Football – Ligue 1 : Le premier bilan du mercato hivernal du Stade Rennais

Le point sur le mercato de janvier.
Retour de prêt anticipé pour Jérémy Jacquet de Clermont. @Crédit photo : JRS

Pour rattraper ses échecs de l’été, le Stade Rennais n’a pas hésité à remettre la main à la poche en janvier. Si Brice Samba et Seko Fofana ont rapidement rejoint la Bretagne, le club rennais a ensuite engagé pas moins de huit joueurs fin janvier tout en faisant le ménage, notamment parmi les recrues de l’été… Alors, « panic buy » ou vraie vision pour l’avenir ?

Un mois après, deux visions s’opposent toujours…  D’un côté, il aurait fallu plus de temps aux recrues de l’été pour s’imposer, faire valoir leurs qualités, d’autant plus lors d’un si grand mercato estival que celui instauré par le club, désireux de tout changer. De l’autre, les résultats et l’échec clair du recrutement du tandem Massara-Stéphan imposaient une nouvelle refonte de l’effectif, mais avec les mêmes risques et contraintes qu’évoquées pour le mercato d’été.

Le Stade Rennais a choisi la deuxième option. Si, à l’heure actuelle, le redressement est sensible et comptablement vérifiable et que l’impact de l’arrivée d’Habib Beye sur le banc rennais semble positif, le recrutement doit encore apporter son lot de réponses sur le long terme, afin de ne pas revivre un énième chantier l’été prochain.

Lilian Brassier et Jérémy Jacquet, le retour en force de la formation « Rouge et Noir »

Secteur prioritaire à bonifier, la défense. Force est de constater que celle-ci, trop perméable depuis plus d’un an, a été radicalement modifiée. En plus du retour de prêt anticipé de Jérémy Jacquet de Clermont, Rennes s’est attaché les services d’Anthony Rouault (Stuttgart) et de Lilian Brassier (prêté par Brest à Marseille) pour tout changer, ajouté au remplacement de Steve Mandanda par Brice Samba. Le trio de nouveaux défenseurs est d’ailleurs amené à perdurer et s’installer dans le temps.

Jérémy Jacquet, symbole ô combien important de la formation, apporte une réponse dans le jeu et dans l’ADN du onze rennais. De surcroît, ses premières apparitions sont probantes et le bénéfice est total. Mais pourquoi donc le joueur n’avait pas été conservé l’été dernier ? D’une certaine façon, c’est aussi le cas de Lilian Brassier, formé à l’académie « Rouge et Noir », qui n’avait jamais eu sa chance en équipe première sous les ordres d’un certain… Julien Stéphan, avant de partir à Valenciennes.

En cas de bonnes performances, les deux garçons ont de vraies chances de s’installer dans la durée d’autant plus que le retour de la formation au cœur du projet semble être d’actualité. Arrivé d’Allemagne, où il a performé dans la durée, Anthony Rouault présente l’avantage de déjà bien connaître le championnat, ayant été formé à Toulouse. Contrairement à Léo Ostigard, recrue phare de l’été en défense en totale perdition pendant cinq mois, le SRFC mise sur une adaptation plus rapide et un profil moins « mercenaire ».

Seko Fofana et Brice Samba, priorité à l’expérience

Expédié à Hoffenheim, le Norvégien découvre, à 25 ans, son dixième club… L’ancien Pitchoune, lui, avec deux ans de moins, attaque sa troisième aventure pro. Dans le but, Brice Samba apporte son lot de garanties. Recruté à prix fort et à un poste où l’âge, à une certaine mesure, n’est pas un problème et peut-être même un atout, il paraît peu probable de voir le numéro 2 de l’équipe de France n’être que de passage en Bretagne.

Dans la même idée d’expérience, à la valeur incontestable et élément apprécié, Seko Fofana est encore en quête de son vrai niveau. Si l’apport de Brice Samba ne faire guère de doute, les premières prestations de l’Ivoirien sont en deça des attentes côté terrain. Si son leadership a déjà animé les après-matchs, notamment à Monaco sous Sampaoli, son apport sur le terrain va venir, petit à petit. Lui aussi recruté pour une coquette somme, le salaire allant avec, le milieu de terrain doit vite se mettre au diapason pour amortir l’investissement consenti à sa venue.

