Il est l’une des grosses satisfactions de la première partie de saison cessonnaise. A 19 ans, Michal Baran justifie semaine après semaine la confiance placée en lui par Sébastien Leriche et empile les minutes en Starligue. Une ascension logique, pour l’un des symboles du Cesson de demain.
Si l’on t’avait dit, en juillet dernier, que tu cumulerais autant de temps de jeu, y aurais-tu cru ?
Très tôt dans la préparation estivale, le coach m’a clairement indiqué que j’aurais une opportunité à saisir, du temps de jeu à prendre. J’ai redoublé d’efforts pour cela, mis tous les ingrédients et je suis récompensé de cela. Je suis encore très jeune et très heureux d’avoir autant de temps de jeu. Au fil des matchs, on m’a donné beaucoup de responsabilités, c’est génial. Je savoure et je profite à fond de ces moments incroyables. Le plaisir est là, dans la performance, les résultats quand la victoire est là et l’entrainement la semaine, dans un groupe vraiment super sympa où je m’épanouis totalement.
Physiquement, comment te sens-tu dans cette première saison pleine dans la peau d’un joueur de Starligue et non du petit jeune qui n’a rien à perdre et qui gratte simplement quelques minutes…
Il y a forcément un peu de fatigue et c’est logique je pense, non pas à cause de ce « statut » dont tu me parles mais plutôt par le fait de l’accumulation de matchs. Avec l’équipe de France U21, j’ai joué l’Euro et je n’ai coupé qu’une semaine avant la reprise. En novembre, j’étais aussi en sélection donc là non plus, pas de coupure.
Alors oui, ça commence à tirer mais ça reste cool et c’est aussi ce que je veux pour ma carrière. Jouer très souvent, au plus haut niveau, que soit la coupe d’Europe ou avec une sélection, nous en rêvons tous et c’est ainsi que j’imagine ma carrière. Alors autant s’y mettre dès maintenant puisque j’ai la chance de pouvoir vivre cela. Il y aura une semaine et demie à Noël pour couper et je vais en profiter.
« Positif ou négatif, mon père me dit les choses et c’est précieux pour avancer »
Comment gères-tu ton rôle mentalement cette saison ? Le dialogue avec le staff, tes proches, est-il primordial pour ne pas aller trop vite ?
J’ai été intégré dans l’équipe petit à petit, avec des responsabilités distribuées au fur et à mesure. J’essaie de me détacher au maximum de la pression, même si elle est partie intégrante du métier. J’essaie surtout de profiter du moment, au maximum, de kiffer ce qui m’arrive. Je le répète, c’est incroyable de vivre tout ça, si jeune, et j’en suis conscient.
Le plaisir est là et il faut toujours l’avoir en tête. Pour ce qui est du dialogue, j’ai le soutien du staff, de mes coéquipiers et bien sûr, de ma famille et de ma copine. Avant chaque match, j’ai besoin de savoir où ils sont dans la salle, de les sentir avec moi.
La relation avec ton père, ancien handballeur fort d’une belle carrière, est forcément particulière…
Que ceux qui pensent que l’on ne parle que de handball tous les deux se rassurent, ce n’est pas le cas, on parle de tout (rires) ! Après, c’est certain que c’est une chance d’avoir un papa qui a fait le parcours avant vous, qui sait les choses à faire et à ne pas faire. Aujourd’hui, il est mon premier supporter mais sait aussi être très critique quand il y a des choses à redire. Positif ou négatif, il me dit les choses et c’est précieux pour avancer.
Comment juges-tu ton début de saison ?
J’ai eu quelques matchs où je n’ai pas été en réussite, comme à Saint-Raphaël, et d’autres où cela s’est très bien passé, comme à Chartres ou contre Toulouse. Il y a aussi eu le tir contre Tremblay, où l’on est rejoint suite à l’arrêt et la relance du gardien. On apprend de ce genre d’actions, même si tout le monde a été très positif avec moi, joueurs comme staff, m’assurant que nous aurions dû assurer le résultat avant ce tir-là. Ces événements-là permettent d’apprendre pour un joueur de mon âge et si cela se représente, je ferai sans doute autre chose.
Ton rôle évolue de plus en plus vers le poste de demi-centre, t’y sens-tu épanoui ?
Clairement, j’adore jouer dans cette position-là mais je vais partout où le coach me le demande. Après, cela me permet de me recentrer sur la distribution de jeu, de valoriser les autres tout en gardant une partie importante de mon jeu sur le shoot. Je dois d’ailleurs travailler sur celui-ci encore plus car désormais, les équipes adverses me connaissent, ont étudié mon jeu. Il faut toujours travailler, se remettre en cause et surprendre l’adversaire. C’est aussi en cela que notre métier est passionnant.
Collectivement, comment évaluer votre saison, quelque peu en dents de scie ?
C’est vrai qu’il y a plusieurs phases dans notre parcours, avec des débuts compliqués, un très bon mois d’octobre et des regrets sur novembre, avec notamment cette défaite concédée contre Limoges. Je pense qu’on peut faire mal à n’importe qui dans ce championnat mais aussi laisser des plumes n’importe où. Le niveau n’a jamais été aussi fort et homogène et cela rend le championnat passionnant. Avant Noël, il serait vraiment bon, pour valider notre phase aller, d’aller chercher trois à quatre points. C’est notre ambition et nous allons y aller à fond.
« Je sais que la fin avec les U21 de l’équipe de France est proche, en juin prochain et je compte bien en profiter encore au maximum »
Cerise sur le gâteau, tu étais capitaine en équipe de France U21 en novembre. Quel sentiment as-tu ressenti et que t’apportes l’équipe de France ?
C’est une sensation à part, tellement exceptionnelle. Je le sais, être en équipe de France U21 ne garantit pas de jouer en A un jour, la marche est très haute entre les deux mais il y a déjà tellement de plaisir à jouer en Bleu en catégories jeunes à entendre la Marseillaise. On se frotte à d’autres handballs, d’autres mentalités, c’est très enrichissant. Ce maillot bleu, la meilleure nation de ce sport à mes yeux, aux yeux du palmarès, restera unique. Alors être capitaine, c’est incroyable… Je sais que la fin de cette aventure-là est proche, en juin prochain avec les Mondiaux, et je compte bien en profiter encore au maximum.
En parlant d’avenir, tu fais partie du futur du CRMHB, avec un contrat courant jusqu’à 2027. Comment imagines-tu la suite de ta carrière ?
Pour le moment, je suis à Cesson et j’y suis très heureux. Je suis ambitieux, je pense qu’à mon âge, il ne faut se poser aucune limite et ne rien s’interdire. J’irai au plus haut de mes capacités. Si c’est à Cesson, ce sera très bien et si c’est ailleurs, dans quelques années, je n’aurai pas peur de bouger.
La Bundesliga fait forcément un peu rêver, c’est le pays du handball mais chaque chose en son temps, avec pour le moment une saison passionnante à vivre et un projet cessonnais qui donne vraiment l’envie de continuer de progresser et de grandir avec le club. J’ai déjà l’ambition de faire partie de cela, nous verrons le reste bien plus tard !