.

Toujours aussi loin, pour beaucoup, d’être une priorité, le haut niveau, vit sous perfusion et les disparitions s’empilent

Mais attention, notre belle cité rennaise le montre, le foot est loin d’être le seul concerné par un monde du sport dans le dur, moins d’un an après Paris 2024. Toujours aussi loin, pour beaucoup, d’être une priorité, le haut niveau, vit sous perfusion et les disparitions s’empilent. Résultat, c’est sur le terrain administratif que se joueront beaucoup de verdicts qui auraient dû être actés sur le terrain.

Saint-Grégoire va ainsi, en handball féminin, attendre plusieurs semaines pour savoir s’il est repêché ou non, voyant ainsi son futur effectif en suspens en fonction des décisions concernant… les autres. Même son de cloche pour le CPB Handball masculin, relégué sportivement mais également suspendu aux réengagements à ce niveau des uns ou abandons des autres, ou interdiction de montée. Le REC Volley, second au classement, va lui bénéficier d’une montée car il peut y prétendre structurellement.

En basket, les clubs bretilliens ont tous vu leur maintien en N1 mis en délibéré en l’attente de pièces complémentaires, Vitré étant même envoyé provisoirement en Régionale… En rugby, le REC pourrait croiser…Biarritz, oui, feu le mythique BO, rétrogradé administrativement… Nous pourrions encore continuer longtemps mais préférons plutôt arriver au constat sans appel d’un sport de haut niveau en souffrance.

Une reprise en main et une remise en question sont indispensables à tous les niveaux

Moins de subventions à tous les niveaux des collectivités malgré des efforts louables, notamment pour les « autres » clubs, moins exposés. Il est aussi un contexte économique et politique plus que morose, des tensions sociales et des partenariats privés certes travaillés avec passion et efficacité mais souvent insuffisant pour compenser et des diffuseurs ne faisant pas – ou plus – de folies. Le tableau n’est pas très gai mais réaliste, à l’heure où l’on sait sans avoir attendu les JO pour cela, le pouvoir fédérateur et mobilisateur du sport.

Une reprise en main et une remise en question sont indispensables à tous les niveaux pour sauver non pas l’élite du football, mais tout le modèle du sport français de haut niveau, logiquement pris de vertiges et d’une peur du vide concrète. L’héritage des Jeux ou d’une Ligue des Champions, c’est aussi cela, l’excellence dans le temps, des championnats avec un nombre d’équipes pair et surtout, un véritable avenir… Si l’heure des vacances a sonné pour les joueurs, le boulot est bel et bien là et conséquent en coulisses !

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.