Le soleil dans le cœur plutôt que dans le ciel. En quittant Aix pour retrouver sa Bretagne et le REC, Emma Le Roux rentre à la maison, près des siens, pour continuer à vivre sa passion du volley tout en poursuivant son rude combat contre l’endométriose. Contrainte de renoncer au plus haut niveau en raison de cette maladie trop souvent passée sous silence, la jeune bretonne force le respect, tant par son talent, sa combativité que par sa résilience.
Après six ans passés à Nantes, où elle fut formée et amenée au plus haut niveau, l’heure d’une nouvelle aventure était arrivée, dans le Sud de la France. Dans ses valises, des souvenirs à la pelle mais aussi, la douleur, présente. En mai 2023, deux mois après sa signature au Pays d’Aix Venelles Volley-Ball, en Ligue AF, le diagnostic identifiant ses terribles douleurs récurrentes tombe, implacable : Emma Le Roux est atteinte d’endométriose.
Une maladie gynécologique chronique inflammatoire, touchant près d’une femme sur dix, et provoquant des douleurs aiguës. Un verdict aux allures de coup de massue, mais permettant enfin de mettre un mot sur des douleurs apparues bien avant cela : « Lors des examens réalisés précédemment, nous n’avions jamais su ce que c’était. J’avais des symptômes depuis six ans », rembobine Emma Le Roux.
« L’année dernière, dans les périodes de crises, je sortais de mon lit uniquement pour aller à l’entrainement »
Des douleurs persistantes, sans explications jusque-là, et évidemment incompatibles avec la vie de joueuse professionnelle de volley au plus haut niveau : « Ce n’est pas compatible avec la vie tout court et ce sont des douleurs quotidiennes sur plusieurs organes, explique la néo-Rennaise. Les périodes où je suis en crise, j’ai mal quand je respire car mon ventre est gonflé, tendu et douloureux. Même marcher devient douloureux. J’ai parfois dû m’arrêter en voiture à cause des douleurs. Je ne pouvais plus conduire. »
Loin de s’apitoyer sur son sort, admirable de volonté et de persévérance, la Bretonne a toujours serré les dents. Tiraillée entre la douleur, les entraînements, les matchs et la pression de jouer dans un club de très haut niveau européen chaque année pendant ses six années nantaises, elle s’est accrochée, ne lâchant rien : « J’en ai bavé, mentalement et physiquement. J’ai été prise en charge avec des traitements, mais sans que ça me soulage. L’année dernière, dans les périodes de crises, je sortais de mon lit uniquement pour aller à l’entrainement ».
Repérée par les Neptunes alors qu’elle est au pôle espoirs de Sablé-sur-Sarthe et qu’elle évolue en parallèle avec la N2 du REC Volley, la libéro intègre le centre de formation nantais et franchit les étapes une par une, jusqu’à s’installer comme une titulaire. Le jour de ses 18 ans, elle dispute même son premier match européen à la Trocardière, devant plus de 4000 personnes, pour un « un beau cadeau d’anniversaire ».
La Champions League, la CEV Cup et la Challengers Cup avec Nantes
Six années dans la cité des Ducs où elle dispute la Champions League, la CEV Cup et la Challengers Cup, joue avec l’équipe de France U19, le tout en obtenant son baccalauréat en parallèle. Un destin de championne qui s’écrit mais un corps en souffrance, sans le silence : « J’étais en mode robot et j’enchainais ».
Marquée par la perte de son meilleur ami à son arrivée à Aix et donc par le diagnostic de sa maladie quelques mois plus tôt, Emma Le Roux fait le choix de stopper sa carrière en Ligue AF : « Ça m’a permis de relativiser et de me dire qu’il y a des choses plus importantes qu’une carrière. J’ai tout de suite eu envie de rentrer à la maison et de revenir près de mes proches pour relâcher la pression ».
Pour autant, pas question d’arrêter le volley, véritable histoire de famille. Le papa, Roland, fut international militaire et joueur du REC Volley dans les années 80 et 90, avant de devenir président du club de Montgermont. Il était aussi entraîneur, tout comme la maman de la nouvelle libéro réciste. Ses deux sœurs suivent également le même chemin et joueront, en même temps qu’Emma, avec la N2 du REC Volley. Au sortir de son passage dans le sud de la France, et au vu du CV d’Emma Le Roux, difficile d’imaginer le REC se positionner sur la libéro.
« Le volley, c’est toute ma vie »
Et là, surprise ! : « J’ai contacté le club moi-même », explique-t-elle, avant de poursuivre : « Je savais qu’il fallait revoir mes priorités, mais pas jusqu’à me décider à arrêter. Cela fait presque vingt ans que je suis dans le volley, c’est toute ma vie. Je me suis construite là-dedans et ce n’est pas facile de faire un pas en arrière vis-à-vis de sa carrière. Qui suis-je demain si j’arrête ? C’est un peu le saut dans le vide et ça prend sens quand on le vit, avec la peur de certaines choses. Le REC était un bon compromis et le club l’a bien compris ».
Si ses semaines restent chargées avec plusieurs rendez-vous médicaux (kinésithérapie, acuponcture et técarthérapie), plusieurs entraînements et le match du week-end, Emma Le Roux savoure son retour en Bretagne : « Je reprends beaucoup de plaisir à jouer et j’ai de la chance car Yann est un entraîneur très respectueux et très accommodant. Je suis contente d’être revenue et d’être dans un environnement sain, de ne plus avoir la charge mentale que je pouvais avoir auparavant et de ne pas devoir me cacher quand ça ne va pas ».
Sans traitement et sans possibilité d’être opérée pour le moment, la Bretonne continue de serrer les dents, comme elle l’a toujours fait avec le courage de la battante qu’elle est et la passion du volley, plus forte que la maladie. Respect !