Recruté cet été pour huit millions d’euros à Al-Ittihad, le portugais Jota est le gros coup du mercato « Rouge et Noir ». Pourtant, le milieu offensif n’a que très rarement eu l’occasion de s’exprimer, la faute à une blessure contractée contre Montpellier courant septembre. Les résultats n’aidant pas, l’impatience monte pour l’un des dépositaires annoncés du jeu rennais, enfin buteur à Brest.
Une éclosion en Écosse
De son nom complet João Pedro Neves Filipe, l’ailier portugais, plus couramment appelé Jota, fait ses gammes au Benfica Lisbonne, son club formateur. Un développement linéaire qui l’emmène finalement jusqu’à l’équipe première des Aigles à l’aube de saison 2019-2020. Avec la formation lisboète, il remporte rapidement son premier trophée en rentrant dans les derniers instants de la Supercoupe du Portugal face au Sporting (5-0).
La même année, il parvient même à goûter aux joutes européennes (Europa League et Champions League), mais sans s’imposer comme un titulaire indiscutable, grattant des minutes à droite, à gauche. Jeune et encore tendre, l’espoir du Benfica part s’aguerrir en Liga avec un prêt au Real Valladolid. Un premier prêt qui en appelle un autre, cette fois-ci beaucoup plus loin de sa terre natale, en Écosse, au Celtic Glasgow. D’abord prêté et au terme d’une première saison probante, le Celtic lève l’option d’achat s’élevant aux alentours de 6 millions d’euros.
Deux saisons en Écosse qui lui valent une chanson mais surtout la réputation d’un joueur virevoltant et spectaculaire, en plus d’être décisif. Toutes compétitions confondues, il dispute 83 matchs chez les « Bhoys » pour 28 buts et 26 passes décisives. En coupe d’Europe, il se distingue notamment en inscrivant un coup-franc direct face au Real Madrid au stade Santiago Bernabeu. Survient alors Al-Ittihad, désireux de frapper un nouveau gros coup sur le marché des transferts…
« J’ai beaucoup appris de cette situation (en arabie saoudite) »
Voici donc le chouchou du Celtic aux côtés de Fabinho, N’Golo Kanté, Karim Benzema, Moussa Diaby ou encore Houssem Aouar à l’été 2023 pour un transfert avoisinant les 30 millions d’euros ! Il fallait au moins ça pour convaincre le club catholique de Glasgow de lâcher sa pépite. Pourtant, l’aventure tourne au fiasco.
Rapidement placardisé, en raison de la limite de joueurs extra-communautaires pouvant être alignés par la formation saoudienne, l’ailier joue très peu (25 matchs toutes compétitions confondues pour seulement 5 buts et 1 passe décisive). Difficile de s’épanouir dans ces conditions… Pas rancunier, Jota préfère garder le positif de son aventure saoudienne.
Un point évoqué lors de sa présentation à Rennes : « Comme dans n’importe quelle profession, il y a des choses qui ne se passent pas vraiment comme prévu. Ça arrive, c’est la vie. Personnellement, je suis bien avec cette situation et je suis en paix. Je pense que j’ai beaucoup appris de cette situation l’année dernière et je n’ai pas de regrets. Je suis fier et ça a fait la personne que je suis aujourd’hui. Peut-être que je n’aurais pas été là si je n’avais pas eu cette situation. Il y a eu des bons et des mauvais moments, mais encore une fois, sans regret ».
« J’aime me voir comme un joueur créatif »
Une opportunité de marché que ne laisse pas passer le nouveau directeur sportif Frederic Massara qui, après avoir été surpris dans un premier temps, va ensuite forcer le destin auprès de l’agent du joueur : « Je le rappelais trois fois par jour », déclarait-il chez nos confrères de Ouest-France. Une opportunité sportive, mais aussi financière, avec un transfert estimé à huit millions d’euros, bien loin de ce qu’avait dépensé Al-Ittihad pour l’enrôler.
Sous contrat avec les Rouge et Noir jusqu’en 2027, le Portugais a encore un petit peu de temps devant lui, mais le Stade Rennais a-t-il vraiment le temps pour la patience ? À la peine en championnat, le SRFC n’a toujours pas réglé ses problèmes défensifs et ne semble pas en mesure, pour l’instant, de compenser par un secteur offensif efficace. Un jeu peu emballant qui fait monter l’impatience autour du retour de Jota, créateur dont manque cruellement Rennes à l’heure actuelle.
« J’aime me voir comme un joueur créatif, faire des un contre un, j’aime beaucoup combiner, si possible faire des passes décisives. Je pense que si tout le monde trouve sa propre direction, ça fonctionnera correctement. J’aimerais être comme ça et aider tout le monde afin que l’équipe soit la plus performante possible », expliquait l’intéressé lors de sa présentation. De quoi frustrer encore un peu plus les supporters Rouge et Noir qui rêvent de s’approprier un nouveau chouchou mais surtout, désireux de retrouver du plaisir à voir évoluer une équipe à l’identité encore confuse.
Au Stade Rennais pour se relancer, mais quand ?
S’il ne doit pas être attendu comme le messie guérissant tous les maux rennais, Jota se doit d’être une solution pour Julien Stéphan, toujours en quête de la bonne formule. Le technicien rennais ne tarit pas d’éloges sur son joueur : « Il a une subtilité sur le jeu largement au-dessus de la moyenne et il peut jouer sur les deux côtés. Il a beaucoup de finesse technique sur sa première touche, sur le jeu combiné, et il est aussi subtil dans les vingt derniers mètres.
Il ne se trompe pas beaucoup dans les vingt derniers mètres. Ça va être un joueur très intéressant pour nous quand nous arriverons physiquement à l’avoir à 100%. Il est brillant intellectuellement, il maîtrise déjà plusieurs langues, c’est très câblé là-haut, ça tourne vite. C’est quelqu’un humainement et footballistiquement de très intéressant. »
Jota a depuis rejoué et marqué, de façon peu orthodoxe à Brest
Ses premiers pas face à Montpellier ont été prometteurs, passant même proche d’inscrire son premier but, et ses quelques « grigris » sur le côté ont fait frissonner le Roazhon Park, en cure d’austérité en la matière depuis (trop) longtemps. Stoppé par sa blessure contre Montpellier, Jota a depuis rejoué et marqué, de façon peu orthodoxe à Brest, mais doit maintenant s’adapter à ce nouveau championnat et retrouver du rythme, tout en trouvant sa vraie position.
La question est complexe mais de son adaptation et son utilisation, pertinente et impactante si possible, dépendra probablement la qualité de la future animation offensive rennaise. Conséquence directe probable, le redressement espéré du Stade Rennais qui passera probablement en partie par lui. Le plus tôt serait le mieux, pout tout le monde, du principal intéressé aux supporters en passant par ses coéquipiers et le coach. Le propre de tout grand joueur ou joueur dit de « classe mondiale » est de devoir affronter et gérer la pression sans sourcilier : le défi est désormais posé pour Jota et l’histoire prête à enfin démarrer.