Au cœur du jeu, deux autres joueurs sont venus garnir les rangs rennais : Ayanda Sishuba et Ismaël Koné. Le premier est davantage un investissement sur l’avenir orchestré par Arnaud Pouille (les deux hommes s’étant côtoyés à Lens). A Lens, le jeune milieu offensif n’avait finalement que très peu joué avec seulement quelques bouts de matchs. Transféré ensuite en Italie à l’Hellas Vérone, il n’eût jamais sa chance. En sera-t-il autrement à Rennes ?

Un mercato d’anticipation ? Espérons-le…

La donne est différente pour Ismaël Koné. Prêté avec option d’achat par Marseille, le premier joueur canadien de l’histoire du Stade Rennais, qui avait disputé le Mondial qatari avec sa sélection, arrive en Bretagne après un cuisant échec et une réputation peu flatteuse glanée à l’OM, pour se relancer. Il avait pourtant fait son trou à Watford avant de rejoindre l’OM, preuve évidente que le potentiel est là.

Si le milieu de terrain rennais est bien fourni avec Jordan James, Seko Fofana, la surprise Djaoui Cissé ou encore Azor Matusiwa, aucun n’est intouchable à l’heure actuelle. Sur le front de l’attaque, Rennes a choisi de miser sur trois nouvelles têtes. En pointe, Kyogo Furuhashi arrive en provenance du Celtic Glasgow, plus ou moins dans un échange avec Jota. Malgré les belles statistiques affichées par le Japonais en Ecosse, l’échec du Portugais appelle forcément à la prudence.

Certes, le nouvel attaquant rennais a aussi brillé sur la scène européenne, mais c’était aussi le cas de Jota. L’ailier qui gardera comme seul fait d’armes en Bretagne son but atypique inscrit à Brest… Le transfert du Japonais s’élève à 10 millions d’euros et il faudra lui souhaiter une meilleure acclimatation au championnat de France.

Kazeem Olaigbe, le nouveau Jérémy Doku ?

Dans les nouveaux venus, justement sur l’aile, difficile de ne pas penser à Jérémy Doku quand il s’agit d’évoquer Kazeem Olaigbe. International espoir Belge, le joueur débarqué du Cercle Bruges a déjà pu laisser entrevoir ses qualités de vitesse et de percussion lors de son entrée à Saint-Etienne. En attendant confirmation et surtout du temps de jeu, il doit devenir le joueur faisant des différences en un contre un, tant recherché par le Stade Rennais depuis le départ de son illustre prédécesseur à Manchester City.

Enfin, dernière recrue de l’hiver côté « Rouge et Noir », Mousa Al-Tamari. L’attaquant jordanien évoluait depuis un an et demi à Montpellier. Joueur percutant et généreux dans l’effort, le nouveau numéro 11 du Stade Rennais a pour rôle d’apporter des courses et des solutions dans la transition. Au final, ce mercato est à l’évidence davantage Ligue 1-compatible et opérationnel à court et moyen termes, mais qu’en est-il du long terme ?

Pas moins de six joueurs arrivés il y a cinq mois déjà repartis…

L’ambition des dirigeants était-elle d’anticiper le mercato d’été à venir en mettant le paquet d’argent nécessaire pour être prêt bien plus tôt lors du prochain exercice ? Il y a probablement de ça, avec un nombre de transactions jamais vu et des mouvements dans tous les sens entre l’été dernier et cet hiver, avec pas moins de six joueurs arrivés il y a cinq mois déjà repartis… Revivre la même chose dans cinq mois n’aurait aucun sens et plongerait un peu plus encore le club dans le brouillard.

Alors gardons l’hypothèse de l’anticipation et du gain de temps, en partant du principe que la saison en cours, hormis le maintien, n’apportera guère de conclusions ou de récompenses sur le plan sportif. L’Europe est aujourd’hui une chimère devant cependant redevenir une possibilité, le plus vite possible. Rennes, convalescent, n’a plus de temps à perdre pour retrouver sa récente dimension perdue en route. Cela passait par le choix des hommes, dont une grande partie a été réalisé en janvier. L’avenir, seul, dira si ce pari était le bon…

Signature du journaliste.