Stéphanie Pigeard : « Le sport est un art de bien vivre »

Fitness Park.
@Crédit photo : JRS

À la direction des 4 salles Fitness Park rennaises, Stéphanie Pigeard, coach sportive de formation depuis 2003, nous éclaire sur l’évolution des salles de sport, leur consommation et la nécessité de pratiquer du sport au quotidien, pour le corps comme pour la tête. Entretien avec une passionnée.

Vous êtes depuis plus de vingt ans dans l’univers du sport. Avant Fitness Park en 2018, quel a été votre parcours ?

J’ai une formation et un vécu de coach sportive avant de travailler en salle. J’ai rejoint le 36 Boulevard et Formstation Rennes pour travailler aux côtés de M.et Mme Thomas en 2003. D’abord comme coach, pendant 4 ou 5 ans, avant de passer responsable d’équipe puis des deux sites à leurs côtés en 2010. Quand Fitness Park a repris les salles, je suis passée directrice d’exploitation en 2018. J’ai cette chance d’évoluer dans un domaine qui me passionne, et d’apprendre, tout en restant proches des clients. C’est un vrai privilège dont je suis bien consciente.

Fitness Park, depuis six ans, se développe à Rennes avec quatre salles. Quels sont aujourd’hui l’ADN et la fréquentation de la marque ?

Nous comptons environ 3500 abonnés par site, avec un taux de fidélisation très intéressant car notre premier enjeu est là : que nos adhérents se sentent bien chez nous et restent dans le temps, et ce tant pour la régularité que la qualité de leur activité physique, quel que soit leur objectif initial. Pour ce qui est de notre ADN, c’est de l’humain dans chacun de nos clubs. C’est primordial.

Nous discutons avec notre clientèle, je ne vends pas un produit mais une prestation de service. Nous faisons le maximum pour rendre la salle de sport agréable, qu’elle soit un lieu de vie accessible à tous, avec une qualité d’outils optimale et un accompagnement à disposition pour tous ceux qui le souhaitent. L’intégrité physique doit aussi être un thème traité avec beaucoup de sérieux et d’implication de notre part ou de celle des coachs indépendants.

« Beaucoup de jeunes voire d’ados sont arrivés dans nos salles… »

Constatez-vous une réelle évolution dans la consommation du sport ? Vos pratiquants ont-ils beaucoup changé et en quoi ?

A l’image la société, oui, et peut-être encore plus depuis le Covid. Il y a eu à ce moment-là un effet boomerang et dans les deux années qui ont suivi, nous n’avons jamais eu autant de monde ! Les gens voulaient ressortir, se bouger et l’afflux a été vraiment impressionnant. Concernant la pratique en elle-même, nous ne sommes plus dans le cliché de la salle de sport où l’on s’admire face au miroir, le biceps saillant, où l’on va faire un cours entre copines plus pour rigoler que pour faire du sport.

La pratique s’est énormément individualisée, ce jusque même au rapport au coach. Avant, nous pouvions accompagner du début à la fin une séance avec un adhérent. Aujourd’hui, c’est beaucoup plus rare, on voit que chacun fait son programme avec les réseaux sociaux ou YouTube, ce qui ne nous empêche pas d’être très vigilants et de ne pas laisser un client se mettre physiquement en danger. Pour ce qui est de la typologie, depuis que les salles de sport sont autorisées aux mineurs, énormément d’ados viennent chez nous, dans une démarche bien singulière.

C’est-à-dire ?

L’influence des réseaux sociaux, du paraître, a pris une grande place. Le corps, et son apparence, est presque devenu un code sociétal. Il l’a toujours été mais c’est encore différent aujourd’hui. Il y a vingt ans, les jeunes filles soulevant de la fonte étaient très rares. Aujourd’hui, j’en vois beaucoup s’imposer de lourdes charges pour être comme ci ou comme ça puis s’afficher sur les réseaux. Les codes sociaux guident beaucoup nos ados et l’apparence est au cœur de leurs préoccupations.

Une grande vigilance est nécessaire pour les accompagner sainement. Est-ce aussi la conséquence d’une prise de conscience de l’importance du sport chez les jeunes mais aussi les moins jeunes ? Je dirais sur l’activité physique plus que sur l’effort en lui-même, oui. Cela vient peu à peu, à force, et rentre dans la tête. L’activité physique a un impact préventif sur notre corps et la pratique du sport ne peut-être que positive mais encore une fois, et ce pour les jeunes comme pour les adultes, doit être dosée et accompagnée de conseils précis.

« Il faut y aller doucement, être régulier plus qu’intense, ne pas hésiter à demander des conseils et avoir cette démarche d’aller vers nos coachs, qui sont là pour ça. »

Vos salles sont-elles toujours ce lieu de vie, où l’on boit un café après la séance, on plaisante, on discute…

J’avoue que là aussi, les choses ont forcément évolué. 95 % des adhérents ont les écouteurs, le smartphone tout proche, si ce n’est dans la main. Nous sommes dans un endroit parfois bondé où les gens s’isolent. Bien ou pas, c’est notre société qui évolue ainsi et nous nous adaptons en nous tenant à disposition dès que l’on a besoin de nous.

Les vestiaires étaient à une époque un lieu où ça rigolait, discutait et aujourd’hui, beaucoup arrivent changés et repartent prendre leur douche à la maison. C’est ainsi. Le lien social est l’une des motivations à faire ce métier mais toutes nos machines sont en Wi-fi, avec une application permettant de faire son propre programme. Nous contribuons à cette évolution mais on doit simplement l’accepter et s’y adapter.

Quels conseils donneriez-vous aux personnes désireuses de s’inscrire, et surtout, de durer ?

Le cliché de l’abonné ne revenant plus après deux séances à la dent dure mais cela change, les gens font attention à leurs dépenses et les optimisent. Il faut y aller doucement, être régulier plus qu’intense, ne pas hésiter à demander des conseils et avoir cette démarche d’aller vers nos coachs, qui sont là pour ça.

Médicalement, le sport est un art de bien vivre, un accord entre l’esprit et le corps. Le corps et la tête sont liés et quand l’un va bien, généralement, l’autre suit. Chacun peut trouver sa cadence, son intensité mais l’activité physique, au-delà du sport, est indispensable pour maintenir la machine. Les relations sociales sont aussi primordiales et chez nous, elles sont les bienvenues.

Article à retrouver dans votre JRS de janvier

Signature de l'auteur, Julien Bouguerra.