Edito : « Supporter à la vie, à l’amour » 

Supporter à la vie, à l'amour.
L'édito de votre JRS de février. @Crédit photo : JRS

C’est la fête des amoureux, heureux, en pleine romance. C’est aussi celle de ceux où l’amertume commence à rogner le sentiment, aux grandiloquents déchus des premières émotions suscitées par la passion. Le moment où les rancunes, nées d’autres idylles débutantes dégoulinantes, s’exacerbent sans complexe, trouvant comme expression la violence, l’ironie et/ou la colère.

L’amour, ce n’est pas toujours tout rose, ou « Rouge et Noir » ici en l’occurrence. Parce que derrière Paris et Lyon, le Stade Rennais est le plus ancien pensionnaire de Ligue 1 au nombre d’années successives passées dans l’Elite. Il est presque une ineptie de l’imaginer descendre, voire même en difficulté pour demeurer dans le TOP 20, désormais à 18, des clubs français. Pourtant la réalité de la saison en cours le démontre : en sport comme en sentiments, rien n’est jamais acquis…

La vie d’un club, ce sont aussi les moments difficiles, les humiliations comme celle vécue en coupe de France à Troyes, des matchs où l’on a le sentiment que l’on peut jouer trois semaines sans être dangereux, comme face à l’OM ou d’autres où l’on fait à peine mieux pour un résultat identique, face à Brest. Notre ami amoureux éternel du Stade Rennais, Vincent Simonneaux, avait prévenu : « Il faudra aussi être là quand ça ira moins bien… ». La parole émane d’un sage ayant connu la Ligue 2, qui a pu partager un verre ou fumer une « clope » à l’entrée des vestiaires après la rencontre.

Rennes doit conserver son exception culturelle

Ce football d’avant dont l’essence demeurait la même : sourire quand ça gagne, râler en cas inverse, et non frapper ou menacer… Toute idée, caractérisée par la violence, demeure une mauvaise idée et le public rennais, connu et reconnu tant par sa ferveur, sa passion, sa créativité que par son auto-dérision et son humour, doit rester le même, à travers les résultats, les époques et les équipes.

Passer de l’Europe aux maussades dimanches sans ambiance, ni plaisir, ni ambition, si ce n’est celle de voir les adversaires directs trébucher au rythme de sa propre décadence, fait partie de la vie d’un club et, forcément, de celle d’un supporter. Aimer son club quand celui-ci se rate, se montre ridicule ou déçoit, est bien plus complexe que de pavoiser les soirs de victoire. Même une descente en Ligue 2 ne légitimerait aucune violence, aucune haine décomplexée. Rennes doit conserver son exception culturelle : un Stade où l’on se sent bien, ultra, enfant, supporter de latérale ou personne âgée.

Les résultats ou sanctions sportives ne doivent entamer la relation profonde entre un supporter et son club. D’autres ont plongé, parfois coulé pour revenir sur le devant de la scène, sans pour autant y mourir. S’il est malade, ce Stade Rennais reviendra, plus fort, plus beau et méritera tout l’amour que lui offrent, inconditionnellement, tous ses supporters. Si c’est moins le cas à ce jour, gageons que si tout le monde tient son rôle, les jours meilleurs reviendront, tôt ou tard. Pas trop tard, cependant, espérons-le…

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.