Handball – Nationale 1 : Stan Zmuda : « Le CPB, plus qu’un maillot, c’est une identité »

Portrait de Stan Zmuda.
Stan Zmuda est revenu sur les terrains en février. @Crédit photo : JRS

Quand la poisse vous colle aux basques, pas facile de s’en dépêtrer… En la matière, Stan Zmuda, 25 ans, en connaît un rayon après deux opérations successives aux ligaments croisés du genou gauche. Revenu sur les terrains en février, le joueur a retrouvé « sa famille handball », le CPB et l’ambition et l’envie d’aller au plus haut au milieu de ses potes. Du bonheur, simple, à partager sans modération.

L’odeur d’un vestiaire, enfiler un maillot, réussir un contre en défense ou marquer un but mais aussi vivre un long trajet en bus avec ses interminables parties de cartes. Tout cela lui avait tant manqué, tout comme les échanges avec les copains, les délires capillaires et les causeries d’avant-match. L’entrée, enfin, sur le parquet de Géniaux, maillot vert sur les épaules.

Stan Zmuda est de nouveau joueur de handball, dans son élément : « Ce retour à domicile contre Cesson, c’était fort, très fort. Mes parents, ma sœur, tout le monde s’est déplacé pour être là. Personne ne l’a vu mais j’ai eu du mal à contenir mes émotions à l’échauffement. Les yeux étaient un peu mouillés… Je n’ai pas marqué, c’est la seule chose qui a manqué mais ça y est, c’est reparti ! »

S’il a compté les jours, « 470 pour être précis », entre sa dernière blessure en décembre 2023 et son retour à Torcy, en février 2025, l’ancien Irréductible savoure déjà son bonheur de retrouver la petite pégueuse et de pouvoir repenser collectivement : « Je ne pense plus à moi, à mon retour, à ma récupération, tout cela, c’est derrière moi. Aujourd’hui, je suis très heureux de pouvoir de nouveau être uniquement focus sur l’équipe, ses objectifs. Place à l’équipe, au maintien, que nous avons largement les moyens de valider. Cette équipe forte, je crois en elle et je vais tout faire pour lui donner tout ce que je peux lui donner. »

Sa carrière de kiné ou le plaisir de jouer au hand avec ses potes

Qu’on se le dise, l’arrière-gauche du Cercle Paul Bert, revient de très loin. D’une rupture du ligament croisé du genou, d’abord, en décembre 2022, à Angers : « Je marque à distance mais mon adversaire me percute et me fait tomber après le tir. Je me souviens de la sensation, directement et je sais tout de suite que c’est sérieux, et probablement les croisés… Mon corps a dû dire stop, probablement ». Une fatigue due à un rythme compliqué.

Alors qu’il vient d’être choisi, après une première saison au CPB très réussie, pour devenir le premier joueur salarié du club, Stan Zmuda, tout heureux de la confiance témoignée par le Cercle, reçoit une autre bonne nouvelle qui pose un dilemme : il est reçu à l’école de Kiné à Paris, son objectif professionnel depuis toujours. Le choix est cornélien : sa carrière de kiné ou le plaisir de jouer au hand avec ses potes, dans sa ville et être payé pour cela, dans un club correspondant à ses valeurs sur toute la ligne…

Comme souvent devant pareille cadence, le corps dit stop

Stan choisit… de ne pas choisir : « J’ai pris l’option d’aller à Paris en tentant le pari de jouer le week-end avec le Cercle. Je m’entraînais à Paris, via la salle de sport, en faisant du crossfit mais je ne pouvais pratiquer le hand en semaine. Mi-septembre, je suis allé voir Manu (ndlr : Marty) pour demander à ce que le statut de joueur salarié soit donné à un autre gars, qui soit sur place, qui s’entraîne. Le groupe avait alors désigné Victor Vattier. Je ne me sentais plus légitime à l’être mais je voulais en revanche, réussir à aider l’équipe dès que j’étais là. Parfois, j’arrivais assez tôt le vendredi soir pour m’entraîner, parfois pas… »

Comme souvent devant pareille cadence, le corps dit stop. La rééducation se passe, pendant sept mois. Le joueur, pas du genre à s’économiser, s’arrache, se bat, travaille dur. Le résultat est au bout du chemin, avec un retour à la compétition rendu possible à l’été avec du renforcement conseillé, suite à une rupture partielle du greffon.

Pas question, cependant, de revivre les incessants allers-retours, même si l’heure n’est pas à la joie en région parisienne : « Franchement, ma vie était à Rennes. Ma copine, mes potes, mon club, tout mais voilà, cette école de kiné, j’y tenais et là aussi, je voulais aller au bout. J’ai donc choisi de rejoindre mon pote, Paul Sérinet, au Paris Sport Club, en N3. »

« Qu’on me donne cette opportunité, sans délai ou pression pour revenir, c’est dingue… »

Peu importe le niveau pourvu qu’il y ait l’ivresse. A défaut de vivre le haut niveau avec le CPB, quelques matchs permettent de rejouer mais très vite, l’instabilité du genou amène à l’implacable constat d’un greffon à reprendre : « Le médecin m’a dit que si je voulais rejouer à un niveau supérieur, il fallait réopérer… Un an plus tard, c’était reparti… »

Au moment de reprendre le chemin de la rééducation, la question d’un arrêt pur et simple se pose mais rapidement, l’envie de réparer le sentiment d’injustice prend le dessus. Avec, en ligne de mire, un retour à Rennes ancré en tête : « Je n’ai pas aimé la vie parisienne, tout ce qui va avec, je voulais quoi qu’il en coûte rentrer à Rennes même si ça ne plaisait pas trop à mon école… Il me restait alors deux ans d’école et pour moi, ce serait Rennes, handball ou pas, quoi qu’il arrive. » L’abnégation du jeune homme est récompensée et la suite du parcours étudiant se fera dans la capitale bretonne.

« Une carrière pro, ça brille, ça attire mais c’est éphémère. Ici, c’est tout autre chose et c’est surtout ce que je veux. »

Et une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, Lucas Vax, tout fraîchement nommé entraîneur, tape à la porte : « J’ai été très touché par la démarche du CPB. Lucas m’a appelé et m’a dit que j’avais ma place dans l’effectif, peu importe le moment où je serais prêt et opérationnel. Qu’on me donne cette chance alors que je n’avais presque pas joué en deux ans, sans délai ou pression pour revenir, c’est dingue, rare. C’est tout simplement le CPB, une famille. Dès lors, mon retour sur les terrains n’était plus une question d’envie, mais de temps… »

Après un passage par Capbreton puis un retour aux entraînements progressif, c’est un joueur tout neuf qui revient dans la rotation d’un CPB à la saison aussi irrégulière qu’intéressante. Investi auprès du groupe et désormais acteur du jeu, le joueur, formé à Cesson, est tout aussi conscient du manque de marge de ce groupe sur la zone rouge que des qualités et possibilités : « Nous avons un paquet de joueurs de très grande qualité, qui ont connu les niveaux du dessus.

L’ambiance est très bonne, la connexion avec Lucas, qui est un coach très intéressant et différent de ce que pouvaient être Pierre et Manu, font qu’il y a vraiment quelque chose à faire. A nous de nous bouger, de le mettre dans la meilleure position pour rapidement se mettre à l’abri et se libérer de l’enjeu classement. Quand Manu est arrivé, la première saison a été difficile, et la seconde très bonne. Il faut laisser le temps aux choses de se mettre en place. »

« La question ne se pose même pas, franchement. Aujourd’hui, je suis ici chez moi »

L’avenir s’écrit donc pour Stan Zmuda avec une dernière année d’école de kiné à valider puis un retour à son meilleur niveau au CPB… Ou ailleurs ? « La question ne se pose même pas, franchement. Aujourd’hui, je suis ici chez moi. Géniaux, c’est notre maison, et on se disait récemment avec Marin Legendre que nous avions l’envie de jouer ici, de porter ses couleurs aussi longtemps que l’on pourra.

Quand bien même un club viendrait proposer quelque chose d’autre, pour quoi faire ? J’ai toute ma vie, handball et hors hand ici, et je suis heureux, encore plus depuis que j’ai retrouvé la compétition. J’avais oublié à quel point le hand faisait mal physiquement. Une carrière pro, ça brille, ça attire mais c’est éphémère. Ici, c’est tout autre chose et c’est surtout ce que je veux. Plus qu’un maillot, c’est une identité et j’y tiens. »

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.